Grand oral du bac : L'odorat
Publié le 12/11/2018
Extrait du document
UN SENS COMPLEXE
L'odorat ou olfaction est la fonction d'un organe des sens qui consiste en une analyse chimiosensorielle de l'environnement. Situé dans le nez, l'organe olfactif a principalement une fonction vitale d'alerte. Lorsqu'il détecte des odeurs, telles que l’odeur de fumée ou bien d'aliments avariés, les neurones sensoriels en connexion avec les chimiorécepteurs des molécules odorantes vont alerter le cerveau. Celui-ci prendra alors les mesures nécessaires pour s'écarter du danger : fuir en cas de feu, éviter de manger des aliments avariés, etc.
Par ailleurs, l'odorat joue un rôle fondamental dans les relations sociales et dans l'appréhension de la réalité. Chez l'homme, le lien qui existe entre la perception du goût et l'odorat donne à ce dernier un rôle très important dans l’appréciation de la nourriture. L'odorat fournit donc des données essentielles sur le monde olfactif qui nous entoure. Il associe des mécanismes tant physiologiques (perception des odeurs et transmission du message) que psychologiques (mise en mémoire, reconnaissance, déclenchement de sensations de plaisirs, d'attirance, de dégoût, etc.).
FONCTIONNEMENT DE L’ODORAT
Les molécules odorantes de l’air
atteignent la muqueuse olfactive
située dans les cavités nasales, après avoir traversé une zone de mucus. Dans ce mucus flottent des dis qui présentent
une grande zone d'exposition aux
particules odorantes et possèdent de nombreux récepteurs. Ces cils sont
en fait les extrémités des neurones
olfactifs : en se fixant au niveau des
récepteurs, les molécules odorantes stimulent les neurones, transformant ainsi le message chimique en un
message nerveux.
Chacun des récepteurs olfactifs peut reconnaître un nombre limité de
molécules ; certains peuvent n'en reconnaître qu'une seule. Les molécules se fixent au niveau des récepteurs en fonction de leur structure chimique.
Sachant qu'une molécule odorante peut légèrement varier de structure en fonction de certaines conditions comme la température, l'on comprend qu'un même aliment puisse avoir une odeur différente lorsqu'il est chaud ou froid.
Lorsque la molécule active le neurone en se fixant à ses récepteurs, le message est transmis et active un centre intégrateur nommé « glomérule ». Il existe quelques milliers de glomérules différents, situés dans le bulbe olfactif du cerveau. L'hypothèse la plus couramment avancée est que les cellules sensorielles exprimant le même récepteur convergent vers les mêmes glomérules. Au niveau de ceux-ci, les terminaisons des neurones récepteurs rencontrent des neurones-relais, les cellules mitrales, et leur communiquent leur excitation. Un fort taux de convergence, générateur d'une amplification du message nerveux, caractérise ces projections glomérulaires puisqu’en moyenne 1000 neurorécepteurs font synapse avec chaque cellule mitrale. L'analyse du message se poursuit dans les autres régions du cortex olfactif où les cellules mitrales se projettent, ainsi que dans les régions du thalamus, du néo-cortex frontal et du système limbique.
SPÉCIFICITÉS DE L'ODORAT
Le système sensoriel olfactif comporte des caractéristiques spécifiques, distinctes des autres sens.
Seuils de perception
Pour être détectée, la molécule odorante doit être en concentration suffisante. À trop faible concentration, le système ne pourra pas la distinguer du bruit de fond existant et l'information ne sera pas détectable. Ce seuil est appelé seuil de détection. Le bruit de fond est représenté par la stimulation constante des neurones par le très grand nombre de molécules odorantes contenues dans l'air que l'on respire.
À plus forte concentration, on parlera de seuil de reconnaissance, au-delà de laquelle la molécule pourra être identifiée et comparée aux odeurs que l'on a en mémoire. Par ailleurs, l'adaptation neuronale est rapide : au bout de 1 minute, les récepteurs chimiques sont désensibilisés.
«
d'une dégénérescence neuronale, ou
encore à cause d'une tumeur,
provoquant une destruction partielle
des centres nerveux impliqués dans
l'olfaction.
DIFFÉRENTI5 DY505MIE5
les conséquences des troubles de
l'odorat peuvent être de différents
ordres.
l'anosmie est une perte
complète de la perception des odeurs ;
dans le cas de l'hyposmie, la perception
est très diminuée.
Par exemple, les
fumeurs souffrent très souvent
d'hyposmie : ils se plaignent d'une
perte de goût et d'odorat.
Il s'agit d'une
dysosmie de transmission due
essentiellement à des inflammations
des conduits causés par certains
composés chimiques contenus dans la
fumée de cigarette.
les molécules
odorantes présentes dans l'air ne
parviennent pas à se fixer au niveau
des récepteurs.
Il en résulte une
mauvaise perception des odeurs.
l'hyperosmie (hypersensibilité de
l'odorat) est un symptôme
physiologique normal apparaissant
chez la femme au cours de la
grossesse.
Il existe aussi la cacosmie qui entraîne
l'impossibilité d'interpréter les
messages olfactifs et les parosmies qui
modifient la perception des odeurs.
Dans le cas de phantosmies, le sujet
sent des odeurs imaginaires.
Malgré le caractère fréquent et parfois
handicapant de ces troubles, encore
peu de personnes consultent,
notamment à cause d'un faible nombre
de structures spécialisées et de
thérapeutiques adaptées.
Mais depuis
quelques années, gr�ce au
développement des recherches sur
l'odorat, ces pathologies sont de mieux
en mieux diagnostiquées et traitées
lorsque cela est possible.
BONNES ET
MAUVAISES ODEURS
Bien qu'il existe une classification assez
précise des différents parfums, nous
avons beaucoup de mal à décrire une
odeur.
Il n'existe aujourd'hui aucune
classification scientifique des odeurs.
Cependant, nous pouvons dire d'une
odeur qu'elle est bonne ou mauvaise.
UNE CLASSIFICATION
OBJECTIVE DES ODEURS ?
Peut-on dire objectivement d'une odeur
qu'elle est bonne ou mauvaise ? Cette
classification simple est-elle la même
pour tous les êtres humains? Ces
sensations sont-elles innées ou acquises
au cours d'une éducation spécifique ?
Actuellement, des études montrent que, contrairement
à beaucoup d'animaux,
les êtres humains n'ont pas d'idée
objective sur une odeur.
Tout
l'apprentissage et la classification en
«bonne» ou «mauvaise» odeur se fait
au cours de l'éducation, et dépend de
la culture et de la société dans laquelle
on grandit.
Elle varie d'un être à un
autre, et chacun se crée sa propre
sensation en fonction de ce qu'elle peut
évoquer.
Une même odeur peut être
agréable à faible concentration et
écoeurante voire insupportable à plus
forte concentration.
Aussi, la sensation
qu'une substance nous évoque pourra
être modifiée selon notre vécu et ce qui
lui est associé.
ODEURS ET MÉMOIRE
Si l'on est capable de se souvenir d'une
odeur, de comparer les odeurs que l'on
sent à celles que l'on a déjà senties,
c'est que le système olfactif est
intimement relié à notre mémoire.
Grâce à ce lien très étroit, une odeur a
la capacité d'évoquer des instants
vécus, des lieux, des personnes, que
l'on a associés à celle-ci.
l'évocation est
personnelle : une même odeur ne
rappellera pas la même chose à deux
personnes différentes.
Il faut donc
considérer une odeur comme une permet
de redonner goût à la vie à des
patients sortant d'un coma profond ou
ayant subi un traumatisme crânien par
exemple.
l'odorat est si profondément
ancré qu'il persiste même dans ces cas
où tout le reste semble avoir été oublié.
RELATIONS ENTRE
ODORAT ET GO
ÜT
l'odorat est tellement étroitement
associé au goût qu'il nous est souvent
difficile de savoir lequel des deux prime
lorsque l'on mange.
Par exemple,
lorsque nous sommes enrhumés, les
aliments n'ont plus de goût; seule la
saveur (sucré, salé, acide, amer, etc.)
est reconnue car ses récepteurs sont
situés sur la langue et restent
accessibles.
ALIMENTAnON
l'odorat entre pour un grande part
dans le comportement alimentaire.
Il
déclenche les sécrétions salivaires et
«image olfactive», créée au moment où gastriques lorsque les odeurs sont
l'odeur est sentie pour la première fois
agréables, et inversement De plus, il
par un être humain.
intervient dans la structure des repas,
dans l'impression de satiété ...
Et il
enrichit de beaucoup la dégustation.
LA VOIE RÉTRO-NASAlE des
gènes spécifiques.
l'odeur corporelle se compose du
sébum, de la sueur et de l'activité des
bactéries sur notre peau.
Chez les êtres
humains, l'odeur corporelle est à la
base des relations sociales, bien
souvent sans que l'on s'en aperçoive.
Par exemple, les liens qui se créent
entre la mère et son bébé ont une
composante olfactive très forte.
les
odeurs maternelles sont essentielles au
développement affectif et cognitif de
l'enfant qui se sent en sécurité en les
reconnaissant.
l'odeur corporelle
semble aussi jouer un rôle fondamental
dans les relations affectives et
amoureuses, grâce au fait que l'odorat
est en étroite relation avec notre
cerveau émotionnel.
Ainsi, le simple fait
de sentir l'odeur corporelle de
quelqu'un d'apprécié provoquerait tout
un ensemble d'activités physiologiques
favorisant le lien social.
D'ailleurs, notre
propre odeur varierait selon que l'on se
sent en sécurité ou non, que l'on soit
triste ou joyeux.
Elle révélerait ainsi
notre état émotif, auquel notre
entourage serait inconsciemment
sensible.
les phéromones sont des substances
chimiques, odorantes ou non, dégagées
par des être vivants.
Elles transmettent
un message d'un individu à un autre de
la même espèce.
LE SYSTÉME VOMÉRONASAl
les phéromones sont détectées par un
système se situant dans le nez : le système
voméronasal.
Parce qu'elles
voyagent dans l'air de la même façon
que les substances odorantes, certains
considèrent que les phéromones
agissent comme des odeurs, mais de
manière inconsciente.
l'organe
voméronasal ou organe de Jacobson se
forme chez l'embryon des animaux
mais n'est pas présent chez l'adule
dans toutes les espèces.
Chez les animaux, les phéromones
ont un rôle important dans la
communication interindividuelle.
Ce
sont des signaux émis en cas de
danger, pour alerter la présence de
nourriture, d'un ennemi, etc.
Ce
système est très utilisé notamment chez
les fourmis et les abeilles par exemple.
LES PHÉROMONES CHEZ L'HOMME
A l'heure actuelle, beaucoup
d'hypothèses existent quant à la
possible détection des phéromones
chez l'homme.
Certains scientifiques affirment que
les phéromones sont pour certaines
capables d'activer les neurones
olfactifs.
Il se pourrait donc que même
en absence d'organe voméronasal
chez les êtres humains, ceux-ci soient
sensibles aux phéromones.
Ceci
pourrait expliquer le phénomène très
étonnant d'une synchronisation des
cycles menstruels de femmes vivant
sous un même toit.
Cependant, d'autres s'accordent à
dire qu'un organe voméronasal
existe chez l'homme.
Il ne serait pas
un vestige d'organe atrophié mais
serait fonctionnel et aurait un rôle
important dans la communication
humaine.
BULBES
OLFACTIFS ET 5Y5TÉME LIMBIQUE
les bulbes olfactifs ne peuvent être
considérés comme de simples relais.
Ils
envoient des projections neuronales
vers certaines zones du cerveau et en
reçoivent en retour.
Ainsi, les bulbes
activés par une odeur sont aussi activés
ou inhibés par d'autres neurones que
les neurorécepteurs.
Ils reçoivent des
messages de contrôle par plusieurs
régions du cerveau.
les zones reliées
au système olfactif sont principalement
celles du système limbique, qui gèrent
les émotions et qui sont impliquées
dans la mémorisation.
Ces voies dites
centrifuges sont capables de moduler
de manière considérable les réponses
des neurones aux odeurs.
Ainsi, en
fonction de l'état du sujet au moment
où l'odeur lui parvient (sa vigilance, sa
faim, son humeur, son environnement,
etc.), celui-ci va façonner sa mise en
mémoire.
Grâce aux connexions qui se
créent entre les neurones des zones
olfactives et du système limbique,
l'odeur sera associée aux autres
données sensorielles captées par le
cerveau au même instan� et cette
association chargera l'odeur d'une
valeur affective.
Un
produit alimentaire contient de
nombreux composés odorants, que l'on
peut percevoir de deux manières, soit
r«_N _E _Z_»_: _U _
N _M -ÉT _I _E _
R ___ __ _._ _______ ____ _
par voie nasale directe, ce qui
APPLICATIONS MÉDICALES
Connaissant le pouvoir évocateur que
possèdent les odeurs, certains
médecins spécialisés dans les
pathologies liées à la mémoire
développent actuellement des
méthodes utilisant l'odorat pour
soigner leurs patients :c'est
l'olfactothérapie.
lls ont pu se rendre
compte que l'activation de ce sens
pouvait dans certains cas réactiver la
mémoire.
Ainsi, des patients ont pu
retrouver des souvenirs grâce aux
odeurs qu'on leur a fait sentir.
Ce mode de rééducation par
stimulation sensorielle est ludique et caractérise
l'odeur, soit par voie rétro
nasale.
Cette dernière, dont
l'accès se fait par la bouche, est la voie
d'accès principale des molécules
odorantes : elles atteignent les
neurorécepteurs en étant propulsés de
la gorge vers le nez lors de la
déglutition.
les obstacles entre la
bouche et l'organe olfactif sont
beaucoup moins nombreux que ceux
rencontrés lorsque les molécules
odorantes passent par les narines.
ODORAT ET RELAT IONS
SOCIALES
Chaque être vivant émet une odeur qui
lui est strictement personnelle.
Chacun
produit un grand nombre de molécules
olfactives différentes mais dans une
proportion qui varie d'un être à l'autre.
Ces molécules émises sont codées par Profession
peu connue, le «nez» ou
parfumeur, invente des parfums.
Entouré de matières premières, son
travail consiste, à l'aide d'une balance
de précision et à force de dosage et
de tâtonnements, en la création d'un
bon parfum.
Un «nez» peut avoir en mémoire et
reconnaître 3 000 odeurs différentes.
Devant son «tll'f lœ>>, (un laboratoire
miniature), il compose ses formules et
les sent sur de petites mouillettes de
papier imprégnées de parfum.
Si tout le monde a plus ou moins du
«nez», un parfumeur doit aussi et
surtout savoir mémoriser les odeurs.
Durant son apprentissage, le
parfumeur doit prendre beaucoup de
notes car il n'existe pas de
classification des odeurs, ni de
manuels expliquant ce qu'est l'odeur du
citron par exemp le , car il y a
plusieurs citrons, comme il existe
plusieurs roses, etc.
Ainsi, l'apprenti-parfumeur doit se
créer un vocabulaire et se référer au
lexique de la parfumerie avec la
classification des parfums (aromatique,
chypré, floral, boisé ...
).
Pour mémoriser
tous ces éléments, le "nez» fait appel à
sa mémoire, plus particulièrement au
lien priviligié qui existe entre le bulbe
olfactif et le système limbique : il met
en rapport des odeurs avec des
souvenirs d'enfance, de la vie de tous
les jours, des lieux ...
Ce rapport aux
souvenirs est très important, car, à
chaque fois que l'on sent telle ou telle
«note», on l'associe à ces souvenirs et
on ne l'oublie jamais : la mémoire
olfactive est impressionnante.
Au début, l'apprenti se rattache
essentiellement à ses souvenirs puis,
peu à peu, il découvre les « matières
premières» qu'il va classifier dans des
«familles olfactives» (odeurs
«boisées», «épicées», «fruitées» ...
).
la capacité de mémorisation d'un
bon parfumeur peut aller jusqu'à
5 ooo odeurs, avec toutes leurs
nuances..
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