Vous montrerez pourquoi on a pu dire que le plus grand charme de la poésie de Musset était son absolue sincérité.
Publié le 22/02/2012
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Nous avons fait, dans le premier paragraphe, la coupure d'un développement où J. Lemaitre explique pourquoi Musset, malgré ses vices et son incrédulité, plaît à des âmes vertueuses et pieuses.
Et d'où lui vient cette puissance? Je ne pense pas (bien qu'il l'ait presque dit; mais il lui est arrivé, comme à tout 16 monde, de dire des sottises), je ne pense pas qu'il suffise, pour être un grand poète et pour émouvoir les autres, d'étaler des lambeaux de son coeur; et si vous n'êtes, comme moi, qu'une tête dans le troupeau, je vous dirai : « Cachez-moi celai car vos lambeaux ne m'intéressent pas du tout. » Mais, étant donné, d'ailleurs, que Musset était un poète de génie, c'est bien parce qu'il se livre à nous tel qu'il est, c'est bien par l'évidence de sa sincérité qu'il est à part entre les poètes, et qu'il nous touche si fort quand il nous touche. C'est ce qui explique que ce sensuel, ce débauché, cet incroyant, plaise tant à de bonnes âmes très simples et, en général, aux personnes du clergé. Quand il injurie ce pauvre Voltaire et qu'il le rend responsable de la conduite inepte de Jacques Rolla, ou quand il traite Kant de « rhéteur allemand » (ce qui est tout à fait inattendu), ou quand il prie Dieu de se faire voir par un trou du ciel, je connais des gens dédaigneux à qui tout cela semble un peu puéril; mais du moins on sent qu'il ne se moque pas de nous, qu'il dit tout naïvement ce qu'il pense; on le sent à un accent qui ne trompe pas. Il y a chez cet homme de tant d'esprit un fond de candeur.
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- Que pensez-vous de ce jugement de Jules Lemaître sur Musset : « Je ne pense pas (bien qu'il l'ait presque dit ; mais il lui est arrivé, comme à tout le monde, de dire des sottises), je ne pense pas qu'il suffise, pour être un grand poète et pour émouvoir les autres, d'étaler des lambeaux de son cœur ; et si vous n'êtes comme moi qu'une tête dans le troupeau, je vous dirai : « Cachez-moi cela! car vos lambeaux ne m'intéressent pas du tout, » Mais, étant donné d'ailleurs que Musset était
- « La science ne se soucie ni de plaire ni de dé-plaire; elle est inhumaine. Ce n'est pas elle, c'est la poésie qui charme et qul console. C'est pourquoi la poésie est plus nécessaire que la science. » Après avoir expliqué cette parole d'A. France, vous direz si les progrès de la science entraînent la dis-parition de la poésie.
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- Discutez cette parole d'Anatole France : La science ne se soucie ni de plaire, ni de déplaire : elle est inhumaine. Ce n'est pas elle, c'est la poésie qui charme et qui console. C'est pourquoi la poésie est plus nécessaire que la science. »
- Discutez cette parole d'Anatole France : « La science ne se soucie ni de plaire, ni de déplaire : elle est inhu¬maine. Ce n'est pas elle, c'est la poésie qui charme et qui console. C'est pourquoi la poésie est plus néces¬saire que la science. »