Grand oral du bac : Soins palliatifs et euthanasie
Publié le 12/11/2018
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LA QUALITÉ DE VIE EN FIN DE VIE
La peur de la mort, particulièrement développée dans le monde occidental, conduit très souvent à un excès de soins et de prise en charge. La fin de la vie se manifeste comme une succession d'étapes, que chaque individu vit à son rythme, chronologiquement ou non : après le déni, période marquée par des angoisses insoutenables, la colère s'installe, accompagnée d'un refus de la réalité. Il faut alors accepter que tous les projets ne pourront être réalisés, ce qui conduit vers une période de dépression plus ou moins longue et sévère. Enfin l'acceptation s'installe. Le patient envisage dès lors son départ avec plus de sérénité, et les échanges
avec les proches deviennent très intenses. Dans ces instants souvent pénibles, tant physiquement que moralement, une recherche d'une certaine qualité des derniers instants devient la seule réponse envisageable. La qualité de vie étant une notion subjective, dynamique et influencée par le contexte environnemental, le respect du patient en tant que personne, avec ses exigences spécifiques, devient là plus qu'ailleurs une priorité pour offrir au corps et à l'esprit le maximum de confort et de bien-être. Dès lors, trois cas de figure se distinguent.
• La personne est tout à fait consciente de son état : le malade peut faire le choix d'arrêter toute thérapeutique active, au profit des soins palliatifs.
• La personne n'est pas consciente : ses souhaits peuvent être pris en compte si elle a rédigé des directives quant à la poursuite des thérapeutiques et investigations, et cela moins de 3 ans auparavant.
• La personne n'est pas consciente ou ne peut plus décider : la loi permet de désigner une personne de confiance qui pourra être consultée par le corps médical et dont l'avis sera pris en compte lors des décisions importantes du parcours de soins. Cette personne
n'a en aucun cas le droit de vie ou de mort sur le malade, elle participe seulement aux choix soumis par l'équipe soignante.
LES SOINS PALLIATIFS
Historique
En Occident, la prise en charge du patient en fin de vie est restée longtemps une pratique familiale ou religieuse. La douleur elle-même, considérée comme un phénomène naturel, n'est prise en charge que depuis relativement peu de temps. Au xix* siècle et dans la première moitié du XXe siècle, des hospices religieux consacrent leur activité à l'accompagnement des mourants. Cette idée fut développée dans les années 1960 en Angleterre par le docteur Cicely Saunders. Œuvrant d'abord bénévolement, puis faisant successivement des études d'infirmière et de médecine, elle devient le premier médecin employé dans un hospice, à Londres. Elle y développe des soins adaptés pour les personnes atteintes d'affections incurables, consacre des recherches à la prise en charge et au traitement de la douleur, et se concentre sur l'écoute de ces patients particuliers.
En 1975, la première unité de soins palliatifs est créée à Montréal. En France il faudra attendre 1987 pour qu'un hôpital se dote d'une telle unité de soins. Ensuite la plupart des associations de soins palliatifs se sont rassemblées pour créer une société savante la Société Française d'Accompagnement et des soins Palliatifs (SFAP) qui propose en 1996 une définition des soins palliatifs : « Les soins palliatifs sont des soins actifs dans une approche globale de la personne atteinte d'une maladie grave évolutive ou terminale. Leur objectif est de soulager les douleurs physiques ainsi que les autres symptômes et de prendre en compte la souffrance psychologique, sociale et spirituelle. Les soins palliatifs et l'accompagnement sont interdisciplinaires. Ils s'adressent au malade en tant que personne, à sa famille et à ses proches, à domicile ou en institution... »
«
mort
paisible et exempte de douleurs.
Elle se définit comme l'acte visant à
accélérer la mort d'un malade pour
abréger ses souffrances.
Insistons ici sur
la distinction fondamentale entre
l'euthanasie et le refus de
l'acharnement thérapeutique, prévu par
la loi, droit reconnu à tout patient En
effet, chacun a le droit de s'opposer à
toute investigation ou thérapeutique,
dès lors que lui-même considère que
les bénéfices qu'il pourra en retirer sont
dérisoires, ou qu'il refuse les
souffrances associées à certains
traitements ou actes invasifs.
On distingue différentes formes
d'euthanasie.
• l'euthanasie nctive : une substance
est administrée au patient dans le but
d'abréger sa vie.
• l'euthanasie passive: le traitement en
cours, nécessaire au maintien de la vie,
est arrêté.
revient
sur le devant de la scène du
débat social depuis le XIX' siècle, suite
aux progrès de la médecine, tant au
niveau de la thérapeutique, que du
prolongement de la vie.
Ces progrès et
les fantasmes d'Immortalité ont conduit
à déposséder la personne de sa mort.
LE CADIE JURIDIQUE
En France, la loi considère qu'on ne
peut pas disposer librement de son
propre corps :c'est le principe
d'Indisponibilité du corps humain.
l'euthanasie ne figurant pas dans le
code pénal, elle est assimilée à un
meurtre, un homicide volontaire, ou un
acte de non-assistance à personne en
danger.
Le malade qui demande une
euthanasie ne peut pas être poursuivi.
En effet, le suicide n'est pas réprimé.
En
revanche, la personne qui contribue à
cet acte peut l'être et être condamnée
selon l'infraction pénale retenue
(meurtre, omission de porter secours,
empoisonnement).
En outre, elle peut
se voir réclamer des dommages et
intérêts destinés au malade lui-même
ou à sa famille.
Si c'est un médecin qui a procédé au
geste, il encourt des sanctions
disciplinaires, pouvant aller jusqu'à la
radiation de l'ordre et l'interdiction l'engagement
solidaire et du
consentement.
Comprenons bien que
cette exception ne conduirait pas à une
dépénalisation du geste, mais
permettrait au juge de prendre les
mobiles en considération et d'apprécier
tant les circonstances exceptionnelles
pouvant conduire à des arrêts de vie,
que les conditions de leur réalisation.
!.'exception d'euthanasie n'est pas
recevable actuellement
Cela nécessiterait des précisions du
CCNE et une réforme de la législation
pénale.
À ce jour, l'euthanasie reste un
geste clandestin et prohibé.
LEs DIFFtiENns l.tGISLAnoNs
La grande majorité des pays
considèrent l'euthanasie comme un
crime ou un délit Toutefois, certains
pays ont su faire évoluer leur
législation ; citons quelques exemples :
• la Belgique autorise l'euthanasie à la
demande expresse du patient et dans
des conditions de souffrance physique
et psychique constante et
insupportable ;
• l'Allemagne, tout comme la Finlande
et les États-Unis tolèrent une forme
passive d'euthanasie ; événement,
« Je vous demande le droit
de mourir » touche les français et son
histoire relance le déba� tant au point
de vue politique que populaire.
On ne
saurait être insensible au combat de
cette mère pour son enfant
Le 2 janvier 2006, un non-lieu est
prononcé à l'encontre de Marie
Humbert et du co-auteur Frédéric
Chaussoy.
Le cas de Diane Pretty
Agée de 43 ans, Diane Pretty est
atteinte d'une maladie
neurodégénérative incurable à un stade
très avancé.
Paraplégique, elle est
nourrie par intubation et ne
communique que par faibles pressions
des doigts sur un ordinateur.
Elle reste
cependant en pleine possession de ses
facultés intellectuelles.
Elle émet alors le
souhait de mourir dans la dignité,
plutôt que d'attendre une paralysie
de ses muscles respiratoires, qui
conduirait irrémédiablement à une
mort lente et atroce.
Cependan� elle est
dans l'incapacité d'accomplir son geste
seule, et demande à la Haute Cour de
Justice de Grande-Bretagne de
permettre à son mari de l'aider à
mourir.
Cette requête lui est refusée
• l'euthanasie volontaire: elle intervient d'exercer.
La lin th vie, la souffrance, •
la Grande-Bretagne et l'Italie, quant à
elles, maintiennent une législation très
stricte en la matière ; et
elle se tourne alors vers la Cour
Européenne des Droits de l'Homme.
à la demande du patient.
• l'euthanasie involontaire: elle est
effectuée contre la volonté du patient
en pleine possession de sa capacité de
décision.
• l'euthanasie non volontaire : si l'on ne
connaît pas la volonté de l'individu.
• l'aide au suicide : le patient accomplit
lui-même son geste, mais il est aidé par
un tiers.
En France, comme dans de nombreux
autres pays, l'euthanasie constitue tant
à la fois un tabou qu'un grand débat de
société.
HJSTOIIQUE
Dans la Grèce antique, la conception de
la vie était différente de la nôtre :
personne ne se choquait qu'on puisse
interrompre une vie jugée
« mauvaise )).
Hippocrate s'oppose
cependant à cette vision de l'existence
en interdisant aux médecins toute
forme d'aide au suicide.
l'euthanasie •
les Pays-Bas, depuis avril2001, sont le
premier pays au monde à avoir adopté
une législation légalisant l'euthanasie,
au terme d'un long processus de débats
et de réflexions dans la société
néerlandaise.
DES AFFAJIES QUI DIVISENT (OPINION
Le cas de Vincent Humbert
le consentement du patient ne
Après un grave accident de la Là
encore on lui refuse ce droit et elle
mourra quelques jours plus tard dans
les souffrances consécutives à
l'évolution terminale de sa maladie.
A LA FRONTIERE DES SOINS
PALLIATIFS ET DE
l'EUTHANASIE :LA SEDATION
constituent nullement d'excuses légales.
circulation, le jeune homme devient
Technique d'anesthésie, la sédation
De nombreux mouvements d'opinion tétraplégique.
Aveugle et mue� il ne
consiste à provoquer, de façon
militent pour la modification des textes.
supporte plus cette situation et par les transitoire
et possiblement réversible,
Ainsi en janvier 2000,Ie Comité
seuls moyens de communication qui
une altération de la vigilance, à l'aide
National Consultatif d'Éthique (CCNE) restent
à sa disposition (l'ouïe et son
de médicaments anxiolytiques ou
est saisi de ce sujet épineux.
Toujours
pouce droit), et avec l'aide de sa mère,
sédatifs, et ainsi diminuer les sensations
opposé à une dépénalisation, il renonce il rédige une lettre au Président de la pénibles
et l'angoisse.
Son utilisation en
à considérer comme un droit la République
lui demandant le droit de
soins palliatifs fait l'objet de nombreux
possibilité d'exiger d'un tiers qu'il mette mourir.
Jacques Chirac s'oppose à sa
débats.
En effet les soins palliatifs ont
fin à une vie.
Il ouvre cependant le requête et Marie Hum be� sa mère, pour but un contrôle optimal des
débat en parlant de l'instauration d'une tente de mettre fin à ses souffrances à
symptômes, tout en maintenant une vie
• exception d'euthanasie» pour des l'aide
du médecin Frédéric Chaussoy.
relationnelle satisfaisante.
On se heurte
« cas extrêmes et reconnus comme Vincent
Humbert meurt quelques jours
alors à un paradoxe fondamental.
Le
tels », motivée par le principe de
plus tard.
La parution de son livre champ du débat éthique est posé, et ._ _______ ____ ...,.
________ ____ .....
______ _____ ...., progressivement un consensus s'établit
Évolution du traitement au cours
des différentes phases de la maladie autour
des situations d'urgence ou de
détresse terminale.
Lorsque la
sédntion est proposée dans d'autres
risque de décès
champ curatif
début de
la maladie pronostic
sévère évolution
de la maladie situations,
comme dans le cadre de
souffrances morales, aussi intenses
soient-elles, la controverse fait rage.
En
1996, un article qualifie la sédation
d'euthanasie lente.
Encore plus que
pour tout autre traitemen� la sédation
nécessite bien entendu l'accord
préalable du patient.
De nombreuses personnes dénoncent
le risque de dérive vers une euthanasie
déguisée.
En effet, la vie des malades
sédatés perd peu à peu son sens aux
yeux de l'entourage et des saignants.
Le
malade étant mort socialemen� certains
parlent d'euthanasie
psychique.
La sédation est souvent
présentée comme une alternative à
l'euthanasie, en cas de situation de
détresse ou de symptôme
insupportable, résistant au traitement
Pour beaucoup la confusion demeure.
La dimension symbolique du sommeil
est présente en chacun de nous et
l'endor missement prolongé du patient
nous évoque inévitablement sa mort
Les professionnels de santé s'attellent
donc à clarifier les circonstances, les
modalités et les enjeux éthiques afin de
démasq uer les ambigunés et de
permettre à cette pratique, certes
insatisfaisante, de se faire dans les
meilleures conditions possibles, après
que toutes les alternatives ont été
envisagées.
UN DÉCALAGE ENTRE
OPINI ON ET LÉGISLATION
Selon un sondage d'opinion, il
semblerait que 88 %des français
soient favorables à l'euthanasie.
À
chaque nouvelle affaire médiatique, le
débat est relancé et sensibilise la
population.
On peut donc s'attendre à
des évolutions du cadre législatif.
Alors que la lutte contre la douleur et
les soins palliatifs connaissent un
développement important et font dire à
certains médecins que l'euthanasie est
inutile, la fin de vie des malades
demeure une réalité difficile à affronter
pour les
saignants et
l'entourage.
Tous veulent
permettre au
malade de
finir sa vie
dans la
dignité,
sans souffrance.
Chaque
personne a
son opinion
quant à l'euthanasie, aux soins
prodigués en fin de vie, ainsi qu'à la
façon dont il souhaiterait passer ses
derniers jours en cas de maladie
incurable source de souffrance, tant
psychique que physique, et il semble
fondamental de permettre une liberté
de choix pour chacun.
Selon ses
convictions, religieuses notammen�
mais aussi morales, chaque malade doit
pouvoir exprimer ce qu'il désire.
Notre société actuelle voit la longévité
s'accroître régulièrement, avec ses
souffrances et multiples dépendances,
ce qui pèsera de plus en plus lourd sur
le budget de la santé, et il faut veiller à
ce qu'on ne soit pas tenté de laire de
l'exception un acte banal.
En elfe� les
risques de dérapage sont importants:
outre les pressions financières, on
pense aussi aux pressions morales
infligées par l'entourage, l'interférence
étant fréquente entre les notions de
souffrance du patient et de souffrance
des proches.
l'évolution de la loi réclamée par de
nombreuses associations et
mouvements citoyens ne vise pas à
généraliser ce geste et à en faire une
pratique courante, mais à l'inverse
l'encadrer afin d'en éviter les dérives
qui peuvent être associées à la
clandestinité..
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