Vous commenterez, sous la forme d’une dissertation, ce texte de Molière : DOM JUAN (I-2)
Publié le 22/09/2018
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« On goûte une douceur extrême à réduire par cent hommages le cœur d'une jeune beauté, à voir de jour en jour les petits progrès qu'on y fait; à combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, l'innocente pudeur d'une âme, qui a peine à rendre les armes ; à forcer pied à pied toutes les petites résistances qu’elle nous oppose, à vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur, et la mener doucement, où nous avons envie de la faire venir. Mais lorsqu'on en est maître une fois, il n’y a plus rien à dire, ni rien à souhaiter; tout le beau de la passion est fini et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour, si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d’une conquête à faire. Enfin, il n’est rien de si doux, que de triompher de la résistance d’une belle personne ; et j’ai sur ce sujet l’ambition des Conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits. Il n’est rien qui puisse arrêter l’impétuosité de mes désirs, je me sens un cœur à aimer toute la terre ; et comme Alexandre, je souhaiterais qu'il y eût d’autres mondes, pour y pouvoir étendre mes conquêtes amoureuses. »
Ce grand seigneur cynique n'éprouve aucune gêne à s'étendre complaisamment devant son valet sur les joies qu'il éprouve à exercer son pouvoir de séduction. Alors qu'il paraît d'ordinaire si sec et si froid dans son attitude et dans son langage, on le sent ici animé d'une ardeur passionnée qui s'exprime à la fois dans l'élan irrésistible de la tirade et dans la netteté de ses aveux : « Il n’est rien qui puisse arrêter l'impétuosité de mes désirs : je me sens un cœur à aimer toute la terre. » La sensualité exigeante et brutale est donc le premier trait qui apparaît chez Don Juan. A ce titre il est bien différent du Don Juan romantique qui,
Cette profession de foi de Don Juan s’organise selon une composition qui traduit avec un égal bonheur sa lucidité et son enthousiasme. Composée avec une parfaite rigueur, elle se présente successivement sous la forme de deux points antithétiques : le premier chante les joies de la conquête amoureuse tandis que le second exprime la lassitude et l'ennui des amours tranquilles qui ramènent inévitablement le thème des nouvelles conquêtes. Enfin la conclusion exprime la règle de conduite que le séducteur ne peut manquer de tirer de cette confrontation.
Mais l’exaltation croissante à laquelle Don Juan donne libre cours, au fur et à mesure que se développe la tirade, impose à cette confession un mouvement lyrique. Il est déjà sensible dès le premier point qui offre non pas l’analyse mais la description concrète, pittoresque et vivante des impressions qui se succèdent et se répètent à chaque nouvelle expérience. Il se poursuit dans l'évocation de cet élan qui se brise dans la monotonie et l’ennui pour renaître en face d'un nouvel objet et ramener les mêmes
«
les
petites résistances qu'elle nous oppose, à vai ncr e les
scru pules don t elle se fait un honneur , et la mener doucement,
où nous avons envie de la fai re ven ir.
Mais lorsqu'on en est
ma ître une fois, il n'y a plus rien à dire, ni rien à sou ha iter;
tout le beau de la passion est fini et nous nous endormons
dans la tranquilli té d'un tel amour, si quelque objet nouv eau
ne vient réveiller nos désir s, et prése nter à notre cœur les
charmes attrayants d'une conquê te à fa ire.
Enfi n, il n'est rien
de si doux, que de triompher de la résistance d'une bel le per
sonne ; et j'ai sur ce suje t l'ambi tion des Conqu éran ts, qui
volent perpétuellement de victoire en victoire et ne peuven t
se résoudr e à borner leurs sou haits .
Il n'est rien qui puisse
ar rête r l'im pétuos ité de mes désirs , je me sens un cœur à
aimer toute la terre ; et comme Alexandr e, je souha iterais
qu 'il y eût d'au tres mondes, pour y pouvoir étendr e mes
co nquê tes amour euses.
»
INTR ODUCTIO N
Dans cette tirade Don Juan, qui prend son valet pour confident,
se laisse aller à évoquer avec comp laisanc e devant lui la stratégie
savante qu'il utilise au cour s de ses conquêtes sans cesse renou
velé es.
A vrai dire il ne s'agit pas de simples aveux mais d'une
prof ession de foi qui, dans son mélang e de lyrism e et d 'enthou
siasm e, est singul ièrement révélatrice de la psy chologie du per
son nag e.
Le style qui, dans sa sou plesse, épouse sans effort la
variété de ces tons, s'accorde également avec la distin ction
nat urelle du grand seigneur qui parle .
Tour à tour nuancée et
vibrante, cette page d'une éléga nce un peu précieuse respir e un
parfum de bonn e com pagn ie.
Elle est une des plus belle réussi tes
de Mol ière.
1.
LA PSYCHOLOGIE DE DON JUAN
Ce grand seigneur cynique n'éprouv e aucune gêne à s'étendre
compla isamment devant son valet sur les joies qu'il éprouve à
exercer son pouvo ir de sédu ction.
Alors qu 'il paraît d'ordinair e
si sec et si fro id dans son attitude et dans son langage, on le
sent ici anim é d'une ardeur passionnée qui s'exprim e à la fois
dans 1 'élan irrés isti ble de la tirade et dans la netteté de ses aveux:
« Il n'est rien q·ui puis se arrêter l'impétuosité de mes désirs : je
me sens un cœur à aim er toute la terre.
» La sensualité exigeante
et brutal e est donc le premier trait qui apparaît chez Don Juan.
A ce titre il est bien différent du Don Juan roman tique qui,.
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