YVER Jacques : sa vie et son oeuvre
Publié le 11/11/2018
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YVER Jacques (vers 15487-1571 ou 1572). Conteur et poète, Jacques Yver est l’un des auteurs les plus lus de la fin de la Renaissance. Le destin n’a pas souvent aussi gracieusement réuni un nom de famille et l’œuvre d’une saison : ce Printemps, recueil unique, qui paraît en 1572, aussitôt après la mort de l’écrivain. II semble que ses contemporains, s’ils apprécient l’œuvre, connaissent peu l’auteur, et sans doute n’a-t-il pas eu le temps de se faire connaître davantage : on le croyait d’abord né vers 1520, mais des études récentes proposent avec plus de raison la fin des années 1540. On comprend mieux que, comme bousculé par un sombre pressentiment, Jacques Yver donne à regret « congé à son livre », craignant pour ses
«
vers,>mal appris à voler, l'injure de
« l'hiver hérissé>>.
Demeure un peu, demeure, où vas-tu, mon enfant?
Où vas -t u , pauvre fol, ton aage te deffend
De t'en fuir si tost ...
On imagine mal, en effet, un magistrat un peu mûr
livrant sur le tard ce« printemps de liesse» plein d'exu
bérances incontrôlées - au demeurant bien daté, dans
son style et ses préoccupations, de l'époque où parut
l'ouvrage.
Yver est né dans une famille de notables fortunés,
bien présents dans la vie municipale de Niort.
Il a étudié
le droit, et sa vie a peut-être ressemblé à celle de deux
de ses plus gais personnages : Floradin et Claribel, étu
diants en Italie et à Poitiers, hobereaux en leur pays,
grands parcoureurs de chemins, et galants où qu'ils se
trouvent; sur le plan religieux, ils veulent bien >, mais Jacques Yver n'a pas eu le temps de
l'écrire.
Quand les Amadis ronsardisent
Le Printemps doit beaucoup, dans son goût pour les
exploits chevaleresques mêlés de discours rhétoriques,
aux Amadis [voir AMADIS DE GAULE] qui lui fournissent
cette charpente narrative, mais son style est une création
tout à fait originale.
Lui qui veut combattre l'influence
des Italiens conçoit -toutes proportions gardées -sa
prose comme la poésie de l'Arioste : ce chemin passe
par Ronsard.
et même par le du Bellay des AnJiquités.
Il
lui faut à la fois atteindre la technicité la moins complai
sante (mais les mots qui lui viennent à la bouche sont
ceux du chasseur, du cavalier ou du joueur de cartes) et
introduire la métaphore poétique dans la prose.
Une
jeune demoiselle penche son visage en larmes « comme
on voit un pavot aggravé de pluie baisser tristement la
teste contre terre ».
La nuit devient un « voile brun>>, et
le combat un mélange >, etc.
Mais sa passion des images l'amène autant vers l'outil
ou les expressions de la langue populaire (.
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