Grand oral du bac : Les maladies psychosomatiques
Publié le 15/11/2018
Extrait du document
La dépression essentielle est le cas particulier d'état dépressif que serait susceptible d'atteindre un tel sujet à la suite d'un traumatisme, comme la perte d'un proche, des problèmes amoureux, de fortes contrariétés professionnelles, etc. Un sujet dans cet état ne ressent pas de sentiment de tristesse ou de mépris de soi, comme c'est le cas pour les dépressions « classiques », puisqu'il a perdu les moyens psychologiques d’accéder à ses émotions et de les identifier. Cependant le retrait du sujet par rapport à son monde intérieur est tel qu'il perd profondément goût à ses occupations et à la fréquentation de son entourage. L'hypothèse de Marty est que cette déconnexion du sujet vis-à-vis de son inconscient entraîne que les affects suscités au cours de la vie créent une tension qui ne peut plus être évacuée par la voie « habituelle » de l'élaboration psychique, et qui donc investit le corps sous la forme de pathologies. Ce modèle en grande partie psychanalytique de la formation des maladies psychosomatiques a bien sûr le défaut de ne pas fournir d'éléments d'explication tangibles quant au passage du psychique au somatique, qui reste de toute façon mystérieux. Il faut d'autant plus se garder d'en faire un dogme, que des maladies psychosomatiques touchent des sujets en phase avec leurs émotions, et que réciproquement tous les sujets présentant des signes de dépression essentielle ne sont pas malades, loin s'en faut. Cependant, un tel modèle est souvent évoqué en complément de données médicales objectives lorsque les praticiens tentent d'apporter une explication globale à un cas clinique précis.
QUAND L'ESPRIT JOUE SUR LES MAUX
Dans l'opinion commune, largement entretenue par les magazines et les émissions de vulgarisation, le cancer frapperait plus souvent les dépressifs ; l'hypertension, les nerveux ; l'ulcère, les gens stressés ; l'infarctus, les gens surmenés... Ces affirmations péremptoires de liens causaux directs entre certaines maladies et des facteurs psychiques constituent la plupart du temps une simplification excessive de la réalité, qui s'avère souvent complexe et pluri-factorielle. Il est ainsi difficile de séparer le préjugé du fait avéré. Pourtant, depuis plus d'un siècle, la pensée psychosomatique étudie scientifiquement ces rapports toujours quelque peu énigmatiques entre la sphère psychologique et la sphère somatique.
AUX ORIGINES DU MOT PSYCHOSOMATIQUE
Le mot « psychosomatique » est construit par l'accolement de deux mots venant du grec ancien : « psycho » (esprit) et « soma » (corps). Le mot (en tant qu'adjectif) a été créé par un psychiatre autrichien de l'école vitaliste, Heinroth, en 1818, pour désigner un type d'insomnie. Il est utilisé surtout depuis le début du xx- siècle pour désigner les liens clairement identifiables entre facteurs psychiques et certains types de maladies organiques du coup qualifiées de « psychosomatiques ». Le mot « psychosomatique » en tant que nom féminin date de 1946 et désigne un certain point de vue médical où sont étudiés les influences du psychisme sur le corps (et réciproquement). Dans un sens plus large, la « médecine psychosomatique » examine les rapports entre les facteurs psychiques et toutes sortes de manifestations organiques : traduction somatique des émotions, maladies fonctionnelles (syndrome du colon irritable, hypertension artérielle), douleurs physiques sans cause biologique apparente, effets sur le psychisme de maladies organiques et/ou de leur traitement. On parle de médecine psychosomatique, même si celle-ci n'est pas une branche véritablement déterminée de la médecine, mais plutôt une manière transversale d'envisager les problèmes médicaux, qui sache rapprocher les disciplines psychologiques et la médecine « classique ». Ainsi, l'approche psychosomatique, féconde depuis plus d’un siècle, propose des modèles toujours plus poussés dans
une exigence de remise en cause permanente, de manière à intégrer les résultats provenant de tous les champs de la médecine.
«
principe
actif, une partie des
lymphocytes est morte, ce qui ne
cadrait pas avec le modèle classique de
l'époque où systèmes nerveux et
immunitaire étaient considérés comme
clairement distincts.
Cela a prouvé qu'il
existe une influence du psychique sur le
système immunitaire.
Cette découverte
fortuite a conduit à la création d'une
nouvelle discipline : la psycho-neure
immunologie.
Par la suite, on a montré
que les messagers chimiques communs
au cerveau et au système immunitaire
sont présents avec densité maximale
dans les aires cérébrales contrôlant les
émotions, ce qui suggérerait une
incidence toute particulière des
émotions par rapport aux autres
événements mentaux, sur le syst�me
immunittlin.
t:on a identifié certaines
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de ces passerelles entre le système
nerveux autonome et le système
immunitaire au niveau
physiologique : il existe des cellules
nerveuses dont les extensions se
terminent directement au contact de
cellules immunitaires.
La
communication se fait dans les deux
sens : immunitaire vers nerveux et
nerveux vers immunitaire.
Ces
connexions s'avèrent de plus
essentielles au déclenchement de
certains types de réactions
immunitaires.
On peut donc dire que,
même si les liens entre psychisme et
réponse immunitaire sont loin d'être
clairs, il est certain qu'ils existent et ne
sont pas négligeables.
Sous l'effet du
stress, des hormones comme
l'adrénaline et la noradrénaline sont
sécrétées.
Même si les mécanismes
physiologiques qui s'ensuivent sont très
complexes, on peut en observer
clairement des effets globaux.
On pense
qu'au départ le stress est un processus
physique devant permettre à l'individu
de mobiliser toutes ses capacités de
réaction pour parer à un danger de
mort immédiat Les gens stressés de
nos jours le sont rarement pour cette
raison mais il ne faut pas oublier que
nous avons les mêmes gènes que les
hommes préhistoriques qui avaient
certainement à se défendre contre des
dangers mortels bien plus
nombreux : prédateurs, catastrophes
naturelles ...
Ainsi au cours d'un stress
intense toutes les fonctions qui ne sont
pas immédiatement vitales sont mises
en veille pour que toute l'énergie
disponible serve à la fuite ou la
défense.
En particulier le système
immunitaire perd de son efficacité ce
qui implique que l'individu est plus
enclin à attraper une maladie pendant
une phase de stress.
De plus si l'état de
stress se prolonge le blocage de
l'immunité peut devenir plus durable.
1 1
Une des raisons pour lesquelles ces
maladies sont classées comme
« psychosomatiques » est qu'elles n'ont
pas de cause connue suffisamment claire
(sauf l'ulcère).
Dans la plupart
des cas on ne peut traiter la maladie
qu'au niveau de ses symptômes.
POLYARTHRITE RHUMATOiDE
La polyarthrite rhumatoïde
(improprement appelée " arthrite »,
" rhumatismes ») est une maladie auto
immune se traduisant par une
inflammation des articulations.
Elle
commence en général par toucher les
tlrlicultlfions des mains et des genoux
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et peut conduire à long terme à des
déformations, voire des lésions, des os.
Elle apparaît surtout après 40 ans.
Les
causes sont inconnues, cependant on
peut agir sur l'évolution de la maladie
en atténuant la réponse immunitaire
conduisant à l'inflammation, grace à
des anti-inflammatoires et des
immunosuppresseurs.
On peut ajouter
à ce traitement de fond des
thérapeutiques annexes, comme la
kinésithérapie.
Le mécanisme de la
maladie est resté peu clair, mais on a
peu à peu découvert qu'elle est
déterminée par de nombreux facteurs
purement physiologiques : génétiques,
auto-immuns, infectieux.
Il n'y a
presque plus lieu de faire intervenir des
facteurs psychosomatiques.
RECTOCOLITE ULChO·HÉMORRAGIQUE
Cette maladie chronique inflammatoire
hémorragique du gros colon et du
rectum se traduit par des douleurs
abdominales et peut entraîner des
complications (occlusions, perforations
intestinales, fissurations et abcès ana
rectaux).
Là aussi, des fadeurs
immunologiques, infectieux et
génétiques ont été mis au jour.
Cependant certains défendent encore le
rôle des facteurs psychologiques dans
le déclenchement, l'évolution et la
gravité de maladie.
On ne sait pas
soigner complètement cette maladie.
Les complications sont cependant
opérables, et obligent parfois à
effectuer des ablations intestinales.
MALADIE DE BASEDOW
Dérèglement de la glande thyroïde,
entraînant des dérégulations
hormonales affectant l'ensemble du
corps.
Il s'agit d'une maladie auto
immune, c'est-à-dire où le système
immunitaire, défaillan� attaque les
cellules de son propre organisme.
On a
découvert des facteurs infectieux et
génétiques.
Mais des études montrent
aussi une certaine influence du stress
émotionnel sur le développement de la
maladie.
Un traitement efficace est
l'administration d'antithyroïdiens de
synthèse, qui inhibent la production
d'hormones par la glande en attendant
que la régulation revienne à la normale,
ce qui se produit au bout de 12 à 18
mois.
À ce traitement de fond, on peut
associer des médicaments traitant les
symptômes, comme les bêta-bloquants
pour ralentir le rythme cardiaque.
ULcERE GASTRODUODtNAL
t:ulcère gastroduodénal (autrement dit
"trou ») est caractérisé par un défaut
de substance sur la paroi de l'organe malade
(estomac etfou duodénum).
La
découverte de la bactérie Helicoboder
pylori, que l'on retrouve dans 90% des
ulcères duodénaux et 70% des ulcères
gastriques, a définitivement ruiné les
explications purement psychologiques
de la maladie.
On développe
aujourd'hui des modèles bien plus
complexes ou interviennent des
facteurs infectieux, génétiques,
psychiques, sociaux.
Ce sont les liens
entre système immunologique et
neurologiques qui permettraient
d'expliquer l'influence du psychisme.
On dispose de preuves claires du rôle
du stress physique post opératoire dans
l'induction de l'ulcère.
Le débat n'est
pas clos pour ce qui est du stress
émotionnel.
Le traitement de l'ulcère se
base principalement sur l'éradication
de H.
pylori par des antibiotiques, après
laquelle la maladie ne récidive plus.
LES AUTRES PATHOLOGIES
Les maladies de peau
On considère généralement que parmi
les maladies de peau, le psorlt1sis
(apparition chronique de plaques
rouges sur le corps), l'acné, et la pelade
(perte de cheveux), sont déclenchés ou
entretenus par des défauts dans
l'équilibre psychologique, bien que des
causes génétiques, environnementales
et immunitaires existent.
Le psoriasis,
qui atteindrait près de 3 millions de
personnes en France, est traité par
application de pommades décapantes
avec effet anti-inflammatoire.
Il semble
bénéfique d'y associer un traitement
psychologique.
L'hypertension artérielle
Les liens entre les émotions (stress,
colère) et l'hypertension artérielle sont
de mieux en
mieux établis.
Le
risque est plus
élevé pour les
caractères du type
« impatience ,, ou
« compétitivité ».
L'hypertension, véritable
problème de
santé publique (1 personne sur 6 en
France est atteinte), ne guérit pas mais
elle peut être atténuée par une bonne
hygiène de vie (abandon du tabac et de
l'alcool, alimentation équilibrée et
exercice physique) et par des
médicaments anti-hypertenseurs,
agissant au niveau de la pression
sanguine, des cellules musculaires des
artères ou des hormones impliquées
dans l'hypertension.
L'aslhme
Le facteur psychologique peut être
incriminé mais les causes de cette
maladie sont de plus en plus
avérées : système immunitaire et
hormonal, fadeurs génétiques et
infectieux, pollution.
Le premier geste
thérapeutique est l'élimination du
contact du patient avec l'allergène
causant la réaction asthmatique (qui
peut être : poussière, pollen, acariens, aliments
spécifiques).
On administre quotidiennement des
anti-inflammatoires e� lors des crises,
des broncho-dilatateurs.
Le cancer
ProliNrtlfion anarchique de cellules
dans un organe.
Des études
nombreuses ont été menées sur le
cancer du sein.
Rien n'a pu être
clairement démontré quant à l'impact
du stress ou de l'état dépressif sur le
déclenchement de la maladie ou de
facteurs psychiques sur l'évolution de la
maladie mais certaines études mettent
en avant l'influence néfaste de la
répression des émotions, notamment la
colère.
Les types de cancers sont très
variés et les traitements sont nombreux.
Ils incluent en général de la
radiothérapie (élimination des cellules
cancéreuses par des rayons X, à haute
énergie), et de la chimiothérapie
(administration d'un ensemble de
médicaments dirigés contre les cellules
cancéreuses).
causes
comportementales,
comme de
mauvaises positions devant le
poste de travail,
correspondent
souvent à des
hypertonies (tensions excessives)
musculaires d'origine psychologique.
Certains psychanalystes considèrent
qu'un blocage dans l'expression et la
décharge des pulsions par l'action ou
l'élaboration mentale peut conduire à
ces tensions musculaires douloureuses.
Une kinésithérapie est susceptible
d'aider le patient à agir sur ses
douleurs.
Les maladies coronariennes
Les maladies coronariennes constituent
la première cause de décès dans les
pays industrialisés.
Elles consistent en
un rétrécissement des artères
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coronaires, c'est-à-dire les vaisseaux
sanguins qui irriguent le muscle
cardiaque (myocarde).
Les individus
correspondant au profil de type A y
sont globalement prédisposés, même
s'il ne s'agit certainement que d'un des
nombreux facteurs rentrant en compte.
En cas de stress, l'accroissement du
taux d'adrénaline et de noradrénaline
dans le sang conduit à une
augmentation de la tension artérielle et
du rythme cardiaque.
Il se peut alors
que les artères coronaires, lorsqu'elles
sont anormalement rétrécies, soient
bouchées par la formation d'un caillot
de sang et ne puissent pas acheminer
suffisamment de sang au myocarde dont
la demande en oxygène
augmente.
Des patients ainsi
prédisposés sont susceptibles d'être
atteint d'ischémie (souffrance due au
manque d'oxygène dans le cœur), des
problèmes de rythme ou d'infarctus
(nécrose du myocarde due au manque
d'oxygène).
La prévention des maladies
coronariennes passe tout d'abord par
une bonne hygiène de vie (régime
alimenta ire pauvre en graisses,
notamment en cholestérol.
susceptible
de boucher les artères, et le sport).
Le
traitement médical comporte des
fibrinolytiques (molécules dissolvant le
caillot bouchant l'artère}, une
coronarographie (pour repérer où se
trouvent les éventuelles lésions et les
possibilités d'interventions
chirurgicales, comme les pontages).
QUELQUES SUSPICIONS
D'autres pathologies sont soupçonnées
d'obéir, au moins en partie, à des
déterminismes de type
psychosomatiques : les allergies, le
diabète de type 1, toutes les autres
maladies auto-immunes, la progression
du virus du sidt1, les symptômes du
lupus (maladie génétique).
On suppose
qu'elles sont favorisées par des
événements stressants etfou la
dépression chronique.
(AS DES EN FANTS
t:approche psychosomatique des
malades est particulièrement adaptée
au cas des enfants et adolescents.
Plus
un individu est jeune, donc d'autant
plus dépendant matériellement et
émotionnellement d'adultes de son
entourage, et d'autant moins capable
de se représenter, de distinguer et
d'exprime r ses besoins et ses troubles,
et plus il aura tendance à signifier ses
problèmes par la voie somatique.
Les
maux de ventre (coliques) du
nourrisson (moins de trois mois ) sont
souvent favorisés par une ambiance
trop agitée.
t:anorexie du bébé de six à
douze mois constitue fréquemment une
« protestation » de l'enfant contre une
obligation alimentaire imposée par la
mère.
VERS UNE MWECINE PLUS GLOBALE
De plus en plus, l'approche consistant à
caractéris er un nombre réduit de
maladies considérées comme
psychosomatiques est délaissée au
profit d'une approche plus globale du
malade, chez qui sont étudiées à la fois
les influences du psychisme sur la
maladie et celles de la maladie sur le
psychisme.
Il s'agit dans cette optique
de prendre en compte tout un
ensemble de facteurs à la fois
psychologiques et somatiques, le
problème élan� pour le praticien, que
ceux-ci peuvent varier énormément
d'un patient à l'autre, d'où la difficulté
de dégage r des corrélations entre les
caractéristiques des patients et leurs
symptômes.
li n'est plus défendable
scientifiquement de poser un lien de
causalité di red entre un profil et une
maladie..
»
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