Vous expliquerez de façon suivie, en élucidant au passage les allusions qu'ils contiennent, les deux fragments suivants tirés de l'Épître à Boileau de Voltaire
Publié le 17/02/2011
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Boileau, correct auteur de quelques bons écrits, Zoïle de Quinault, et flatteur de Louis, Mais oracle du goût dans cet art difficile Où s'égayait Horace, où travaillait Virgile, Dans la cour du Palais je naquis ton voisin; De ton siècle brillant mes yeux virent la fin, Siècle de grands talents bien plus que de lumière, Dont Corneille, en bronchant, sut ouvrir la carrière. Je vis le jardinier de ton jardin d'Auteuil, Qui chez toi, pour rimer, planta le « chèvrefeuil. « Malgré soixante hivers escortés de seize ans, Je fais au monde encor entendre mes accents. Du fond de mes déserts, aux malheureux propice, Pour Sirven opprimé je demande justice : Je l'obtiendrai sans doute et cette même main Qui ranima la veuve et vengea l'orphelin Soutiendra jusqu'au bout la famille éplorée Qu'un vil juge a proscrite et non déshonorée. Ainsi je fais trembler à mes derniers moments Et les pédants jaloux et les petits tyrans.
INTRODUCTION. - L'oeuvre dont sont tirés ces deux fragments est un modèle de causerie aimable et sérieuse à la fois, qui égale Voltaire à Horace et le met au-dessus de Boileau, son correspondant fictif. L'oeuvre appartient à la période de Ferney (elle porte en sous-titre : Mon testament). Le « patriarche « a quelque peu perdu de sa pétulance juvénile, il est relativement « détendu «, et peut se laisser aller à évoquer les souvenirs qui le rapprochent de Boileau; il le fait avec une bonhomie malicieuse, sans réelle méchanceté. Mais, comme chef de l'Encyclopédie, il n'a pas désarmé; il est toujours aussi véhément quand il s'agit de dénoncer les abus et de plaider pour les victimes : les deux extraits correspondent à ces deux aspects de Voltaire vieillissant.
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- Commenter ces vers de Musset: « Salut, jeunes champions d'une cause un peu vieille, Classiques bien rasés à la face vermeille, Romantiques barbus aux visages blémis ! Vous qui des grecs défunts balayez le rivage Ou d'un poignard sanglant fouillez le Moyen-Age! Salut ! - J'ai combattu dans vos camps ennemis ! Par vingt coups meurtriers devenu respectable, Vétéran, je m’assoies sur mon tambour crevé. Racine, rencontrant Shakespeare sur ma table, S'endort près de Boileau qui leur a pardon
- « Le Savetier et le Financier, disait Voltaire, les Animaux malades de la Peste, le Meunier, son fils et l'âne, etc., tout excellents qu'ils sont dans leur genre, ne seront jamais mis par moi au même rang que la scène d'Horace et de Curiace, ou que les pièces inimitables de Racine, ou que le parfait Art Poétique de Boileau, ou que le Misanthrope ou que le Tartufe de Molière. » « Voltaire peut-être a raison, et pourtant la postérité ne se pose point la question de la sorte; elle ne rech
- Voltaire écrit dans Le Siècle de Louis XIV : « Molière fut, si on ose le dire, un législateur des bienséances du monde. » Et ailleurs : « Molière a fondé l’école de la vie civile. » Vous expliquerez ces expressions et vous direz si elles vous semblent bien caractériser la morale de Molière.
- Voltaire, penseur bourgeois (1694-1778), affirme que, « si Dieu n existait pas, il faudrait l inventer ». Bakounine, anarchiste révolutionnaire (1814-1876), répond que, « même si Dieu existait, il faudrait le supprimer ». Vous expliquerez et apprécierez ces deux opinions en vous interrogeant sur la conception de Dieu qu elles supposent.
- « La rêverie est le dimanche de la pensée. La flânerie n'est pas seulement délicieuse, elle est utile. C'est un bain de santé qui rend la vigueur et la souplesse à tout l'être, à l'esprit comme au corps, c'est le signe et la fête de la liberté, c'est un banquet joyeux et salutaire, le banquet du papillon qui lutine et butine sur les côteaux et dans les prés. Or, l'âme est aussi papillon. » (Amiel, Fragments d'un journal intime.) En faisant appel à vos souvenirs littéraires et à votre e