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QUESTIONS DE MÉTHODE: LA DISSERTATION PHILOSOPHIQUE

Publié le 10/07/2016

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sous prétexte d’être réfractaire à toute espèce de méthode. En philosophie, il n’est jamais question d’écrire n’importe quoi à propos de n’importe quoi; et encore moins de ranger n’importe quoi dans n’importe quoi. L’habileté exige l’intelligence de la question tout comme l’intelligence de la question réclame une certaine habileté. Autant dire que le savoir-faire ne peut se substituer au savoir, ni le savoir se passer d’un savoir-faire. Jonglerie dans un cas, bavardage dans l’autre; car il n’est de vrai savoir que celui qui aiguise et précise un savoir-faire, tout comme il n’est de véritable savoir-faire que celui qui porte la marque d’un savoir justifié et pertinent. Sans savoir-faire, le savoir conduit inévitablement aux conditionnements (savoir désarmé = savoir asservi) et sans savoir, le savoir-faire nous réduit inlassablement aux faux-semblants (artifices — inaptitudes à penser). Ce qui revient à dire qu’on ne saurait concevoir le déploiement d’un savoir véritablement acquis sans recours à un savoir-faire, à une méthode appropriée qui exprime l’exigence et le désir de philosopher.

 

La méthode c’est d’abord cela, une question d’audace ou encore la responsabilité d’une réflexion conduite selon une progression ordonnée où il s’agit moins d’affronter des thèmes (savoir sans savoir-faire) que de faire progresser une analyse critique (savoir et savoir-faire).

 

Il faut apprendre à porter sa vue au loin pour comprendre que le savoir n’est pas un effort sans but, ni le savoir-faire une attente sans objet.

QUESTIONS DE METHODE

Question 1 : SAVOIR ET SAVOIR-FAIRE

La dissertation philosophique n’est pas l’exercice de style d’une pensée qui agit à sa guise mais la MISE EN FORME et L'’EXPRESSION d’une pensée vivante et autonome. Il est vrai que le candidat se reconnaît plus aisément dans une réflexion conduite librement, sans plan ni arrière-plan. Mais l’improvisation est toujours plus ou moins décevante ; ne sachant tenir ses promesses, elle finit par sombrer dans le coq-à-l’âne et les rapprochements arbitraires. Il y a certes bien des façons de réussir une dissertation philosophique, comme il y a bien des façons de mener une partie d’échec ; mais dans les deux cas, il faut une stratégie. Or il n’est de bonne stratégie sans mise en forme de la pensée, c’est-à-dire sans que soit dégagée une méthode susceptible de transformer les données immédiates en problèmes et les habitudes mentales en attitudes critiques. En ce sens, la méthode est une condition nécessaire et décisive pour la réussite de l’épreuve. Par méthode, il ne faut surtout pas entendre une forme dispensant du fond, une manière épargnant la matière ou un savoir-faire escamotant le savoir. Car il est difficile de dissocier le fond de la forme, la manière de la matière, le savoir-faire du savoir. L’un ne va pas sans l’autre. Ce qui exclut d’emblée tout autant le savoir préfabriqué que le savoir-faire conçu comme un casier à tout caser.

 

En effet, savoir ce n’est jamais savoir que l’on sait mais savoir que l’on ne sait pas : savoir des limites ou savoir-faire. De là découle toute la méthode : S’IMPOSER UNE LIMITE, c’est tout autant savoir que savoir faire.

 

Tout autre est l’ignorance. Elle ignore par définition ce qu’elle ignore, ne sait pas qu’elle ne sait pas. Croyant seulement savoir, sachant seulement croire, l’ignorance est l’ignorance des limites : défaut de méthode ou manque de savoir-faire. Il est donc inutile de se dérober sans cesse à toute restriction et à toute prescription

PRINCIPES D’ORDRE

Afin de mieux voir comment se développe et se crée un problème sous nos yeux, étant entendu que c’est la seule manière de faire émerger le sujet comme objet de réflexion, nous nous proposons d’examiner en détail les principes d’ordre qui commandent toute la problématique et la subdivisent en “moments exemplaires”. Disons que chaque moment correspond à un objectif déterminé de recherche et de réflexion. Cela vous permet d’organiser le temps de l’épreuve en constituant un arrière-plan susceptible de satisfaire l’exigence d’une réflexion approfondie. Ces moments ne nécessitent pas forcément le même degré d’élucidation mais conduisent toujours déjà la mise en œuvre d’un problème philosophique.

ITINERAIRE SUGGERE

 

1. Premier moment : Contenu explicite de l’énoncé.

 

Cerner l’objet de la question : savoir ce que l’on demande.

 

2. Deuxième moment : Contenu implicite de l’énoncé.

 

Discerner le parti pris de la question : savoir ce que l’on présuppose.

 

3. Troisième moment : Contenu éludé de l’énoncé.

 

Déterminer le non-dit de la question : ce que l’on met entre parenthèses.

 

4. Quatrième moment : Contenu fondamental de l’énoncé.

 

Identifier l’enjeu de la question : ce qui autorise et fonde le présupposé.

 

5 Cinquième moment : Contenu sous-jacent de l’énoncé.

 

Souligner l’intérêt de la question : mesurer ses implications philosophiques.

 

6. Sixième moment : Contenu oblique de l’énoncé.

 

Distinguer les perspectives de la question : directions à suivre.

 

7. Septième moment : Contenu problématique de l’énoncé.

 

Formuler le problème : la difficulté que l’on soulève.

« sous prétexte d'être réfractaire à toute espèce de méthode.

En phi­ losophie, il n'est jamais question d'écrire n'importe quoi à pro­ pos de n'importe quoi; et encore moins de ranger n'importe quoi dans n'importe quoi.

L'habileté exige l'intelligence de la question tout comme l'intelligence de la question réclame une certaine habi­ leté.

Autant dire que le savoir-faire ne peut se substituer au savoir, ni le savoir se passer d'un savoir-faire.

Jonglerie dans un cas, bavar­ dage dans l'autre; car il n'est de vrai savoir que celui qui aiguise et précise un savoir-faire, tout comme il n'est de véritable savoir­ faire que celui qui porte la marque d'un savoir justifié et perti­ nent.

Sans savoir-faire, le savoir conduit inévitablement aux con­ ditionnements (savoir désarmé = savoir asservi) et sans savoir, le savoir-faire nous réduit inlassablement aux faux-semblants (arti­ fices = inaptitudes à penser).

Ce qui revient à dire qu'on ne sau­ rait concevoir le déploiement d'un savoir véritablement acquis sans recours à un savoir-faire, à une méthode appropriée qui exprime l'exigence et le désir de philosopher.

La méthode c'est d'abord cela, une question d'audace ou encore la responsabilité d'une réflexion conduite selon une progression ordonnée où il s'agit moins d'affronter des thèmes (savoir sans savoir-faire) que de faire progresser une analyse critique (savoir et savoir-faire).

Il faut apprendre à porter sa vue au loin pour comprendre que le savoir n'est pas un effort sans but, ni le savoir-faire une attente sans objet.. »

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