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Revue de la littérature psychanalytique concernant l'anorexie mentale

Publié le 10/06/2012

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Enfin, voici, ci-dessous, de manière plus différenciée, une synthèse des différents mécanismes de défense opérant dans le processus morbide de l’anorexie mentale. Premièrement, lors de l’adolescence, période de réorganisation de l’Œdipe (Œdipe génitalisé) imposée par le développement du corps sexué, se produit une régression vertigineuse à une fixation pré-objectale. Ce fonctionnement permet d’éviter l’angoisse associée à la problématique de castration symbolique (Kestemberg et al., 1994). Cette régression massive atteint un noyau traumatique oral précoce, ce qui marque l’émergence dans l’après-coup de la pathologie anorexique (Vermorel & Vermorel, 2001). Selon Brusset (1991), ce mécanisme pulsionnel aurait la particularité de comporter le processus inverse de l’étayage par lequel le besoin de manger vaut pour la pulsion libidinale. Plus tard, Brusset (2005) qualifie cette régression de mélancolique parce qu’elle illustre l’impossibilité du deuil de la relation primaire à la mère. À côté de cette régression conduisant à la fixation à une problématique conflictuelle avec l’objet maternel primaire, Jeammet (1985) identifie la présence en grand nombre, de mécanismes d’identification primaire. Ceux-ci se définissent par l’incorporation de l’objet d’investissement et l’effacement du sujet au profit d’un Moi idéal, aliéné dans le désir de l’autre. Selon Brusset (1991), le traumatisme vécu lors du sevrage, ayant activé des pulsions orales destructrices envers l’objet maternel primaire, contraint le sujet à se défendre par une identification primaire à la mère.

« déclenchement de l'anorexie (Brusset, 1991).

Les auteurs cités ci-dessus, considèrent alors l'anorexie mentalecomme étant une réaction à un événement traumatique. Par la suite, de nombreux auteurs vont considérer l'anorexie mentale « en tant que résultant d'une situationconflictuelle aiguë ou latente, présente ou ancienne, dans laquelle se trouvent opposés le sujet et ses parents »(Brusset, 1991, p.101).

Pour les auteurs ci-dessous, il semble donc, qu'une problématique conflictuelle, dedépendance, voire d'aliénation dans la relation archaïque à l'objet maternel primaire, soit en jeu dans l'anorexiementale.

Flavigny (1985) note la présence d'un conflit extrêmement important entre la fille et sa mère.

Lessentiments négatifs, provenant de la dépendance excessive de la fillette envers sa mère, sont ressentis commedangereux à extérioriser.

Les symptômes de la jeune anorexique traduisent alors un sentiment de culpabilité d'oserressentir de tels sentiments envers sa mère et de ne pouvoir les exprimer.

Selon Bruch (cité par Brusset, 1991), unemère qui interagit avec son enfant selon ses demandes névrotiques personnelles fait prévaloir ses sensationscorporelles sur celles de l'enfant.

Un tel fonctionnement ou dysfonctionnement provoque la méconnaissance deslimites du Moi et du corps, du sens de l'identité ainsi qu'un défaut d'interprétation des besoins chez l'enfant.

Cedernier, en raison de cette relation particulière développe un sentiment d'impuissance, d'inefficacité et dedépendance.

Brusset (1991), quant à lui, considère également que le conflit entre l'anorexique et son corps est issud'une altération de la relation plus archaïque avec l'objet maternel.

Cette relation lors des premiers stades dedéveloppement n'aurait pas permis à l'enfant d'investir pleinement son Moi.

Les différents aspects du corps ayantporté la dépendance à l'objet se trouvent alors vécus comme des intrusions, des menaces à l'autonomie et àl'intégrité.

D'autres auteurs (Kestemberg, Kestemberg & Decobert, 1994), précisent cette idée première en yintégrant la notion importante de maîtrise.

Au début de la vie, la mère sollicite la maîtrise de son enfant au cours del'apprentissage de la propreté et de la coordination des activités motrices.

Toutefois, si cette incitation à la maîtriseanale tend essentiellement à satisfaire les désirs inconscients de la mère, il peut se produire une aliénation de lafonction et de ce fait, une atteinte à l'autonomie chez l'enfant. D'autres hypothèses ont vu le jour, toujours dans la perspective d'une altération de la relation primaire entre la filleet sa mère.

Ainsi, Kestemberg et al.

(1994) émettent l'hypothèse d'un manquement de la mère à l'apport libidinal ausein de cette relation.

L'enfant, perçu comme un support narcissique satisfaisant plutôt que comme un partenaired'échange libidinal, aurait été amené trop tôt à se satisfaire et à trouver du plaisir par lui-même.

Ledésinvestissement par la mère lors du servage aurait acquis une valeur traumatique (Brusset, 1991).

D'autresauteurs (Vermorel & Vermorel, 2001) suggèrent l'hypothèse de l'échec de la mise en place de l'auto-érotisme dans laphase orale, du fait du danger ressenti dans la relation à la mère.

Cette étape importante dans l'émergence de la vien'arrive pas à dénouement chez la fillette et la nourriture se trouve dépourvue de sens et non investiepulsionnellement.

Flavigny (1985), quant à lui, émet l'hypothèse de la défectuosité du processus d'incorporation,d'introjection, pourtant nécessaire à l'élaboration d'un processus réel d'incorporation (d'aliments).

Une image« bonne » de la mère ne peut être intériorisée, car vécue (en miroir) comme trop dangereuse.

Cet auteur, toujoursdans une perspective de compréhension de l'émergence du trouble anorexique, postule l'irréalisation du phantasmede nourrir la mère.

De cette irréalisation découle un défaut de la confiance en soi, de la croyance quant à sacapacité de bonté ainsi que de la relation à son corps et aux autres.

Enfin, Selon Brusset (1991), beaucoupd'auteurs ont insisté sur l'incapacité de l'anorexique à renoncer à l'objet primaire, nécessaire au changement d'objetrequis par la résolution oedipienne.

Cette incapacité a été mise en lien avec l'inaptitude de la mère à assumer ladouble fonction de séductrice dans les soins maternels et d'interdictrice dans l'Œdipe. En ce qui concerne la relation au père, il semble qu'il y ait peu de référence lui donnant une place dans la toile defond de l'émergence de l'anorexie mentale.

Toutefois, Kestemberg et al.

(1994) émettent l'hypothèse selon laquellele père par son attitude séductrice induirait en partie l'émergence de l'anorexie.

Cette hypothèse vient appuyerl'idée plus ancienne de Jeammet (1985), pour qui, le père replié dans une position paranoïde présenterait descomportements de séduction ou bien de maternage envers la jeune fille. Le processus anorectique Formes d'angoisse : La réactualisation, à l'adolescence, du conflit oedipien dans sa dimension génitale, amène avec elle l'inévitableangoisse de castration.

Cette séparation d'avec l'imago bisexuée (ou asexuée) toute-puissante ne peut êtreacceptée par l'anorexique et suscite une angoisse d'anéantissement qui doit être ignorée.

La perte de l'objet suscitedonc de l'angoisse chez l'anorexique alors que paradoxalement, l'objet doit être rejeté pour attester de l'intégrité duMoi (Kestemberg et al., 1994).

Selon Vermorel et al.

(2001), les angoisses de séparation, prédominantes dans letrouble, ne peuvent être mentalisées puisque tout affect subit la répression.

Dans la même perspective, Winnicott(1974, cité par Brusset, 1991) décrit l'anorexie comme étant un moyen de se défendre contre l'angoisse du vide.

Enrefusant de manger, l'anorexique tente d'échapper au caractère effrayant du vide mental.

Pour s'en défendre, elles'organise un vide contrôlé qui prend sa place au niveau corporel.

Le fait de cultiver la contrainte psychologique, ense privant de manger, en refusant parfois de dormir, assure à l'anorexique, via la permanence des sensations ducorps, la permanence de son Moi. Mécanismes de défense et relation à l'objet : Tout d'abord, certains auteurs ont tenté de faire des rapprochements entre l'anorexie mentale et d'autrespathologies, ou encore de la situer au regard des positions psychiques.

Ainsi, Selvini (cité par Brusset, 1991) décrit. »

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