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Vous ferez le commentaire du texte de Cyrano de Bergerac. œuvres diverses de M. Cyrano de Bergerac, Lettres satiriques, « Contre les médecins »

Publié le 08/09/2018

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cyrano

Monsieur, Puisque je suis condamné (mais ce n’est que du Médecin, dont j’appellerai plus aisément1 que d’un arrêt prévôtal), vous voulez bien que de même que les criminels qui prêchent le peuple quand ils sont sur l’échelle, moi qui suis entre les mains du Bourreau, je fasse aussi 5 des remontrances à la jeunesse. La Fièvre et le Drogueur2 me tiennent le poignard sur la gorge avec tant de rigueur, que j’espère d’eux qu’ils ne souffriront pas que mon discours vous puisse ennuyer. Il ne laisse pas, Monsieur le gradué3, de me dire que ce ne sera rien, et proteste cependant à tout le monde, que sans miracle je n’en puis relever. Leurs présages 10 toutefois, encore que funestes, ne m’alarment guère, car je connais assez que la souplesse4 de leur art les oblige de condamner tous leurs Malades à la mort, afin que si quelqu’un en échappe, on attribue la guérison aux puissants remèdes qu’ils ont ; et s’il meurt, chacun s’écrie que c’est un habile homme, et qu’il l’avait bien dit. Mais admirez l’effronterie de mon /5 Bourreau : plus je sens empirer le mal qu’il me cause par ses remèdes, et plus je me plains d’un nouvel accident, plus il témoigne s’en réjouir, et ne me panse d’autre chose que d’un « Tant mieux >> ! Quand je lui raconte que je suis tombé dans une syncope ' léthargique, qui m’a duré près d’une heure, il répond que c’est bon signe. Quand il me voit entre 20 les ongles d’un flux de sang5 qui me déchire : « Bon ! dit-il, cela vaudra une saignée ! >> Quand je m’attriste de sentir comme un glaçon qui me gagne toutes les extrémités, il rit en rn'assurant qu’il le savait bien, que ses remèdes éteindraient ce grand feu. Quelquefois même que, semblable à la Mort, je ne puis parler, je l’entends s’écrier aux miens qui pleurent de 25 me voir à l’extrémité : << Pauvres nigauds que vous êtes, ne voyez-vous pas que c’est la fièvre qui tire aux abois6 ? >> Voilà comme ce traître me berce ; et cependant, à force de me bien porter, je me meurs. Je n’ignore pas que j’ai grand tort d’avoir réclamé mes ennemis à mon secours : mais quoi ? Pouvais-je deviner que ceux dont la science fait profession de guérir l’em-30 ploieraient tout entière à me tuer ? Car hélas ! c’est ici la première fois que je suis tombé dans la fosse, et vous le devez croire puisque si j’y avais passé quelque autre fois, je ne serais plus en état de m'en plaindre. Pour moi, je conseille aux faibles lutteurs, afin de se venger de ceux qui les ont renversés, de se faire médecins ; car je les assure qu’ils mettront en terre ceux qui 35 les y avaient mis. En vérité, je pense que de songer seulement, quand on dort, qu’on rencontre un médecin, est capable de donner la fièvre.

1. Dont j’appellerai plus aisément que d’un arrêt prévôtal : dont je contesterai le jugement plus aisément qu’une décision de justice.

2. Le Drogueur : le médecin.

3. Il ne laisse pas, Monsieur le gradué : Monsieur le médecin ne cesse pas...

- Problématique : sur quels procédés repose la dimension critique de la littérature ?

 

■ Exploiter les textes du corpus et mobiliser ses connaissances

 

• Dans le texte 1, on peut repérer les griefs qui sont faits aux médecins, mais aussi la forme légère qui est adoptée : il s'agit d'un texte très court, dont la dimension allégorique est évidente (le malade n'est jamais nommé, quant aux médecins, leurs noms s'opposent), par ailleurs, on remarque l'absence de morale explicite.

 

• Dans le texte 2, on note que la médecine fait l'objet d'accusations outran-cières, caractéristiques du registre satirique. On repère aussi l'implication du locuteur, par l'emploi du pronom personnel de la première personne, et celle du destinataire, par les questions rhétoriques, l'impératif ou encore l'emploi du pronom à valeur généralisante, « on ».

 

• Dans le texte 3, on s'intéresse surtout à l'ironie : Molière laisse la parole au médecin. Il doit faire la défense de son art, mais son éloge se révèle être un blâme. L'auteur dramatique fait semblant de ne pas s'impliquer, de ne pas juger. Parmi les procédés ironiques, relevez les différentes comparaisons.

 

• Dans le texte 4, on peut observer que, dans un premier temps, Knock s'oppose à Mousquet, mais que, très vite, ce dernier, appâté par les avantages matériels des théories de Knock, se montre convaincu (« En tous cas, c'est une très belle théorie »). Ce revirement participe de la satire, au même titre que les exagérations. À noter aussi la brièveté des répliques qui rendent la scène dynamique.

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« • Texte 2 : Cyrano DE BERGERAC, Œuvres diverses de M.

Cyra no de Bergerac, Lettres satiriques, «Contre les médecins » (165 4) Monsie ur, Puisque je suis condamné (mais ce n'est que du Médecin, dont j'appellerai plus aisément1 que d'un arrêt prévôtal), vous voulez bien que de même que les criminels qui prêchent le peuple quand ils sont sur l'échelle, moi qui suis entre les mains du Bourreau, je fasse aussi 5 des remontrances à la jeunesse.

La Fièvre et le Drogueur2 me tiennent le poignard sur la gorge avec tant de rigueur, que j'espère d'eux qu'ils ne souff riront pas que mon discours vous puisse ennuyer.

Il ne laisse pas, Monsieur le gradué\ de me dire que ce ne sera rien, et proteste cependant à tout le monde, que sans miracle je n'en puis relever.

Leurs présages 10 toutef ois, encore que funestes, ne m'alarment guère, car je connais assez que la souplessé de leur art les oblige de condamner tous leurs Malades à la mort, afin que si quelqu'un en échappe, on attribue la guérison aux puissants remèdes qu'ils ont; et s'il meurt, chacun s'écrie que c'est un habile homme, et qu'il l' avait bien dit.

Mais admirez l'effronterie de mon I5 Bourreau : plus je sens empirer le mal qu'il me cause par ses remèdes, et plus je me plains d'un nouvel accident, plus il témoigne s'en réjouir , et ne me panse d'autre chose que d'un «Tant mieux >>! Qu and je lui raconte que je suis tombé dans une syncope léthargique, qui m'a duré près d'une heure, il répond que c'est bon signe.

Quand il me voit entre 20 les ongles d'un flux de sang5 qui me déchire : «Bon ! dit-il, cela vaudra une saignée ! >> Qu and je m'attriste de sentir comme un glaçon qui me gagne toutes les extrémités, il rit en rn' assurant qu'ille savait bien, que ses remèdes éteindraient ce grand feu.

Qu elquef ois même que, semblable à la Mort, je ne puis parler, je l'entends s'écrier aux miens qui pleurent de 25 me voir à l'extrémité :. »

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