Voltaire s'est moqué du « retour à la nature » de J.-J. Rousseau, d'un idéal de vie sauvage qui l'obligerait à « marcher à quatre pattes ». D'autre part il a choisi comme héros d'un de ses contes un demi-sauvage, un « huron », l'Ingénu, à qui il prête toutes sortes de vertus, de bon sens, de sincérité, de courage. Vous expliquerez cette contradiction.
Publié le 13/03/2011
Extrait du document
La contradiction existe bien. On ne peut pas l'expliquer en montrant qu'elle n'est qu'apparente. Ce que nous avons dit dans les sujets précédents prouve que Voltaire ne peut pas croire qu'un sauvage soit un être nécessairement barbare, méchant et malheureux. Car il peut vivre selon cette nature qui est en lui ce qu'elle est dans tous les hommes et qui ne saurait être méchante dans son principe. D'autre part, une bonne part des malheurs humains vient de l'intolérance, du fanatisme dont souffrent la plupart des nations soi-disant civilisées et que ne connaissent pas, par exemple, les sauvages de l'Amérique.
Liens utiles
- Dans son essai Croissance zéro, Alfred Sauvy écrit, à propos de la fascination qu'exerce sur l'homme l'idée du retour à la nature : « ... L'idée séduisante de retour à l'état naturel, à une vie végétale, ne dure guère qu'un été et d'une façon très relative. Virgile s'extasiait devant les gémissements des boeufs, mais avait des esclaves pour traire ses vaches. Rousseau fut fort aise de trouver une assistance publique pour élever ses enfants. Quant à Diogene, il devait bien produire quel
- Voltaire à Rousseau : « On n'a jamais tant employé d'esprit à vouloir nous rendre bêtes. II prend envie de marcher à quatre pattes quand on lit votre ouvrage. » Voltaire, Lettre du 30 août 1755. Commentez cette citation.
- Voltaire écrit dans Le Siècle de Louis XIV : « Molière fut, si on ose le dire, un législateur des bienséances du monde. » Et ailleurs : « Molière a fondé l’école de la vie civile. » Vous expliquerez ces expressions et vous direz si elles vous semblent bien caractériser la morale de Molière.
- Quel sens et quelle valeur attribuez-vous à l'affirmation de Rousseau selon laquelle «Quand il est question de raisonner sur la nature humaine, le vrai philosophe n'est ni Indien, ni Tartare, ni de Genève, ni de Paris, mais il est homme». ?
- Les anciens Grecs proposaient comme modèle à la conduite « la vie conforme à la nature ». Quels sens donneriez-vous à cette formule célèbre ? Pensez-vous que cette manière de concevoir la morale puisse être encore la nôtre ?