Vous ferez connaître le livre dont la lecture vous a le plus vivement intéressé, que vous avez relu ou que vous reliriez avec le plus de plaisir. Vous indiquerez les motifs de votre préférence

« d'une de ces dernières années, l'envie me prit de relire l'œuvre de Cervantès.

Tout en la parcourant, je com­ parais cette fois le chevalier avec son écuyer,c la folie généreuse de l'un avec le gros bon sens de l'autre, les beauxdiscours de Don Quichotte avec les proverbes de Sancho, Rossinante avec l'âne, etc.

Mes observations étaient toutes super!leielles ;je voyais cependant assez clair~ment que l'ouvrage avait été fait pour critiquer les travers des chevaliers errants dans la personne du chevalier de la Manche, et je croyais, ma'"·lecture faite, n'avoir plus rien à apprendre dàns cet ou'vrage.

La mémoire encore toute fraîche de ma lecture, j'entendis vanter mon livre favori par quelqu'un qui en parlait comme d'un chef-d'œuvre.

J'étais de cet avis, car je trouvais l'ouvrage très beau; mais vraiment je n'avais encore remarquéque la moitié de ce que j'avais à voir: une grande pensée morale était cachée_ dans l'ensemb~e du livre et je ne l'avais point découverte~ Ce n'est que depuis que j'y ai vu une peinture allégo- rique de la viè humaine.

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L'homme y est peint, en effet, tout entier avec ses con­ tradictions signalées tant de fois par le~ philosophes, ·avec ses généreuses aspirations vers ce qui est beau,_ bon et grand; poussées p'resque jusqu'à l'exaltation de' la folie, et avec ses instincts égoïstes et vulgaires, mais aussi son bon sens ·positif et pratique.

Don Quichotte re- présente; dans l'œuvre de l'auteur espagnül, .]e premier, et Sancho, le second de ces deux 'hommes que nous sentons en nous-mêmes.

Peu de livres renferment donc un enseignement aussi.

profond que cet ouvrage, considéré pm~ tous les criti­ ques comme le chef:-d'œuvre de la littérature espagnole.

L'agrément du style, même dans la traduction, joint. »