Erreurs à éviter pour la dissertation philosophique
Publié le 14/08/2014
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Lisez attentivement ce chapitre : en vous montrant, sur des exemples tirés de copies d'élèves, quelles sont les erreurs les plus sévèrement sanctionnées, il doit vous aider à mieux comprendre ce qu'on vous demande et à connaître vos propres défauts.
S'il y a bien des façons de réussir sa dissertation, il y a aussi bien des façons de la rater.
Quelles sont les mauvaises copies ?
· LES COPIES HORS SUJET
C'est évident mais il n'est pas inutile d'insister.
Trop de candidats semblent oublier qu'il faut lire le sujet avant de le traiter. Si tel jury admet un large éventail d'interprétations sur un sujet difficile ou dont le libellé prête à équivoque, premièrement il valorisera les interprétations les plus pertinentes, deuxièmement il se montrera impitoyable à l'égard des copies qui tomberont en dehors de l'éventail en question.
Tous les ans, des copies brillantes ou réputées telles (par le style et l'aisance de la pensée) obtiennent des notes médiocres parce qu'elles sont hors sujet.
L'épreuve de philosophie au bac est d'abord un test de compréhension des sujets. .I1 faut apprendre à les lire et à les analyser. Nous nous y emploierons plus loin.
Il y a trois types de hors-sujet :
1) Le hors-sujet d'incompréhension. Il résulte d'une confusion sur les termes du sujet, voire entre les termes que le sujet demande précisément de distinguer. C'est le hors-sujet par contresens ou non-sens.
Exemples :
— Le hors-sujet classique (dans toutes les séries), provoqué par la confusion des deux sens du mot « histoire «. Sur un sujet tel que « L'histoire est-elle l'oeuvre des hommes ? «, le correcteur trouve rituellement. un fort pourcentage de copies mélangeant, parfois jusqu'à l'incohérence, l'histoire-qui-s'écrit (science ou récit du passé) et l'histoire-qui-se-fait (le devenir effectif de l'humanité). S'il est vrai, comme l'écrit Raymond Aron, qu'en histoire « la réalité et la connaissance de cette réalité
«
sont inséparables l'une de l'autre » et que l'ambiguïté du mot « his
toire
»est « bien fondée », il est tout aussi vrai qu'il est absurde de se
demander si la connaissance historique est l'œuvre de ces hommes que
sont les historiens ...
à moins d'engager un débat sur la divinité réelle ou
supposée de l'auteur de la Bible !
-Le contresens sur le mot« don ».
« Au bac cette année, raconte un
professeur de philosophie 1
, les élèves de G 1 ont eu à méditer sur cette
question :
« Un don peut-il être un acte désintéressé ou bien est-il néces
sairement lié à un échange ? » Sur la centaine de copies que j'ai corri
gées, près
d'un tiers ont confondu don/acte de donner et don/vertu
innée.
» Ici le contresens sur le mot « don » aboutit à un non-sens
radical
sur le sujet.
-
En juin 1982, dans l'académie de Lille, un des trois sujets proposés
aux candidats de A était : « Penser, est-ce seulement imaginer ? »On a
peine à le croire, mais
un certain nombre de copies (notées entre 2 et 4
sur 20 d'après le barème établi par la commission d'entente) n'ont ,
semble-t-il, pas vu
qu'il s'agissait de la distinction entre la pensée et
l'imagination ! Les deux termes devenaient interchangeables et la
pensée était systématiquement décrite comme imagination.
Quant à
l'adverbe « seulement », il était purement et simplement ignoré.
A la
limite, il ne s'agit plus de hors-sujet mais de refus ou de négation du
sujet.
2)
Le hors-sujet de déviation.
A cause d'une idée ou d'une référence
mal maîtrisée, la réflexion dévie et le développement perd de vue le
sujet.
Moins grave
que le précédent parce que c'est un accident de par
cours, ce type de hors-sujet dénote cependant chez le candidat une inca
pacité à dominer
le cours de sa pensée que la philosophie ne peut que
sanctionner.
Voici
un exemple caractéristique tiré d'une copie d'élève portant sur
le sujet : « Mon existence est-elle ce que j'en fais ? »
Après avoir correctement posé le problème au départ et clairement vu
que le sujet appelait une réflexion sur la liberté de l'individu, l'élève sort
brusquement du cadre qu'il s'était fixé à cause d'une référence à la cité
idéale platonicienne ; il
n'y reviendra que d'une manière tout à fait arti
ficielle dans la conclusion
du devoir :
1.
Maurice T.
Maschino , Vos enfants ne m'intéressent plus, Hachette, 1983 .
42.
»
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