méthodologie dissertation CAPES et Agrégation de philosophie
Publié le 11/09/2022
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TD préparation CAPES
Agreg
Méthode dissertation et commentaire de texte
Lundi 16h00-18h00
Cours 1
Remarques liminaires
Paradoxal de prétendre enseigner la méthodologie de la
dissertation et du commentaire
Dissertation et commentaire sont des exercices qui se
pratiquent, se corrigent, se refont… les échecs sont aussi
utiles que les reprises et les « corrigés ».
Il n’y a pas de recette magique
Il n’y a jamais une seule manière de traiter un sujet ni de
commenter un texte
En revanche il y a des pièges à éviter et des petits
« trucs » qui peuvent être utiles
Evaluation et organisation du cours
Planning des commentaires et dissertations du samedi
L’exercice en temps réel.
Ecrit pour valider
A cela s’ajoute l’exercice régulier effectué en cours.
Les sujets de dissertation et les textes sont à préparer
par toutes et tous à chaque séance.
Un ou deux étudiant(es) sont invitées à présenter leur
analyse du sujet ou du texte retenu (en 20 mn maxi)
La première heure du cours est consacrée à un travail
collectif sur le sujet retenu.
Les outils bibliographiques
• Manuels de méthodologie
• Tinland, Olivier, Guide de préparation au CAPES et à
l’agrégation de philosophie, Paris, Ellipses, 2011.
Ce manuel est recommandé dès la L1 en raison de sa clarté sur
des questions aussi délicates que celle de la « problématique »
par exemple.
• Russ, Jacqueline, et Farago, France, Les méthodes en
philosophie, Paris, A.
Colin, 1992.
• Baas, Bernard, Problématiques philosophiques : quinze
dissertations de philosophie à l’usage des étudiants de classe
préparatoire et des universités, Paris, H&K, 2013.
Les manuels de philosophie
Un bon manuel de terminale reste un outil de choix durant tout le cursus
universitaire en philosophie.
On suggère, dans des styles différents :
Hansen-Love, Laurence, Philosophie Terminales L, ES, S, Paris, Hatier.
—> Anthologie très complète.
—> Ph.
Hamou, Philosophie, horizons, Paris, Belin, 2020
Russ, Jacqueline, Les chemins de la pensée, Paris, Bordas.
—> Particulièrement pédagogique et aidant.
Grenier, Hubert, La liberté heureuse.
Cours et conférences., Paris, Grasset, 2003.
—> On recommande vivement la lecture de certaines entrées de ce recueil, qui
pour la plupart sont des cours ou des corrigés de dissertation d’Hubert Grenier
(professeur de philosophie en classe préparatoire) et qui donnent à voir un art de
la problématisation et de la transition parfaitement maîtrisé.
Les dictionnaires ou encyclopédies
Dictionnaires et encyclopédies contemporaines
Dictionnaire historique de la langue française, sous la dir.
d’A.
Rey, éd.
Le
Robert.
Utile pour l’origine étymologique des termes et pour retracer l’histoire des
mots (date d’apparition, évolution etc.).
Le centre national de ressources textuelles et lexicales
https://www.cnrtl.fr/
Portail CNRS ressources linguistiques informatisées
Portail lexical (morphologie, lexicographie, étymologie, synonymie,
antonymie…)et ressources, avec des dictionnaires anciens et modernes à
disposition
Les Dictionnaires anciens
Via le site CNRTL accès aux dictionnaires anciens
En particulier
Dictionnaire historique et critique de Bayle (éd.
1740)
Conçu comme une réplique au Dictionnaire historique de Moreri
Dictionnaire de Trévoux (imprimé à Nancy, en 1740 chez Pierre Antoine).
Un des fleurons des éditions lorraines de dictionnaires de langue française
au siècle des Lumières.
Outil de diffusion et de connaissance de la culture
française ds l’Europe des Lumières.
Dictionnaire Furetière, Dictionnaire Universel contenant tous les mots
français, La Haye, 2 tomes, 1690 (accessible en ligne, généralement aussi
via les moteurs de recherche des bibliothèques, ressources électroniques
en ligne)
Autres dictionnaires ou
encyclopédies anciens
Encyclopédie Diderot et d’Alembert
Une mine de textes par notions !
On peut les trouver facilement via le site ENCCRE
Edition Numérique Collaborative et Critique de l’Encyclopédie
ou Dictionnaire raisonne des sciences, des arts et des métiers
de Diderot, D’Alembert et Jaucourt (1751-1772).
http://enccre.academie-sciences.fr/encyclopedie/
Auteur de l’article, vue numérisée, fiche d’identité de l’article.
Autre « dictionnaire » utile, le Dictionnaire philosophique de
Voltaire, éd.
GF.
Dictionnaires spécialisés en
philosophie
•
Dictionnaire
Lalande
(1902-1923),
Vocabulaire
technique et critique de la philosophie.
• Le vocabulaire des philosophes, coord.
J-P.
Zarader.
4 vol.
chronologiques.
1.
Antiquité à Renaissance.
2.
Philosophie classique et moderne 17e-18es.
3.
philosophie
moderne 19es.
4.
Philosophie contemporaine 20es.
Volume 5 : élargissement à des auteurs moins connus.
Le vocabulaire européen des philosophies.
Dictionnaire
des intraduisibles, sous la dir.
de B.
Cassin.
Pluralité des
langues européennes et « difficulté de traduire en
phklosophie », « penser la philosophie en langues ».
Les dictionnaires thématiques
Dictionnaire d’histoire et de philosophie des sciences, dir.
D.
Lecourt, Paris, Puf.
Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, 2 tomes,
dir.
M.
Canto-Sperber.
Dictionnaire de philosophie politique, S.
Rials, P.
Raynaud.
Dictionnaire de la pensée médicale, dir.
D.
Lecourt
Dictionnaire du corps, dir.
M.
Marzano.
Vocabulaire d’esthétique, A.
Souriau.
Les anthologies de textes
les encyclopédies de notions
• Collection corpus de textes chez GF par notions
Le citoyen, la loi, le mal, Dieu, le langage, la fiction.
Une intro, des
textes divisés en grandes parties, un glossaire avec des définitions de
termes.
• La collection textes clés de philosophie, vrin
Textes clés de philosophie de la médecine, de philosophie féministe, de
philosophie du travail, d’histoire de la philosophie, philosophie animale,
végétal…
• Les Notions philosophiques, Paris, Puf, dir.
S.
Auroux, 1990.
• Notions de philosophie en trois volumes, dir.
D.
Kambouchner, FolioEssais.
Des analyses plus développées par notions.
Lire des textes en notant et
retenant les définitions
Quelques exemples d’ouvrages (courts) à consulter assidument
Platon, Lettres, trad.
L.
Brisson, lettre VII.
Platon par lui-même.
Textes choisis et traduits par L.
Guillermit, GF-Flammarion.
Descartes, Règles pour la direction de l’Esprit.
Nombreuses éditions poche.
Spinoza, Ethique.
Rousseau, Le contrat social.
Locke, La conduit de l’entendement.
La Logique (Paris, Vrin) de Kant, qui contient beaucoup de définitions et d’analyses conceptuelles utiles.
Voir aussi Critique de la raison pure, Méthodologie, Discipline de la raison pure dans l’usage dogmatique.
Bergson, La pensée et le mouvant.
Alain, Propos sur le bonheur.
M.
Merleau-Ponty, Cours du collège de France, 1956-60, Points seuil, 2021.
F.
Nietzsche, Seconde considération intempestive, le Gai savoir, Par Delà Bien et Mal.
On pourra consulter également :
Jaffro, Laurent et Labrune, Monique, Gradus philosophique : un répertoire d’introductions méthodiques à la
lecture des oeuvres, Paris, Flammarion.
Remarques sur la méthode
Objectifs :
Être capable d’analyser une notion, d’identifier un problème, de montrer les enjeux d’une question ou
d’un texte, d’argumenter et de discuter.
Se mettre au service du sujet, du texte, en suivant toujours un principe de charité.
On valorise l’honnêteté intellectuelle : pas de réponse à tout, mais capacité à ne pas masquer les
difficultés et à proposer des hypothèses explicatives.
On travaillera des sujets de dissertation, des textes, mais aussi des articles plus longs (collection
textes clés) sur des sujets sortant un peu des sentiers battus.
But : étudier des types de sujets et de textes variés, sur des périodes différentes et des champs
pluriels.
Le style : « Il ne convient nullement à la nature de la philosophie… de parader avec une allure
dogmatique, et de se parer des titres et des insignes de la mathématique, science à l’ordre de laquelle
elle n’appartient pas ».
Cela ne signifie pas que la philosophie n’a pas recours à des démonstrations, mais qu’elle a recours à
des types de preuves particulières que Kant appelle des preuves « acroamatiques », « preuves qui ne
peuvent se faire que par de simples mots ».
Kant CRP, Méthodologie, « discipline de la raison pure dans l’usage dogmatique ».
Les attendus
• On reproche souvent un certain arbitraire dans la correction des
copies de philosophie
• Pourtant les critères sont assez clairs :
• Rigueur de l’analyse, capacité à problématiser, maîtrise de la langue,
précision des références (des connaissances de première main),
étendue de la culture (capacité à mobiliser des connaissances audelà du corpus des textes philosophiques.
• Maîtrise d’une technique qui suppose la familiarité avec certains
outils.
Il ne s’agit pas de « bachoter », ni de connaître par cœur des
citations prêtes à l’emploi, mais de disposer d’une petite bibliothèque
de notions que l’on sait définir et de textes que l’on est capable
d’évoquer précisément.
Usage aussi des exemples est important.
Les objectifs à atteindre
Problématiser
Poser un ou des problèmes en
évitant le HS
La question posée n’est pas le
problème.
Montrer les différents sens
contenus dans la question.
Conceptualiser, définir les concepts
et retravailler les définitions
Kant : les définitions viennent à la fin.
On
ne peut attendre une définition dès
l’introduction, mais on peut partir de la
manière commune dont un terme est utilisé
(usages du dictionnaire).
La
conceptualisation permet d’arriver in fine à
une définition beaucoup plus précise.
Construire un plan équilibré qui
progresse avec des transitions
Il n’y a pas de plan type.
Le plan est un
instrument qui évolue et se modifie au fur
et à mesure de la réflexion.
Plutôt parler de
fil conducteur avec un pt de départ et un
aboutissement (non définitif)
Argumenter plusieurs points de vue
Il ne s’agit pas de se contredire pour se
contredire.
Montrer qu’une question
présente plusieurs aspects, être capable de
discuter ou de remettre en question un
Ces objectifs permettent la maîtrise de l’argumentation, de la problématisation, de la
synthèse : des qualités utiles pour des exercices universitaires mais pas seulement !
Illustrer la pensée par le recours à des
exemples
L’exemple n’est pas simplement une
illustration.
Il sert à nourrir la pensée
ou doit aider à la discuter.
Lex
exemples peuvent être empruntés à
l’histoire, au cinéma, à la littérature, à
des expériences de pensée
Nourrir la réflexion en s’appuyant sur une
lecture attentive des textes
La référence aux auteurs n’est pas
illustrative.
Les références doivent être
précises et montrer qu’on a lu les textes de
près.
On ne fait pas des résumés
doctrinaux mais on convoque le
raisonnement d’un auteur pour faire surgir
des difficultés ou des distinctions
conceptuelles.
Développer les enjeux et être capable de
conclure
Pourquoi le sujet est-il important ? Pourquoi
un texte est-il toujours lu aujourd’hui ? Que
m’a-t-il appris ? Conclure ce n’est pas
Remarques liminaires sur la
dissertation
- qu’est-ce qu’une dissertation ?
« La dissertation consiste essentiellement à raisonner (disserere).
Raisonner dans
le sens large, c’est réfléchir, méditer, discuter, penser méthodiquement ; c’est
savoir non st d’un ppe tirer une conséquence ou remonter d’une conséquence à
son principe, mais aussi analyser un fait, en dégager la loi ou la vérité générale,
et la développer ; ou examiner une question, en démêler le nœud, en chercher la
solution, motiver son opinion en l’appuyant sur des preuves évidentes et solides ;
c’est sonder la valeur de telle ou telle maxime, apprécier un système, en montrer
le côté vrai et le côté faux, réfuter un sophisme ou un paradoxe, combattre une
erreur, la dévoiler dans son origine et ses conséquences.
Souvent entre deux
opinions extrêmes et contradictoires, c’est adopter l’opinion moyenne où réside
ordinairement la vérité.
Voilà ce que c’est que raisonner, ou, si l’on veut, disserter
en philosophie ».
Charles-Magloire Bénard, Petit traité de la dissertation philosophique, Paris,
Delagrave, 1866, p.
1.
« Disserere a donné dissertation mais aussi en latin, plus
énergiquement, dissertio, la dissertion, démêlage
sommaire, cardage grosser que suivent peignage et
filage.
L’action de la carte isole dans la matière bourrue
l’élément choisi dont on fera du tissu ».
J-F.
Lyotard,
Rudiments paiens, genre dissertatif, Paris, UGE, 10/18,
1977, p.
7.
On n’est plus ici dans une tentative de conciliation ou de
modération, mais plutôt dans un travail artisanal où les
auteurs servent de matériau à l’élaboration d’une œuvre.
Production d’un texte assimilée ici à un filage.
Construction d’une pensée.
Fiche synthétique de la dissertation
1.
l’introduction
• L’introduction : on commence par reformuler précisément la question principale en
définissant les notions les plus importantes, pour dégager le sens et les limites de la
question posée.
- On dégage ensuite une problématique, en partant du sens commun, donc en exposant la
réponse immédiate qu'on aurait tendance à apporter à la question principale et en
montrant le problème qu'elle soulèverait.
• On expose le problème plus complètement en montrant que la question admet au moins
deux possibilités de réponses contradictoires et en exposant les difficultés que présentent
chacune des thèses opposées.
- On peut alors exposer un plan, si possible en trois parties au moins, qui répondront au
problème (fil conducteur) chacune de façon différente.
Il importe de finir par la thèse qui
est la plus nuancée et qui, après réflexion, correspond à vos convictions.
Ce plan peut se
présenter sous forme de questions; il faut alors dégager les questions implicites que pose
la question principale, en les articulant
• -On peut enfin éventuellement exposer les enjeux de la problématique.
Note : On peut « sauter » l'étape 3 et revenir dans le développement (notamment en
transition) à la deuxième face du problème.
Brouillon
- Il faut, au brouillon, donner un titre (titre thèse ou titre question) à chaque partie : ce
sera son fil conducteur, dont il ne faudra pas s'écarter.
- Il faut ensuite chercher les idées et les arguments susceptibles de justifier la thèse ou
de répondre à la question pour chacune des parties.
On s'efforce ensuite de les articuler
dans un ordre logique.
Il faut aussi chercher sur quelles références on s'appuiera pour
approfondir.
- Le dernier argument des parties 1 et 2 doit consister en une transition critique : pour
la partie 1, demandez- vous quelles critiques pourraient être faites à la partie
précédente, ou pourquoi il faut changer de point de vue et rebondir (et non contredire
et invalider ce qui a été exposé précédemment).
Pour cela, il est bon d'avoir réfléchi aux
différents sens possibles dans lesquels peut se prendre la question principale.
Pour la
deuxième partie, c'est la même démarche mais une autre est possible : on peut par
exemple chercher à dégager le postulat commun aux deux parties précédentes et
montrer comment on peut dépasser l'opposition qu'elles contiennent en changeant
d'approche.
Rédaction et présentation du
développement
- Vous sauterez une ligne entre chaque grande partie (intro; partie 1, II, III, conclusion)
Pour
le
développement
:
:
- Dans chaque partie, vous irez à la ligne et ferez un alinéa chaque fois que vous passez à
une
idée
ou
une
étape
différente.
- Dans chaque partie, les paragraphes doivent respecter la démarche suivante : on expose
l'idée que l'on veut défendre; on la justifie par un ou des arguments précis; on peut
ensuite illustrer par un ou des exemples et (ou) par une référence.
Celle-ci peut
consister en une citation qu'on explique, ou en une référence à un texte d'auteur qu'on
développe.
Il ne faut pas de citations décoratives (ou inexactes) ni de références allusives, vagues.
La
référence doit permettre d'approfondir le propos.
Vous veillerez à souligner les titres des oeuvres auxquelles vous vous référez (ainsi d'ailleurs
que les latinismes par exemple, comme « a priori » qui s'écrit sans accent....
Enfin, obligez-vous à déduire de votre argument une réponse au sujet initial, auquel il faut
constamment revenir.
Consigne supplémentaire : Formulez vos arguments et idées en
utilisant les termes exacts de l'énoncé.
La conclusion
• On résume la logique du raisonnement suivi pour arriver à la thèse
finale (sans répéter les diférentes idées exposées).
On montre qu’on
a cheminé et on rappelle les étapes qui ont permis d’arriver à
quelques résultats ou éléments de réponse.
• On apporte une réponse ferme mais en même temps nuancée à la
question posée.
Donc évitez le relativisme primaire du type : « ça
dépend des gens et des avis....
»
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