Histoire des Mathématiques et mathématiciens
Publié le 10/10/2018
Extrait du document
LES XVII ET XVIIIe SIECLES :
L'INVENTION DE L'ANALYSE
Au xviie siècle apparaît le calcul infinitésimal découvert indépendamment par Isaac Newton (16421727) et Gottfried Leibniz (16461716). Ce calcul consiste à considérer des quantités infiniment petites. Il deviendra plus tard le calcul différentiel et intégral ou le calcul des variations.
Cette découverte est engendrée par l'invention de la géométrie analytique en particulier par René Descartes (1596-1650)et Pierre de Fermat (1601 -1665). Le premier, dans sa Géométrie publié en appendice de son Discours de la méthode en 1637, associe par cette méthode les droites ou les courbes à des équations algébriques. Le second découvrit comment résoudre les problèmes d'extremum en y associant la résolution d'équations algébriques.
Les logarithmes apparurent à la même époque, découverts par John Napier (1550-1617) et Henry Briggs (15611630).
Le calcul des probabilités fut également théorisé au XVIIe siècle en grande partie par Blaise Pascal(1623-1662). On lui doit également de nombreux travaux dans tous les domaines et en particulier sur le triangle binomial qui, bien que découvert dès l'antiquité, porte son nom.
La résolution des problèmes posés par Leibniz et Newton de quadrature de surfaces courbes ou d'intégration des équations différentielles fait du xviiie siècle le siècle de l'analyse.
Les principaux mathématiciens qui y contribuent sont Bernouilli, Joseph Lagrange (1736-1813), Adrien Legendre (1752- 1833), Jean D'Alembert (1717 -1783)...
Paradoxe d'Achille et de la tortue
Si une tortue a de l'avance au départ sur Achille, celui-ci ne pourra jamais la rattraper quelle que soit sa rapidité. En effet pendant qu’il court pour atteindre le point d'où est partie la tortue, celle-ci avance. Ainsi, lorsqu’il a atteint le point de départ de la tortue, celle-ci a toujours de l'avance sur lui. En recommençant le même raisonnement on conclut qu’Achille ne rattrapera jamais la tortue.
Quadrature du cercle, duplication du cube et trisection de l'angle
À la même époque (450 av. J.-C) vivait Hippocrate de Chio (à ne pas confondre avec son contemporain Hippocrate de Cos, spécialiste de médecine). Celui-ci fonda une école de mathématiques à Athènes. Il obtint des résultats importants sur la quadrature des lunules (croissants), qui firent sa réputation. Il tentait avec cet outil de résoudre le premier des trois problèmes principaux des mathématiciens grecs de cette époque : la quadrature du cercle. Cela consiste à construire à la règle et au compas un carré de même surface qu'un cercle donné.
Les deux autres problèmes considérés alors étaient la duplication du cube et la trisection de l'angle. Le premier pose le problème de la construction d'un cube dont le volume est le double d’un cube donné ; le second consiste à partager un angle en trois angles égaux.
Ces problèmes occupèrent les mathématiciens pendant plusieurs siècles et ce n'est qu'en 1837 que Pierre-Laurent Wantzel (1814-1848) établit que les deux derniers sont impossibles. Il fallut attendre Ferdinand Lindemann (1852-1939) en 1882 pour montrer que la quadrature du cercle est elle aussi impossible.
Aristote (384-322 av. J.-C) n'apportera pas de résultat très important aux mathématiques, mais ce fut le premier à poser les lois du raisonnement: propositions, sophismes, systèmes déductifs. Prémisses de la logique, ces lois sont la base des démonstrations
«
des
mathématiciens grecs.
Ils
inventèrent également les chiffres
arabes, qui proviennent des chiffres
indiens et que nous utilisons toujours
aujourd'hui.
Le mathématicien Thabit ben Q'ra
(836-901 ) fut le premier à traduire
les travaux d'Archimède, l'étude
d'Apollonius sur les sections coniques,
ainsi que la géométrie d'Euclide.
Il élargit l'usage de la théorie des
nombres aux rapports entre les
grandeurs géométriques.
Ensuite, Al
Bathani (858-929) introduisit la notion
de sinus et de cosinus, remplaçant la
corde des angles utilisée par les grecs.
Il fut ainsi l'inventeur de la
trigonométrie.
Mais le mathématicien le
plus important du IX' siècle est sans
doute Muhammad Al-Khwarizmi (780-
850).
Celui-ci écrivit un traité de
mathématiques pratiques pour montrer
" ce qui est le plus facile et le plus utile
en arithmétique » dans lequel il
explique les fondements de l'algèbre.
Il
y explique les procédés qu'il utilise
pour résoudre des équations et qui se
nomment a\-jabr et al-muqaba\a.
Au X' siècle, les travaux se portent sur
l'élaboration de table de valeurs de
sinus et sur une systématisation de
l'algèbre.
Abu Kami\ (850-930) étudie
par exemple les équations du 4' degré
et les nombres irrationnels comme n.
Le Xl' siècle fut moins productif, et c'est
au Xli' siècle qu'Omar AI-Khayyam
(1050 -1123) étudia la géométrie
d'Euclide et l'algèbre.
Il traita, et à sa
suite AI-Tusi (1201-1274), de l'extraction
de racines 4', 5', voire d'ordres
supérieurs.
Enfin, Al-Kashi à la fin du XIV' siècle,
calcula, entre autres travaux, une valeur
approchée den à 16 décimales.
Il
montra également une généralisation
du théorème de Pythagore pour un
triangle quelconque.
lf.i@(lf#@j
C'est avec la parution des traductions
des Éléments d'Euclide en Italie à la fin
du xve siècle que les mathématiques
reprennent de l'essor en Europe.
Les
artistes comme Paolo Uccello (1397-
1475) ou Piero della Francesca (1416-
1492) exploitent ces connaissances
pour inventer la �I'SIHctivr.
Les
cartographes tirent également profit de
cette renaissance mathématique avec
en particulier Gerhard Mercator (1512-
1594) au xvie siècle.
C'est également
au XV' siècle que
renaît la trigono
métrie grace à
Rrgiomont11nus
(1436- 1476)
qui explique
comment calculer _ .....
1&..0-• le
sinus et les
cordes des angles et qui publie des
tables de sinus.
!:algèbre
avait été abordée au début du
xm• siècle par Leon11rdo Fibonocci de
l'isr (1170-
1250), mais c'est
réellement au XVI'
siècle que cette
science des
équations prend
de l'importance.
En particulier, le
problème de la
résolution des équations du 3' degré
(avec x') occupa de nombreux
mathématiciens.
Scipione del Ferro
(1465-1526) résolut un cas particulier
de ces équations, celles qui ne
contiennent pas de second degré (pas
de x').
mais ne publia pas ce résultat.
Nicco/o Tortoglio (1500-1557) trouva
indépendamment le même résultat
qu'il compléta par
la résolution des
équations qui ne
contienne pas de
premier degré (pas
;��� de x).
Il refusa
également de
rendre publiques ses découvertes mais
les révéla à Jérôme Cardan (1501 -1576)
qui les publia en 1545 dans son Ars
Magna, le premier grand traité
d'algèbre européen.
Cet ouvrage
présente une véritable théorie des
équations algébriques.
Pour ces
travaux, Cardan est le premier à utiliser
les " nombres imaginaires » en utilisant
la racine carrée de -1.
Cette époque voit également
l'apparition des signes mathématiques
que nous utilisons aujourd'hui.
Auparavan� on écrivait les équations et
les calculs en texte et il est probable
que ceci ait ralenti l'avancée de la
science mathématique.
Le symbole " + » était une abréviation
du " et» latin et le symbole "= »fut
introduit en 1537 par l'anglais Robert
Recorde (1510-1558).
!:introduction de
lettres pour désigner les inconnues
(aujourd'hui x, y, z, etc) est faite par
l'allemand Michael Stifel (1486-1567).
Le français François Viète (1540-1603)
contribua également à cette entreprise
en introduisant non seulement des
symboles pour les grandeurs
algébriques (les inconnues), mais
également pour les opérations
(multiplication, division, etc).
Il appliqua
également ces méthodes à la
trigonométrie.
Ces travaux et leur usage par les
mathématiciens des XVI' et XVII' siècles
simplifièrent l'algèbre et la
trigonométrie et permirent des
avancées plus rapides.
LES XVII' ET
XVIII• SIÈCLES :
L'INVENTION DE L'ANALYSE
Au XVI� siècle
apparaît le calcul
infinitésimal
découvert indépen
damment par ISIIIIC
Nrwton (1642-
1727) et Gottfried
Leibniz (1646-
1716).
Ce calcul
consiste à considérer des quantités
infiniment petites.
Il deviendra plus tard
le calcul différentiel et intégral ou le
calcul des variations.
Cette découverte est engendrée par l'invention
de la géométrie analytique
en particulier par René Drscortes
(1596-1650) et
Pierre de Fermat
(1601 -1665).
Le
premier, dans sa
Géométrie publié
en appendice de
son Discours de la
méthode en \637,
associe par cette méthode les droites
ou les courbes à des équations
algébriques.
Le second découvrit
comment résoudre les problèmes
d'extremum en y associant la résolution
d'équations algébriques.
Les logarithmes apparurent à la même
époque, découverts par John Napier
(1550-1617) et Henry Briggs (1561-
1630).
Le calcul des probabilités fut également
théorisé au XVII' siècle en grande
partie par B/oise
l'oscol (1623-
1662).
On lui doit
également de
nombreux travaux
dans tous les
domaines et en
particulier sur le
triangle binomial qui, bien que
découvert dès l'antiquité, porte son
nom.
La résolution des problèmes posés
par Leibniz et Newton de quadrature
de surfaces courbes ou d'intégration
des équations différentielles fait du
XVIII' siècle le siècle de l'analyse.
Les principaux mathématiciens qui y
contribuent sont Bernouilli, Joseph
Lagrange (1736-1813), Adrien Legendre
(1752- 1833), Jean D'Alembert (1717-
1783) ...
Leonhord Euler
(1707- 1783)
dégagea le calcul
infinitésimal de
la géométrie qui
le rendait très
difficile à
appréhender.
Il rattacha
égalemen� avec Pierre Laplace (1749-
1827), la trigonométrie à l'algèbre.
C'est à cette époque que les
conjonctures de Christian GoldBach
(1690-1764) sont posées :tout entier
pair supérieur ou égal à 4 est somme
de deux nombres premiers et tout
entier impair supérieur ou égal à 9 est
somme de trois nombres premiers.
Malgré des progrès dus à Vinogradov
(1937), Chen (1973) et Vaughan (1975),
ces conjectures demeurent aujourd'hui
encore des problèmes non résolus.
LE XIX' SIECLE :NOUVEAU
FORMALISME ET NOUVELLES
DISCIPLINES
On voit apparaître peu à peu un
nouveau formalisme et une nouvelle
rigueur, par exemple dans la
construction des
nombres réels ou
l'axiomatisation
des nouvelles
structures
algébriques tels
les groupes, ou les
espaces vectoriels.
Au début du xiX' siècle, Augustin-Louis
Couchy(1789-1857) met en évidence
à travers ses nombreux travaux en analyse
l'insuffisance de l'intuition
géométrique et la nécessité de la
rigueur mathématique.
!:analyse est
alors principalement composée de la
théorie des fonctions à variable
complexe abordée également par
Georg Riemann (1826-1866).
!:algèbre simplifiée par le nouveau
formalisme progresse considérablement
grâce à Niels
H.
Abel (1802-
1829), Evorlstr
Go/ois (1811 -
1832), Carl Jacobi
._---'""-'..._..-;:.._.
(1804-1851),
Ernst
Kummer (1810-1893), George Boole
(1815-1864), Marius Lie (1842-1899).
Ces deux derniers donnent d'ailleurs
leur nom à des structures algébriques
nouvelles.
Une révolution importante en
géométrie est l'invention des
géométries non-euclidiennes où l'on
remplace le postulat d'Euclide par un
autre.
Ce sont les géométries
hyperboliques et elliptiques dues
respectivement à Nikolaï Lobatchevski
(1793-1856) et à Riemann (1826-
1866).
Les géométries projectives sont
ensuite étudiées par Michel Chasles
(1793 -1880), Jean Poncelet (1788-
1867), Felix Klein (1849-1925).
Cor/ Friedrich Gouss (1777-1855)
apporta des
résultats dans
tous ces
domaines et
contribua de plus
à l'élaboration
de la théorie
statistique.
On lui
doit par exemple
la distribution
normale (également appelée courbe de
Gauss).
Il poursuivait les travaux de
Denis Poisson (1781 -1840) et Lambert
Quételet (1796-1874).
On voit également apparaître la théorie
des ensembles introduite par Georg
Cantor (1845- 1918) et Richard
Dedekind (1831-1916) qui permet en
particulier de différencier l'infini des
entiers, dénombrable, et l'infini des
réels, continu, qui est " plus grand »,
réfutant enfin de façon convaincante les
paradoxes de Zénon d'Élée, 2 300 ans
après leur formulation !
LES MATHÉMATIQUES
MODERNES
La fin du XIX' siècle voit la naissance
des mathématiques modernes.
À Paris,
en 1900, David Hilbert (1862 -1943)
énonce une liste de 23 problèmes
sur des domaines très variés qui
engendreront de nombreuses
recherches, encore aujourd'hui.
Hilbert et Henri
Poincon (1854-
1912) sont
considérés
comme les plus
grands mathé
maticiens de
cette époque,
et sans doute
les derniers à connaître toute la
mathématique de leur temps.
Les mathématiciens du XX' siècle poursuivent
l'œuvre de formalisation
entamée au siècle précédent,
l'élargissant à tous les domaines des
mathématiques.
!:axiomatisation est
poussée à son paroxysme avec le
groupe de mathématiciens Bourbaki
(1939) qui publie depuis sa création les
Eléments de Mathématique dont on
dénombre à ce jour une quarantaine de
volumes.
On assiste également à une
généralisation de certains résultats.
Ainsi, Henri Lebesgue (1875-1941),
s'appuyant sur les travaux d'Emile Borel
(1871-1956), généralise la théorie de
l'intégration.
En algèbre, Stefan Banach
(1892- 1945) définit de nouvelles
structures.
Les ensembles découverts par Gaston
Julia (1893 -1978) permirent à Benoif
Monde/brot d'Inventer les fractales
dans les années
1970.
Elles ont des
applications dans
de nombreux
domaines où la
théorie du chaos
s'applique, c'est-à
dire où d'Infimes
variations des
conditions de départ entraînent des
variations immenses à l'arrivée
(biologie, économie, climatologie,
mécanique des fluides).
Dans les années 1930, Kurt Gode\
(1906-1978) montre que les
mathématiques sont " incomplètes » :
il existe au moins une proposition
indécidable, c'est-à-dire dont on ne
peut prouver qu'elle est vraie ou
fausse ! On peut cependant montrer
que cette science n'est pas
contradictoire ...
La deuxième moitié du XX' siècle voit
l'apparition des ordinoteurs et de
l'informatique dont Johannes Von
Neumann (1903-1957) et Alan Turing
(1912- 1954) sont considérés comme
les inventeurs.
Depuis, ces outils et
leur puissance de calcul ont
considérablement facilité certaines
tâches des mathématiciens, mais il
n'existe pas encore de machine capable
de réaliser une démonstration
mathématique complexe sur un sujet
donné .•
Ce n'est qu'en 1995 qu'Andrrw Wilrs
résout le célèbre
théorème de
Fermat, énoncé
en 1641, en
utilisant un
rapprochement
des formes
modulaires et
des courbes
elliptiques.
!:énoncé du théorème de
Fermat-Wiles (1995) est le suivant : il
n'existe pas de solution autre que x=O,
y=O, z=O à l'équation "1!'+'{'=7!' dès
que n est supérieur à 2.
Certains problèmes sont d'ailleurs
toujours ouverts comme par exemple
les " 7 problèmes du millénaire » posés
en 2000 par le Clay Mathemaûcs
lnsûtute, dotés chacun d'un prix
d'un million de Dollars..
»
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