Méthodologie de la dissertation et de l'explication de texte
Publié le 13/10/2013
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Le texte étant compris comme le texte d'un philosophe, il s'agit maintenant de faire la preuve qu'on le lit bien en philosophe, c'est-à-dire de manière problématique: c'est ainsi qu'il faut " rendre compte du problème dont il est question ", ou dégager son " intérêt philosophique"· Pour cela il faut faire le point sur ce que le texte a d'étonnant, dans tel ou tel point de son détail, dans sa thèse ou encore dans la façon dont il aborde le problème. Car, rappelons-le, l'étonnement est, en tant que tel, ce qui manifeste l'insuffisance des réponses toutes faites, permettant ainsi l'accès à un problème que l'on peut dès lors chercher à résoudre sous l'angle d'une question à laquelle on s'efforcera de répondre de façon analytique et structurée. Ce problème peut être le même que celui rencontré par l'auteur, dont on s'étonnera qu'il soit ainsi abordé, l'examinant alors sous un autre angle, ou bien un problème connexe. Il faut simplement veiller à ne pas répéter purement et simplement la démarche du texte que l'on vient d'expliquer, ni à le quitter tout à fait en versant alors dans le hors sujet.
«
• La dissertation
1 -Principes
cc La dissertation est l'étude méthodique et progressive des diverses dimen
sions d'une question donnée.
À partir d'une première définition de l'intérêt
de cette question et de la formulation du ou des problèmes qui s'y trouvent
impliqués, l'élève développe une analyse suivie et cohérente correspondant
à ces problèmes, analyse nourrie d'exemples et mobilisant avec le discer
nement nécessaire
les connaissances et les instruments conceptuels à sa
disposition
"·
Il s'agit ici d'expliciter cette définition que le programme donne de la dissertation, qui
exprime synthétiquement ses principes.
Ils sont tous relatifs à l'exigence suivante: le sujet est une question qu'il s'agit de
traiter philosophiquement, ce qui suppose deux choses :
.., Qu'on se pose véritablement cette question parce qu'« on voit où est le pro
blème ,, (et quel il est), problème(s) qui impose(ent) la question.
Le problème n'est donc pas la question posée (l'intitulé du sujet), mais ce qui
l'impose en lui donnant sens: le problème est la cause ou la raison de la question,
ce pourquoi
elle s'impose.
Par exemple, on ne se poserait pas la question "l'amour peut-il être un devoir?" (voir
page 87) si ne l'imposait notamment le problème, que révèlera l'analyse, de la diffé
rence de nature
(ou hétérogénéité) entre la raison, faculté du devoir, et la sensibilité :
cette hétérogénéité
semble condamner la raison à ne pouvoir ni inspirer ni contraindre
nos sentiments, donc à rester impuissante.
Pour traiter la question philosophiquement, il faudra donc nécessairement remonter
de
la question au problème.
Cela ne va pas de soi car, immédiatement, des répon
ses toutes faites, des idées reçues, c'est-à-dire encore des préjugés, masquent
les
problèmes.
Ici par exemple, un chrétien pourra s'en remettre de suite au "tu aime
ras ton prochain comme toi-même
'" ou encore on pourrait lancer " l'amour ne se
commande pas
! "·
Le problème ne peut donc être aperçu qu'à la faveur d'un étonnement par lequel
les
réponses toutes faites apparaissent dans leur insuffisance ou leur contradiction ;
c'est donc
leur examen critique qui permet de " voir où est le problème "·
Cet examen lui-même suppose que l'on prenne de la distance, que l'on cherche à
dépasser
le niveau immédiat de la réponse directe pour s'engager dans une démar
che de questionnement du sujet.
Celui-ci ne peut donc être traité qu'en étant sou
mis à une interrogation qui
en dégage les présupposés c'est-à-dire ce qui y est
implicitement considéré comme acquis ou
allant de soi (ici, par exemple : nous
avons des devoirs) et
en engageant une recherche de ce qui découle des réponses
possibles à
la question initiale mais aussi des questions qui sont posées à son pro
pos: on parvient ainsi à dégager l'enjeu de la question (ce que nous gagnerons ou
perdrons
en répondant de telle ou telle façon: "mais si ..
., alors ...
? »).
Par exemple:
mais si on accepte de faire de l'amour un devoir, et qu'on ne peut pas s'obliger à
aimer tout
le monde, on semble alors briser l'universalité humaine, nécessaire pour
111.
»
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