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Vous ferez le commentaire du texte d’Alfred de Musset, depuis la didascalie « Il se jette à genoux » jusqu’à << le peu de confiance queje puis vous inspirer ».

Publié le 07/09/2018

Extrait du document

musset

Il sejette à ses genoux.

 

Marianne. - Que voulez-vous me dire ?

 

Octave. - Si jamais homme au monde a été digne de vous, digne de vivre  et de mourir pour vous, cet homme est Coelio. Je n’ai jamais valu grand-chose, et je me rends cette justice, que la passion dont je fais l’éloge, trouve un misérable interprète. Ah ! si vous saviez sur quel autel sacré vous êtes adorée comme un Dieu ! Vous, si belle, si jeune, si pure encore, livrée à un vieillard qui n’a plus de sens, et qui n’a jamais eu de cœur ! si vous saviez quel trésor de bonheur, quelle mine féconde repose en vous ! en lui ! dans cette fraîche aurore de jeunesse, dans cette rosée céleste de la vie, dans ce premier accord de deux âmes jumelles ! Je ne vous parle pas de sa souffrance, de cette douce et triste mélancolie qui ne s’est jamais lassée de vos rigueurs, et qui en mourrait sans se plaindre. Oui, Marianne, il en mourra.  Que puis-je vous dire ? qu’inventerais-je pour donner à mes paroles la force qui leur manque ? Je ne sais pas le langage de l’amour. Regardez dans votre âme ; c’est elle qui peut vous parler de la sienne. Y a-t-il un pouvoir capable de vous toucher ? Vous qui savez supplier Dieu, existe-t-il une prière qui puisse rendre ce dont mon cœur est plein ?

 

 MARIANNE. - Relevez-vous, Octave. En vérité, si quelqu’un entrait ici, ne croirait-on pas, à vous entendre, que c’est pour vous que vous plaidez ?

 

Octave. — Marianne ! Marianne ! au nom du ciel, ne souriez pas ! ne fermez pas votre cœur au premier éclair qui l’ait peut-être traversé ! Ce caprice de bonté, ce moment précieux va s’évanouir. — Vous avez prononcé  le nom de Coelio ; vous avez pensé à lui, dites-vous. Ah ! si c’est une fantaisie, ne me la gâtez pas. — Le bonheur d’un homme en dépend.

 

Marianne. - Êtes-vous sûr qu’il ne me soit pas permis de sourire ?

 

Octave. - Oui, vous avez raison ; je sais tout le tort que mon amitié peut faire. Je sais qui je suis, je le sens ; un pareil langage dans ma bouche a l’air d’une raillerieh Vous doutez de la sincérité de mes paroles ; jamais peut-être je n’ai senti avec plus d’amertume qu’en ce moment le peu de confiance que je puis inspirer.

 

1. Raillerie : plaisanterie, moquerie.

■ Situer l'extrait dans son contexte

 

• Considérons le contexte littéraire et historique. Musset (1810-1857) est un écrivain romantique : auteur de pièces de théâtre, de poèmes et d'un roman autobiographique, il connaît des débuts très prometteurs avant de découvrir la souffrance, physique et morale, sous les coups de la maladie et de l'alcool, du deuil de son père et de sa liaison tumultueuse avec George Sand. Les Caprices de Marianne, présentés par l'auteur comme une comédie malgré un dénouement dramatique, portent la trace du pessimisme de l'auteur et du « mal du siècle » d'une génération. Pour les romantiques, en effet, la France bouleversée, où se succèdent des régimes politiques sans ambition, ne peut que décevoir les ambitions d'une jeunesse éprise d'idéal.

 

• Il faut ensuite préciser la situation du passage. Les Caprices de Marianne se composent de deux actes et vous devez étudier un extrait de la scène trois de l'acte II. Attention ! Le commentaire ne porte que sur la fin du texte 2. Ce passage met en scène deux des personnages principaux de la pièce : Octave, libertin, aussi fidèle en amitié qu'il est volage en amour, et Marianne, jeune femme qui revendique une certaine liberté. Tous deux évoquent les relations de la jeune femme avec son mari, vieux et jaloux, et avec Coelio, jeune homme qui s'est épris d'elle.

musset

« Je vous déclare net que je ne le suis plus, Et ne veux nulle place en des cœurs corrompus.

PHrLINTE.

-Je suis donc bien coupable, Alceste, à votre compte ? 15 ALcESTE.

-Allez, vous devriez mourir de pure honte ; Une telle action ne saurait s'excuser, Et tout homme d'honneur s'en doit scandaliser.

Je vous vois accabler un homme de caresse, Et témoigner pour lui les dernières2 tendresses ; 20 De protestations, d'offres et de serments, Vo us chargez la fureur de vos embrassements ; Et quand je vous demande après quel est cet homme, À peine pouvez-vous dire comme il se nomme ; Vo tre chaleur pour lui tombe en vous séparant, 25 Et vous me le traitez, à moi, d'indif férent.

Morbleu ! c'est une chose indigne, lâche, infâme, De s'abaisser ainsi jusqu'à trahir son âme; Et si, par malheur, j'en avais fait autant, Je m'irais, de regret, pendre tout à l'instant.

Jo PHILINTE.

-Je ne vois pas, pour moi, que le cas soit pendable, Et je vous supplierai d'avoir pour agréable Que je me fasse un peu grâce sur votre arrêt3, Et ne me pende pas pour cela, s'il vous plaît.

ALcESTE.

-Que la plaisanterie est de mauvaise grâce ! 35 PHILINTE.

- Mais, sérieusement, que voulez-vous qu'on fasse ? ALcESTE.

-Je veux qu'on soit sincère, et qu'en homme d'honneu r, On ne lâche aucun mot qui ne parte du cœur.

PHrLINTE.

-Lorsqu'un homme vous vient embrasser avec joie, Il faut bien le payer de la même monnaie, 4o Répondre, comme on peut, à ses empressements, Et rendre offre pour offre, et serments pour serments.

ALcESTE.

-Non, je ne puis souffrir cette lâche méthode Qu 'affectent la plupart de vos gens à la mode ; Et je ne hais rien tant que les contorsions 45 De tous ces grands faiseurs de protestations\ Ces affables5 donneurs d'embrassades frivoles, Ces oblig eants diseurs d' inutiles paroles, Q ui de civilités avec tous font combat, Et traitent du même air l'honnête homme et le fat6• 5o Qu el avantage a-t-on qu'un homme vous caresse,. »

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