zazie le langage
Publié le 09/12/2012
Extrait du document
«
[1.1.
Défense et illustration du néo-français] Zazie dans le métro s'apparente clairement à une défense et
illustration du néo-français.
Soucieux de donner ses lettres de noblesse à une langue orale méprisée par
l'institution, Queneau veille à faire entendre la langue parlée.
Dans le roman, de nombreux mots sont ainsi
transcrits phonétiquement comme en témoignent certaines graphies provocatrices : « skeutadittaleur », « a
boujpludutou » ou encore « ltipstu ».
En outre, le romancier intègre un parler populaire sensible dans le lexique
argotique : « le derche » pour le derrière, « le bada » pour le chapeau ou les « éconocroques » pour les
économies.
Enfin, la syntaxe apparaît plus relâchée ce qui se traduit par une dislocation de la phrase
canonique et des phénomènes de reprise.
On observe ainsi que les personnages valorisent souvent le thème
placé en début de phrase : « les gosses, ça se lève tôt le matin » dit Gabriel ; « notre guidenappé, on va plus
pouvoir le retrouver » s'écrie la veuve Mouaque.
[1.2.
L'art du contrepoint] Cependant, Queneau ne se contente pas de faire entrer dans son roman une langue
orale.
Il excelle surtout dans l'art du contrepoint en produisant des effets de décalage entre une langue savante
et une langue parlée, familière ou vulgaire.
Dès le premier chapitre, on peut être sensible au choc entre
plusieurs registres de langue : les jurons de Zazie (« Sacrebleu, merde alors ») sont suivis d'un commentaire du
narrateur évoquant le « thomisme légèrement kantien » de Gabriel.
De plus, ces dissonances produisent
souvent un effet comique.
Les méditations de Gabriel se révèlent ainsi parodiques par une association de
termes abstraits et de termes triviaux : « le silence des espaces infinis », formule empruntée à Pascal, est
confondu avec « l'odeur des choux-fleurs » dans le discours prononcé à la terrasse du Café des Deux Palais.
Les contrepoints permettent donc un détournement de toute parole édifiante : les paroles philosophiques
croisent les causeries insignifiantes dans un méli-mélo ludique.
[Conclusion de partie - Transition] Ainsi, le détournement de la langue opéré par Queneau favorise un jeu de
langage virtuose qui produit in fine un roman polyphonique.
Ces jeux contribuent dès lors à une théâtralisation
généralisée de la parole.
[2.
Une théâtralisation de la parole].
»
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