Vous ferez le commentaire de l'extrait de La Curée, d'Émile Zola.
Publié le 29/08/2014
Extrait du document
À partir de 1870, Zola se lance dans la publication du cycle romanesque des Rougon-Macquart. Au premier volume, intitulé La Fortune des Rougon, succède le deuxième volet de cette grande fresque familiale : La Curée. Le romancier y met en scène la relation incestueuse de Renée et de Maxime, sous le regard sinon approbateur, du moins silencieux de Saccard. Le passage étudié appartient au chapitre V de La Curée. L'inceste entre Maxime et Renée est consommé depuis près d'un an ; le couple s'affiche dans tous les lieux à la mode. Mais une ombre vient ternir leur bonheur : les difficultés financières obligent Renée à se rapprocher de son mari Saccard et sa conscience la torture. Elle ne parvient donc pas à «jouir de l'infamie« et sa tête commence à se détraquer. C'est dans ce contexte de remords et de culpabilité que Maxime et Renée assistent à une représentation de Phèdre de Jean Racine au Théâtre-Italien. Nous montrerons, tout d'abord, que cette représentation est placée sous te signe de la médiocrité, pour ensuite voir en quoi Renée peut être qualifiée de «nouvelle Phèdre«. Enfin, nous mettrons en évidence que Zola dégrade le mythe antique.
«
Chapitre 6 Les réécritures
gnement» sonore.
La médiocrité culturelle des personnages rappelle ainsi au
lecteur que Renée et Maxime sont des personnages réalistes.
Dénués de sensi
bilité artistique, ils sont
à lïmage de l'époque terne et fade que Zola exécrait :
celle
du Second Empire.
Cependant, malgré la médiocrité
de la représentation, Renée apparaît
comme fascinée par
la pièce.« Remu[ée] profondément, elle sïdentifie peu à peu
au personnage de Racine.
Renée
se dessine dans l'extrait comme une nouvelle Phèdre.
La pièce conduit Renée à une introspection, à une plongée dans les profon
deurs
de sa conscience.
Peu à peu, Renée découvre qu'elle est aussi ce monstre
mis
en scène par Racine.
Une partie de l'extrait est marquée par la présence du
discours indirect et du discours indirect libre [«Aurait-elle la force de s'empoi
sonner un
jour ?»l qui permet au lecteur de plonger, avec le personnage, dans les
affres
de la conscience.
Le regard de Renée est comme hypnotisé par l'héroïne
éponyme et
se concentre sur ce personnage.
La formule négativo-restrictive
«elle ne voyait de la pièce que cette grande femme» souligne la fascination exer
cée par le personnage sur l'âme de Renée.
L'émotion se mue alors en processus
dïdentification : tout d'abord
«remuée», Renée éprouve ensuite «réellement»
les sensations et les sentiments que la Ristori exprime par son jeu [«La Ristori
emplissait
la salle d'un tel cri de passion fauve [...}, que la jeune femme sentait
passer
sur sa chair chaque frisson de son désir et de ses remords »l.
L'identification est totale au personnage.
Renée en vient ainsi à se comparer
à Phèdre.
Si Phèdre est issue «du sang de Pasiphaé», Renée «se demand[e} de
quel sang elle pouvait être, elle, l'incestueuse des temps nouveaux».
De nombreux
points communs réunissent les protagonistes zolien et racinien.
Tout d'abord,
leur
situation amoureuse les rapproche : Phèdre aime Hippolyte, son beau-fils; Renée
aime Maxime, son beau-fils.
Tout comme Phèdre, Renée a commis
un« crime».
Tout comme Renée, Maxime a perçu la similitude des situations.
Ainsi, à la fin de
l'extrait, sur le mode de la plaisanterie légère, il se compare au fils de l'Amazone
et
se saisit en nouvel Hippolyte [«C'est moi, murmura-t-il, qui avais raison de ne
pas m'approcher de la mer, à Trouville »l.
La faute incestueuse torture les deux
héroïnes féminines.
Le lexique de la souffrance morale, placé sous le signe de
l'hyperbole*, rapproche les deux femmes : Renée éprouve un malaise physique
[«souffrait horriblement»]; la Ristori agonise physiquement sur scène en pous
sant
un« dernier râle».
Ainsi, en s'assimilant à Phèdre, Renée semble accéder au statut d'héroïne
tragique.
Le regard de son «mari» [«elle rêvait que son mari entrait, la surpre
nait aux bras de son fils»l ainsi que la voix réprobatrice de la Ristori [«elle enten
dait encore
gronder derrière elle cette rude voix de la Ristori»l sont une incar
nation
de la fatalité morale qui hante la conscience de l'héroïne.
En amoureuse
tragique, Renée
ne voit qu'une seule issue à son destin fatal : la mort.
Ainsi, des
pensées suicidaires viennent peupler
sa rêverie : les «convulsions du poison»,
l'« empoisonne[ ment}» qui achèvent la vie de Phèdre la font« frissonner» d'hor-.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Émile Zola, La Curée, chapitre II (extrait)
- Commentaire d'un extrait de Germinal (1885) d'Émile Zola
- Commentaire linéaire extrait de l'Oeuvre de Zola - Chapitre 4
- Émile Zola LA CURÉE (1872)
- CURÉE (La) Émile Zola (résumé & analyse)