Vous étudierez la valeur dramatique de ce dialogue et vous direz ce qu'il nous apprend sur le caractère et les sentiments des personnages.
Publié le 11/09/2014
Extrait du document
TEXTE
Le père Grandet regardait alternativement l'acte et sa fille, sa fille et l'acte, en éprouvant de si violentes émotions qu'il s'essuya quelques gouttes de sueur venues sur son front.
Il l'embrassa avec effusion, la serra dans ses bras à l'étouffer.
Tu est une vertueuse fille, qui aime bien son papa. Fais ce que tu voudras maintenant. A demain donc, Cruchot, dit-il en regardant le notaire épouvanté. Vous verrez à bien préparer l'acte de renonciation au greffe du Tribunal.
BALZAC, Eugénie Grandet.
suggérant l'usage qu'elle pourrait faire de cet argent pour le salut de l'âme de la chère disparue. Il est hypocrite jusque dans la forme qu'il donne à ses propos, affecte un ton de bonhomie (« Fifille «) et présente en une longue phrase insinuante, au conditionnel, le point capital de sa proposition. Il se garde bien d'avoir recours à une injonction brutale et pressante. Enfin, quand tout a été réglé comme il l'entendait, Grandet laisse éclater sa joie et sa reconnaissance. Cet homme, d'ordinaire si mesuré dans ses mots, est devenu intarissable. Il emploie des formules emphatiques (« Va, mon enfant, tu donnes la vie à ton père «), s'attache curieusement à montrer qu'en l'occurrence il ne s'agit pas d'un marché de dupes mais d'un prêté pour un rendu : « Nous sommes quittes «.
Il mêle enfin à ses protestations affectueuses une profession de foi : « La vie est une affaire«. Le décousu de ces propos hétéroclites montre qu'il ne se possède plus. Ainsi l'amour de l'argent, qui avait orienté toute sa vie, est devenu, avec l'âge, plus tyrannique et plus desséchant. Il va s'accuser plus maladivement encore dans les dernières années de sa vie. Cette passion de l'avarice sous laquelle Grandet a écrasé les autres, se retournera contre lui-même et l'écrasera à son tour.
«
BALZAC 65
Tu est une vertueuse fille, qui aime bien son papa.
Fais ce que tu
voudras maintenant.
A demain donc, Cruchot, dit-il en regardant
le notaire épouvanté.
Vous verrez à bien préparer l'acte de
renonciation au greffe du Tribunal.
BALZAC, Eugénie Grandet.
Vous étudierez la valeur dramatique de ce dialogue et
vous direz ce
qu'il nous apprend sur le caractère et les
sentiments des personnages.
COMMENTAIRE PROPOSÉ
INTRODUCTION
Après la mort de sa femme, le père Grandet craint de voir
sa fille réclamer la part d'héritage qui lui revient légitimement.
Aussi s'applique-t-il à régler ce problème
au plus vite et au
mieux de ses intérêts.
La scène a d'abord une valeur drama
tique.
Dans la discussion qui s'engage, on voit progressivement
s'esquisser et se préciser les intentions de l'avare qui ne ménage
rien pour arriver à ses fins.
Le détail des répliques est aussi très
riche de sens.
Bien que Balzac ne l'accompagne d'aucune analyse,
le lecteur n'a pas de peine à dégager à travers les propos la
psychologie des ·personnages.
1.
UN DIALOGUE DRAMATIQUE
Le dialogue occupe dans la scène une place prépondérante.
Quelques lignes seulement nous peignent, à un moment essentiel
de la discussion, l'attitude de Grandet.
Tout le reste du texte
se borne à enregistrer les répliques qui s'échangent.
Et il suffit d'en suivre le déroulement pour apprécier l'adresse cauteleuse que
déploie Grandet pour aboutir à énoncer, puis à faire adopter
son projet.
C'est dans la savante et adroite exécution de ce plan
que réside l'intérêt dramatique du passage.
Dans la première
partie le notaire prend le plus longuement la parole.
En homme
de loi qui connaît son affaire, il développe successivement les
mesures à éviter et celles qu'il convient de prendre pour laisser
l'héritage dans l'indivision.
Suivant le vœu de Grandet il s'attache à obtenir d'Eugénie qu'elle laisse à son père l'usufruit de sa part d'héritage.
Cette disposition qui priverait la jeune fille, dans
l'immédiat, de ce qui lui est dû, aurait au moins l'avantage.
»
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