VOLNEY C.F., pseudonyme de Constantin François Chassebeuf : sa vie et son oeuvre
Publié le 12/11/2018
Extrait du document
VOLNEY C.F., pseudonyme de Constantin François Chassebeuf (1757-1820). Disciple des Philosophes, Volney dédia sa vie aux Lumières : une passion rationnelle l’entraîne à connaître, à enseigner, à éclairer. Après avoir entrepris des études de médecine, il se consacre à l’érudition, avec un mémoire Sur la chronologie d'Hérodote (1781). Il part pour le Levant, apprend l’arabe et, à son retour, publie un Voyage en Egypte et en Syrie (1787) précis, exact, sévère. L’ouvrage connaît un succès européen; avec les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires (1791), Volney atteint au comble de la célébrité : utilisant ses souvenirs d’Orient et sa culture classique pour combattre la tyrannie et l’obscurantisme, il proclame le déisme tolérant, la liberté et l’égalité. Il a participé à l’effervescence intellectuelle qui prépare la Révolution; député du tiers état à l'Assemblée constituante, il popularise les idées nouvelles en un opuscule structuré par questions et réponses (la Loi naturelle ou Catéchisme du citoyen français, 1793). Modéré, emprisonné sous la Terreur, libéré par les thermidoriens, il enseigne l’histoire dans les écoles normales et devient membre de l’institut. Il visite les États-Unis (Tableau du climat et du sol des États-Unis, 1803) accepte de Bonaparte, après le 18-Brumaire, une place au Sénat, mais, opposé au pouvoir personnel et à la proclamation de l’Empire, il cesse bientôt de siéger. Retiré sur ses terres, nommé comte par Napoléon, puis pair de France par Louis XVIII, il poursuit des expériences d’agronomie, multiplie les travaux sur les langues orientales et développe une critique historique qui prépare l’épistémologie positiviste (Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, 1808-1814; Discours sur l'étude philosophique des langues, 1820; T Hébreu simplifié, 1820).
«
(
1787) précis, exact, sévère.
L'ouvrage connaît un succès
européen; avec les Ruines ou Méditations sur les révolu
tions des empires (1791), Volney atteint au comble de la
célébrité : utilisant ses souvenirs d'Orient et sa culture
classique pour combattre la tyrannie et l'obscurantisme,
il proclame le déisme tolérant, la liberté et l'égalité.
Il a
participé à 1 'effervescence intellectuelle qui prépare la
Révolution; député du tiers état à l'Assemblée consti
tuante, il popularise les idées nouvelles en un opuscule
structuré par questions et réponses (la Loi naturelle ou
Catéchisme du citoyen français, 1793).
Modéré, empri
sonné sous la Terreur, libéré par les thermidoriens, il
enseigne l'histoire dans les écoles normales et devient
membre de l'Institut.
Il visite les États-Unis (Tableau
du climat et du sol des États-Unis, 1803) accepte de
Bonaparte, après le 18-Brumaire, une place au Sénat,
mais, opposé au pouvoir personnel et à la proclamation
de l'Empire, il cesse bientôt de siéger.
Retiré sur ses
terres, nommé comte par Napoléon, puis pair de France
par Louis XVIII, il poursuit des expériences d'agrono
mie, multiplie les travaux sur les langues orientales et
développe une critique historique qui prépare l'épisté
mologie positiviste (Recherches nouvelles sur l'histoire
ancienne, 1808-1814; Discours sur 1 'étude philosophi
que des langues, 1820; l'Hébreu simplifié, 1820).
Idéologue, héritier du rationalisme expérimental
d'Helvétius et de Condorcet, ami de Cabanis et de
Destutt de Tracy, Volney croit à la loi, à la religion et à
la morale naturelles, au progrès et à la perfectibilité, à
l'expansion illimitée de la démocratie.
Le philologue
minutieux se double d'un pédagogue, et ses multiples
curiosités échappent à la gratuité par un souci constant
de culture et d'éducation : la connaissance du passé et
de l'étranger doit servir à l'édification d'un homme nou
veau, conscient des erreurs qui le guettent, libéré des
préjugés et du fanatisme qui sont le fruit de l'ignorance.
Cette conviction fait la grandeur et les limites du
Voyage : la tradition d'érudition minutieuse du xvm • siè-··--- ----------
cie, l'attrait accru pour l'Orient (Anquetil-Duperron tra
duit le Zend-A vesta en 1771), le goOt du pittoresque et
de la couleur confluent dans cet ouvrage; mais l'aspect
historique et documentaire, la volonté de montrer l'hor
reur du despotisme ou les méfaits de l'apathie sociale
et de l'anarchie politique l'emportent largement sur la
représentation et l'évocation des lieux.
Volney, philoso
phe et savant plus que poète, mesure, dessine, juge, mais
ne peint pas.
Dans les Ruines, quand il imagine qu'au
milieu des vestiges de Palmyre le «Génie des to m
beau� » lui apparaît pour lui révéler la cause de la chute
des Etats (tyrannie, inégalité, intrigues des prêtres, per
versité des religions dogmatiques) et lui montrer l'avenir
radieux qu'ouvrent les actes de la Constituante, l'érudit
tombe dans J'emphase : l'enflure rhétorique, les artifices
d'un style sentimental et pseudobiblique desservent l'en
thousiasme progressiste.
Le charme des ruines, qu'ex
prime Je peintre Hubert Robert, et qu'utilisent les« fabri
ques » des jardins anglais, résiste mal au parti pris
didactique et à des affabulations froides ou laborieuses.
Ainsi Volney exemplarise les contradictions du xvu1 • siè
cle finissant : une attirance préromantique pour les lieux
qui portent à la rêverie et à la mélancolje, jointe à une
sécheresse rationaliste qui empêche le songe de s'incar
ner en une forme littéraire convaincante.
[Voir aussi
lDÉOLOGUESl.
BIBLIOGRAPHIE
Éditions.
-Œuvres.
Paris, Fayard, 1989.
2 vol.
(t.
1 : 1788-
1795; t.
II : 1796-1820); la Loi naturelle suivi de Leçons d'his
toire, Paris, Garnier, 1980; les Ruines, Genève, Slatkine.
1979;
id., suivi de Leçons d'histoire, Pari s, Garnier, 1980 (prés.
J.
Gaulmier); les Ruines (réimpression de l'édition de Paris de
1822), Genève, Slatkine, 1979.
Critique.
-Volney et les Idéologues.
L'Héritage des Lu
mières, Actes du colloque d'Angers, P.U.
d'Angers, 1988; C.F.
Volney (1757-1820).
textes, études, documents et notes réunis et
présentés par H.
et A.
Deneys, Corpus 11-12, 1989.
O.
MADELÉNAT.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- WEYERGANS François : sa vie et son oeuvre
- SAINT-JOHN PERSE, pseudonyme d'Alexis Saint-Leger Leger, dit aussi Alexis Leger (vie et oeuvre)
- Introduction à la vie dévote. Ouvrage de François de Sales (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- TOUSSAINT François Vincent (vie et oeuvre)
- VILLEMAIN Abel François : sa vie et son oeuvre