ANTIGONE : Celle qui s'est opposée au tyran Créon

« -, ANTIGONE OSE BRAVER LE TYRAN DE THÈBES ! Polynice n'a pas écouté les prières d'Antigone et est reparti vers Argos pour lever une armée.

La guerre ~e Thèbes a bien lieu et, dans un duel fratricide, Polynice et Etéocle tombent devant une des portes de la ville.

Créon, qui régente une nou­ velle fois Thèbes, ordonn~ qu'on organise de somptueuses funérailles en l'honneur d'Etéocle, qui s'est battu vaillamment pour sa patrie .

En revanche, il interdit, sous peine de lapidation, qu'on accorde une sépulture à ce traître de Polynice.

Tous les habitants de Thèbes, qui craignent déjà le tyran, obéissent au décret, excepté Antigone.

Celle qu 'on a vue sur les routes de Colone, aimante, douce voire docile, celle qui a tenté d'a paiser la colèr~ de son père contre Polynice puis la haine de ce dernier pour Etéocle, n'hésite pas à outrepasser les édits de Créon pour offrir à son frère une sépulture comme le veut la coutume.

Jusqu'au-boutiste, elle est prête à mourir plutôt que de voir le corps de Polynice dévoré par les oiseaux et les chiens et de savoir son âme errer éternellement.

M algré la présence de plusieurs gardes autour du cadavre de son frère, Antigone réussit donc à le recouvrir d'une co uche de poussière et, à l'aide d'u ne aiguière, lui fait trois libations.

Prise en flagrant délit, elle est arrêtée et traînée devant son oncle Créon ...

o+ Il revient à Sophocle 1496-406 av.

J.-C.l d'avoir façonné le personnage d'Antigone à partir de quelques éléments de légende et de l'avoir immortalisé.

Son Antigone a été représentée à Athènes vers 441 av.

J.-C.

et a rencont ré un succès tel que des pasticheurs ont ajouté à la fin des Sef.t contre Thèbes, une pièce plus ancienne d'Eschyle 1525 - 456 av.

J.-C ..

un passage où Antigone se révolte et se déclare prête à outrepasser les lois de la cité pour ensevelir son frère.

Sophocle a réussi à faire d'Antigone le personnage tragique par excellence : grande et misérable à la fois, seule au milieu des vivants et des morts.

elle i défend corps et âme l'absolu auquel elle croit, avant de se briser.

CEDIPE AVEUGLE ET SA FILLE ANT IGONE Gravure sur cuivre d'Eduanl Mand•l d 'après une peinture d' Adolf H.nnlng , 1830 .

Collection Archiv für Kunst & Geschichte.

Berlin .

IPhoto akg-omagesl • • • • • • • • • • 1 UNE FIGURE VIVANTE Le mythe d'Antigone , par les thèmes universels qu'il aborde, a fasciné le poète Hêilderlin, qui a tradu it la pièce de Sophocle en 1804.

Il a également été repris par de nombreux dramaturges au XX' siècle, parmi lesquels Jean Cocteau (19221.

Jean Anou ilh 11944) et Bertolt Brecht 11948).

Le face-à-face de Créon et d'Antigone a fait sans cesse l'objet de nouvelles interprétations; on y a vu comme Hegel l'affrontement du féminin et du masculin, de la fam ille et de l'État.

du droit divin et du droit humain.

Au XX' siècle, Antigone est devenue le symbole de la révolte, de la résistance de l'individu contre la tyrannie.

Dans Mythe et tragédie en Grèce ancienne 119721.

J.-P.

Vernant interprète.

pour sa part, le conflit comme l'opposition de deux formes de religiosité, l'une vouée aux dieux protecteurs de la famille et au culte des morts.

l'autre aux dieux protecteurs de la cité.

CEDIPE FACE À CRÉON Photographie d'une représentation de l'opéra Œdipe, commandé~r le Deutsche Oper: Berlin, 1987 .

(Photo akg-1mages / Horst M aac k). »