« Voyage en Espagne » de Théophile Gautier (commentaire composé)
Publié le 04/11/2016
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On lit, dans le « Voyage en Espagne » de Théophile Gautier la descriptions suivante :
« Au sortir de Bordeaux, les landes recommencent plus tristes, plus décharnées et plus mornes, s'il est possible; des bruyères, des genêts et des pinadas (forêts de pins); de loin en loin quelque fauve berger accroupi gardant des troupeaux de moutons noirs, quelque cahute dans le goût des wigwams des Indiens : c'est un spectacle fort lugubre et fort peu récréatif. On n'aperçoit d'autre arbre que le pin
LE PIN DES LANDES
On ne voit, en passant dans les Landes désertes,
Vrai Sahara français, poudré de sable blanc,
Surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eau verte D'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc;
Car, pour lui dérober ses larmes de résine,
L'homme, avare bourreau de la création,
Qui ne vit qu'aux dépens de ceux qu'il assassine,
Dans son tronc douloureux ouvre un large sillon.
Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte,
Le pin verse son baume et sa sève qui bout,
Et se tient toujours droit sur le bord de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.
Le poète est ainsi dans les Landes du monde;
Lorsqu il est sans blessure, il garde son trésor.
Il faut qu'il ait au cœur une entaille profonde Pour épancher ses vers, divines larmes d'or.
Sous forme de commentaire composé, vous comparerez ces deux textes; vous étudierez quelles transformations Théophile Gautier a fait subir, dans son poème, à sa page de prose.
Procéder par lectures successives de manière à faire surgir les similitudes (de vocabulaire, de construction, de thèmes) et les dissemblances. Puis bâtir un plan qui tienne compte de l’aspect principal : ici, ce qui prédomine c’est la différence d’intention. Le texte en prose n’est que descriptif, alors que le texte d’ Espana part de la description pour aboutir à la métaphore finale sur le poète : le poème appartient au genre de l'allégorie. L’allégorie se définit comme « une proposition à double sens, à sens littéral et à sens spirituel tout ensemble, par laquelle on présente une pensée sous 1 ’image d’une autre pensée, propre à la rendre plus sensible et plus frappante que si elle était présentée directement et sans aucune espèce de voile » (Fon-tanier).
«
avec
son entaille d'où coule la résine.
Cette large blessure, dont la
couleur saumon tranche avec les tons gris de l' écorce, donne un
air on ne peut plus lamentable à ces arbres sou ffrete ux et privés de
la plus grande partie de leur sève.
On dirait une forêt injustement
égor gée qui lève les bras au ciel pour lui demander justice.
»
Voici, d au tre part, la poésie que, dans le même temps, lui inspir e
le même spectacle :
L E PIN DES LA NDE S
On ne voit, en passant dans les Landes désertes,
Vr ai Sahar a franç ais, poudr é d e sable blanc,
Sur gir de l'her be sèche et des flaques d'eau ver te
D'autr e arbr e que le pin avec sa plaie au flanc;
Car , pour lui dérober ses larmes de rési ne,
L' homme, avare bou rreau de la créa tion,
Qui ne vit qu' aux dépens de ceux qu'il assass ine,
Dans son tronc doulour eux ouvr e un large sillon.
Sans regretter son sang qui coule goutte à go utte,
Le pin verse son ba ume et sa sèv e qui bout,
Et se tient toujo urs dr oit sur le bor d de la route,
Comme un soldat blessé qui veut mour ir deb out.
Le poè te est ainsi dans les Landes du monde;
Lor squ il est sans blessur e, il gar de son trés or.
Il fa ut qu'il ait au cœu r une entaille profonde
Pou r épancher ses vers, divine s larmes d'or.
Sous forme de comme ntaire com posé, vous comparerez ces deux
text es; vous étudier ez quelles transfo rmations Théophile Gautier a
fa it su bir , dans son poème, à sa page de prose.
o-.
Théoricien de « l'Art pour l'Art », Gautier fut un
grand voyageur : l' Espagne, l'Italie, la Grèce, la Tur
quie et la Russie l'accueilleront.
Ses souvenirs d'Espagne
lui ont fourni la matière de deux ouvrages : l' un en prose
- Tra los Mo ntes (1843) -, l'autre en vers -Espaiia (1845 ).
� Éviter le piège de toute comparaison qui consiste
� à traiter chaque texte séparément (première puis
deuxième partie) et tenter une rapide synthèse (troisième
partie).
Une telle conception serait impitoyablement sanc
tionnée par une note médiocre -voire très mauvaise.
100.
»
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