Vous commenterez l'extrait de Candide, de Voltaire: chapitre 3 - Les atrocités de la guerre
Publié le 29/08/2014
Extrait du document
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glantes », l.
12; «égorgées>>, l.
12; «éventrées>>, l.
13; «cervelles>>, l.
15; «bras
et jambes coupés>>, l.
15] évoquent la dislocation des corps meurtris et défigurés
par les soldats.
La guerre n'est plus qu'une« boucherie héroïque>> [l.
71.
Le lec
teur, spectateur comme
Candide, ne peut que s'émouvoir de ce spectacle atroce.
Au registre* réaliste, s'ajoute donc un registre* pathétique.
Le champ lexical de
la souffrance [«mourants>>, l.
10; «criblés de coups>>, l.
11 ; «égorgées>>, l.
12;
«éventrées», l.
13] exhibe l'agonie douloureuse des habitants du village abare.
La
gradation «vieillards, femmes, enfants>> montre que même les plus faibles ne
sont pas épargnés.
Véritable massacre des innocents, la guerre est le théâtre des
pires inhumanités.
En offrant au lecteur une peinture insoutenable et émouvante,
Voltaire cherche à dénoncer l'atrocité des combats.
Ainsi, derrière
le récit voltairien, se laisse entendre une critique virulente de
la guerre.
Cette dénonciation n'est pas explicite puisque Voltaire ne recourt pas à
la première personne et
ne formule pas de jugement de valeur.
Les moyens
employés par
le philosophe pour condamner la guerre sont donc détournés.
Il uti
lise tout d'abord l'ironie, forme de dérision qui laisse entendre le contraire de ce
qu'elle dit.
Ainsi, la répétition de l'intensif« si», qui produit une allitération en [s].
un sifflement désagréable, donne l'impression d'une beauté fausse, trop parfaite
pour
ne pas dissimuler quelque chose.
C'est donc un son persiflant qui introduit
d'abord
le doute dans l'esprit du lecteur.
De plus, dans l'énumération de toutes les
qualités esthétiques
de la guerre, l'auteur mêle aux instruments de musique, qui
contribuent à
la beauté et à« l'harmonie» [l.
21.
«les canons>> [l.
21.
dont le rôle
est
de transformer le champ de bataille en un véritable «enfer>> [l.
3].
Ce terme,
relégué
en fin de phrase, après une série d'hyperboles* mélioratives, anéantit
tout
ce qui a été avancé précédemment.
Telle une bombe à retardement, il
détruit l'image esthétisante de la guerre pour la ramener à la réalité : la guerre
n'est
qu'une« boucherie» [l.
71.
lironie ne s'attaque pas seulement à la vision
esthétisée
de la guerre, elle rend vaine sa dimension morale.
Comment croire en
effet que ceux qui violent les femmes et tuent les innocents puissent être des
«héros» (l.
16]? Quant à ce monde dans lequel on agonise dans les pires souf
frances, rien
ne peut laisser penser qu'il s'agit du «meilleur des mondes» [l.
41.
lironie voltairienne fonctionne donc en deux temps : elle sème d'abord le doute
dans l'esprit
du lecteur, lui laissant deviner une inadéquation entre ce qui est dit
et
ce que l'auteur pense, avant de dévoiler plus nettement l'écart entre la parole
explicite et
la pensée réelle du philosophe.
Ce procédé subtil nécessite donc
une lecture active.
Le lecteur qui perçoit l'ironie, flatté que l'auteur lui ait fait
confiance, n'en adhèrera que mieux à
la critique.
Voltaire recourt également
à une autre arme de dénonciation : l'humour noir.
On relève en effet une série d'approximations dans le décompte du nombre de
morts [ « à peu près six mille hommes», l.
3 ; « environ neuf à dix mille coquins»,
l.4; «quelques milliers d'hommes», l.5; «trentaine de mille âmes>>, l.6].
On
perçoit ici un décalage entre la légèreté de ces approximations et l'atrocité réelle
de la situation.
Voltaire pointe ainsi du doigt l'attitude de ceux qui décident des.
»
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