CLEINIS ET SA FAMILLE

« PEUT-ON ALLER IMPUNÉMENT CONTRE LA VOLONTÉ DU DIEU? Alarmé par ces menaces, Cléinis renonce à la cérémonie dont il avait rêvé.

Il ordonne donc de reconduire les ânes dans leur étable et de choisir des victimes coutumières.

Alors qu'il leur raconte l'apparition dont il a été le témoin, deux de ses fils lui défendent de céder au caprice du dieu .

Cette vision ne serait-elle pas un mirage ? Apollon pourrait-il refuser un sacrifice plus prestigieux que ceux qui lui sont habituellement offerts ? Pourquoi Cléinis accepterait-il de se soumettre si facilement, lui qui est l'homme le plus riche et le plus puissant de la région ? Cléinis est hésitant.

Alors qu'Ortygios et Artémiché l'incitent à obéir et à procéder aux sacrifices habituels, Lycios et Harpasos s 'obstinent.

Faisant fi de la mise en garde du dieu, les deux jeunes gens veulent à tout prix voir immoler les ânes qui ont été préparés.

Ne parvenant pas à convaincre leur père, ils entreprennent de libérer eux-mêmes les animaux de leurs entraves et les entraînent vers l'autel.

œ LE VOL DU MIEL DE ZEUS Le récit qui précède celui de Cléinis dans le recueil d'Antoninus Liberalis évoque une autre métamorphose en oiseaux.

L.:action se déroule dans la grotte où naquit Zeus, dont l'accès est strictement réservé aux abeilles nourricières du dieu.

Quatre mortels décident cependant d"y pénétrer pour s'emparer du miel qui, dit-on, y coule à flot.

Quand le maître de l'Olympe apprend que l'enceinte qui l'a vu naître a été violée, il fait retentir la foudre.

Mais, ne pouvant faire périr les coupables dans cet espace sacré.

il les transforme en 01seaux.

APOLLON ET ARTÉMIS FAISANT UNE LIBATION Vase grec à figures rouges, v .

490 av.

J .-C.

Kunsth istorisches Museum, Vienne .

(Photo Erich Lessing/ akg-imagesl • • • • • • • • • • UN ANIMAL, DES TRAITS CONTRASTÉS L.:âne a donné ses oreilles et son nom au bonnet du cancre, dont il symbolise la paresse et la bêtise.

Avec la fable de l'âne affamé de Buridan, qui refusait de choisir entre l'eau et la nourriture.

il acquiert la réputation d'animal indécis.

C'est l ' Orient, et en particulier la Mésopotamie.

où il est aussi noble que le cheval.

qui le réhabilite : l'hist oire de l'ânesse du mage Balam met ainsi en scène une bête têtue, mais sage.

Le Nouveau Testament et la tradition populaire occidentale lui donnent ses lettres de noblesse en le plaçant dans la crèche de Noël et en l'associant à Jésus lors de son entrée dans Jérusalem .

Plus récemment, la mule du pape chère à Alphonse Daudet, le Cadichon des Mémoires d'un âne [La Comtesse de Ségur) et le petit âne gris de la chanson de Hugues Aufray présentent cet équidé comme un héros doux mais volontaire.

LA NA IS S ANCE DE JÉSUS Peinture du maît re de Hausbuch , 1505 .

Alte Pinakothek, Munich .

(P hoto akg-imagesl. »