Vous tenterez de caractériser la «modernité» de Giraudoux dans Électre.
Publié le 04/08/2014
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Vous tenterez de caractériser la «modernité« de Giraudoux dans Électre.
(INTRODUCTION)
On considère souvent Jean Giraudoux comme un auteur précieux, classique
et un peu suranné. Pourtant, une bonne partie de son oeuvre, en
particulier son oeuvre théâtrale, semble avoir des accents qui touchent un
larg-e public, au-delà des frontières linguistiques : la réception et le succès
d'Electre, plus d'un demi-siècle après sa création, en témoigne.
On étudiera ce qui, dans la pièce, explique qu'on puisse parler d'une
étonnante jeunesse, d'une modernité d'Électre. On prêtera attention,
notamment, au fait que Giraudoux donne une dimension poétique, fantaisiste
et anachronique à l'antique légende.

«
Le lyrisme.
La poésie cosmique créée par les images va de pair avec le
lyrisme
de certains passages (voir Texte 5, p.
154), véritables morceaux de
prose poétique, rythmés par des répétitions anaphoriques (Il, 8 : «On
m'avait donné»), des tournures exclamatives, des allitérations, des asso
nances, des répétitions.
Le lyrisme est également très présent dans le
chant d'amour fraternel d'Électre (voir Texte 3, p.
146) ou celui d'Égisthe
criant presque le nom de la jeune fille (II, 7).
Dans ces tirades, la voix
s'élève avec la
même ferveur que dans les chants d'amour d'autres
héroïnes de Giraudoux, par exemple Judith (dans la pièce du même
nom), Andromaque (dans La guerre de Troie n'aura pas lieu) ou Alcmène
(dans Amphitryon 38).
La fantaisie permet d'atténuer les aspects tragiques de la pièce et de lui
donner un souffle nouveau.
Elle se déploie sur le plan du langage, de
manière raffinée et parfois sur le mode puéril du jeu et de la désinvolture.
Les procédés.
La fantaisie résulte des jeux de mots, parfois donnés
explicitement pour tels ( « [.
..
] la donner à la terre.
Par une espèce de ieu de
mots,
il se trompe, il la donne à un jardin'" 1, 4) ; elle provient également de
l'incohérence voulue des association d'idées («Et Cassandre fut étranglie
dans l'échauguette.
Ils l'avaient prise dans un filet et la poignardaient'" 1, 1;
«C'est la première chose de savoir faire les nœuds dans la vie ...
», «Et les lacets ?
Songez que Narsès était l!raconnier.
..
», 1, 3).
La préciosité.
L'accumulation des images poétiques crée un monde à
part, délibérément opposé à tout réalisme (voir Approche 4, p.
123) : «Elle
peut encore être une courbe, une conque, une pente maternelle, un berceau'" dit
Électre pour définir ce qu'est selon elle une bonne mère (1, 4).
Certains
lecteurs de Giraudoux estiment cette préciosité excessive.
Prenant la
défense del' écrivain, Marie-Jeanne Durry (L'Univers de Giraudoux) montre
la puissance d'une telle écriture : «Il faut que [ ...
] soient tombés dans l' ou
bli toute la part tintante, toute la part gratuite, les concetti et les acrobaties,
les marivaudages et les raffinements, le fin du fin et les visibles trapèzes,
pour que dans un chatoiement, dans un déliement miraculeux ne subsiste
que l'illusionniste sans matériel dont la sorcellerie est si naturelle.»
La place de l'enfance.
Le ton ludique et enfantin des propos des petites
Euménides (voir les sortes de comptines ou de devinettes sur
Clytemnestre, que le jardinier appelle des «histoires stupides'" 1, 1) forme
un contraste saisissant avec le sérieux et la gravité macabre de l'intrigue.
Les autres personnages ont une vision plus nostalgique de leur enfance,
comme en témoignent les souvenirs d'Électre liés à la figure du père (1, 8.
»
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