VUE GÉNÉRALE DU SEIZIÈME SIÈCLE
Publié le 31/05/2012
Extrait du document
«
et du succès, voué enfin à la poursuite des jouissances maté rielles.
Il avait fait la littérature à son image : une littérature pauvre d'idées, de sentiment vulgaire et cyniqùe, de forme aisée
et légère sans grandeur,< à laquelle les érudits des cours féodales
n'étaient arrivés qu'à opposer une littérature vide, de forme com pliquée, capable seulement de donner le sentiment d'un immense
effort évanoui dans le néant des résultats, dans le néant mème des
intentions.
Quelques tentatives s'étaient produites pour élargir la pensée,
ou renouveler
la littérature : mystiques, hérétiques, philosophes et curieux de toute sorte avaient, avec plus ou moins de succès
individuel, essayé de rompre le réseau du dogme.
Certains tempé.:.
raments avaient trouvé en eux-mèmes des sources profondes de
réflexion ou de poésie : diverses influences avaient excité çà et
là des commencements de philosophie et d'art.
Une grande idée
s'était levée, l'idée nationale, lien des âmes et principe d'unité
littéraire : elle pouvait prendre la place des idées centrales et com munes, d'où l'inspiration du moyen âge était sortie.
Mais rien n'aboutissait : dans la littérature, qui seule doit nous
occuper, tous les efforts individuels se perdaient dans l'inerte masse
des débris du passé.
Ni génie d'un homme, ni commun sentiment
n'avaient la force de rejeter le poids encombrant des choses mortes.
Tous les germes furent, non pas,
comme on le croit trop souvent,
étouffés, mais excités, épanouis par la Renaissance.
1.
LA DÉCOUVERTE DE L'ITALIE.
On se représente communément la Renaissance comme un
réveil de l'antiquité.
Cela n'est pas vrai de la France, ou du moins
n'est pas complet
ni exact.
Le xive et le xv• siècle auraient fait la
Renaissance, si l'antiquité seule avait suffi pour donner au génie
français l'impulsion efficace et définitive.
Nous avions les anciens,
nous les lisions, nous les admirions : nous ne savions pas
ce qu'il
y fallait admirer et prendre, ce qui nous était utile et nécessaire
pour nous développer.
Il nous fallait l'idée de l'art, idée à laquelle
peut-ètrele fond de notre tempérament national est assez réfractaire,
qu'en cinq siècles de fécondité littéraire il n'avait pas acquise, que
peut-ètre il ne pouvait absolument pas s'adapter dans toute sa
pureté, et qu'il lui fallut toutefois saisir le plus possible pour s'exprimer par elle dans une grande littérature.
Le xvi• siècle, au point de vue strictement littéraire, n'est en somme que l'histoire
de l'introduction de l'idée d'art dans la littérature française, et de
son adaptation à l'esprit français..
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