« Voir une pièce de théâtre dans deux mises en scènes différentes, est-ce, selon vous, voir la même pièce deux fois, ou est-ce voir deux pièces différentes ? »
Publié le 23/12/2012
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joué à la comédie française là où Matthias Ledoux ayant réalisé un téléfilm se laisse plus libre quand aux
lieux de l’action puisqu’il peut faire jouer ses acteurs dans différents recoins de Paris. Qui plus est dans
son adaptation Ledoux se permet une grande liberté il va même jusqu’à parer son Alceste d’un costume
où le fameux accessoire du « ruban vert « est absent. Le costume également va interagir quand au
ressenti vis-à-vis du personnage, le Don Salluste de Rouleau va tout de noir vêtu et paré de sa toison
d’or se voit bien plus traitre et sinistre que celui de Weber habillé de rouge.
Ces différences sont en réalité dues à une volonté d’interprétation de la pièce dissemblable par rapport
au ressenti du public, le Dom Juan de Bluwal plus dans un registre presque tragique par moment
s’opposant au Dom Juan de Mesguish plus burlesque et dans la comédie. On peut également assimiler
cette volonté à une visée de l’oeuvre plus subjective et bien moins ouverte, l’Alceste de Ledoux posé plus
comme une victime se voit mis de face à l’Alceste plus excessif, colérique et fautif de Pierre Dux.
«
la scène des prévarications des ministres et le courage de Ruy Blas pour lancer son « Bon appétit !
Messieurs ! »)
Cependant, bien que paraissant au premier abord être la même pièce, ces mises en scène viennent
posées nombre de différences.
Tout d’abord par la différence entre les comédiens, de façon sure, le jeu
de scène diffère et les aspects physiques variables influent sur le caractère rendu par le personnage, un
Don Salluste incarné par Gérard Depardieu sera ainsi bien moins inquiétant par son physique généreux
qu’un Paul -Emile Deiber dont les traits rugueux appuie le personnage du traitre, de même le jeune Jean
Piat sera bien plus pittoresque et picaresque que le vieillissant Jacques Weber.
On peut alors s’attardé sur la scène elle-même, les décors seront différents d’une mise en scène à
l’autre, celle de Dux reste classique et suit la pièce puisqu’il est
joué à la comédie française là où Matthias Ledoux ayant réalisé un téléfilm se laisse plus libre quand aux
lieux de l’action puisqu’il peut faire jouer ses acteurs dans différents recoins de Paris.
Qui plus est dans
son adaptation Ledoux se permet une grande liberté il va même jusqu’à parer son Alceste d’un costume
où le fameux accessoire du « ruban vert » est absent.
Le costume également va interagir quand au
ressenti vis-à-vis du personnage, le Don Salluste de Rouleau va tout de noir vêtu et paré de sa toison
d’or se voit bien plus traitre et sinistre que celui de Weber habillé de rouge.
Ces différences sont en réalité dues à une volonté d’interprétation de la pièce dissemblable par rapport
au ressenti du public, le Dom Juan de Bluwal plus dans un registre presque tragique par moment
s’opposant au Dom Juan de Mesguish plus burlesque et dans la comédie.
On peut également assimiler
cette volonté à une visée de l’œuvre plus subjective et bien moins ouverte, l’Alceste de Ledoux posé plus
comme une victime se voit mis de face à l’Alceste plus excessif, colérique et fautif de Pierre Dux.
Existe-t-il alors un lien entre ces différences et la continuité du texte ? Serait-ce le fait que ces pièces
soient les mêmes à la base qui modifierait la complexité ce ces différences ?
Et bien oui ! Tout ceci n’est en réalité que l’exposé de l’imaginaire de ces metteurs en scène possédant
chacun une interprétation différente de l’œuvre.
Ce qui fait des classiques de grands classiques est leur
capacité à être intemporelle et en perpétuel rénovation.
L’interprétation du metteur en scène varie donc
selon son époque, ainsi le Don Juan de l’époque romantique se verra affublé de plus de sentiment là où
celui de l’époque féministe ira même jusqu’à faire jouer le personnage de Don Juan par une femme (cf.
Don Juan 73 ou Si Don Juan était une femme réalisé par Roger Vadim).
On pourrait en outre expliquer ce lien par la personnalité de chacun et grâce au talent de l’auteur.
A
l’avenant, c’est par l’ambigüité et la sécularisation du texte réussie par l’auteur que chacun peut rendre
compte de son inconscient à la lecture de l’œuvre réalité.
La sensibilité, l’âge et le sexe notamment
peuvent influer sur la vision des pièces.
Prenons la mise en scène de Ruy Blas de Jacques Weber, les
personnages sont vieillissants et bien moins fougueux que ceux de Raymond Rouleau, bien que tout
d’eux âgés leur sensibilité montre chez l’un une certaine forme d’acceptation et chez l’autre une forme de
nostalgie.
De même pour le Misanthrope Pierre Dux reste dans le classique alors
que Mathias Ledoux part dans la compassion ou encore un Dom Juan de Bluwal tragique et un de
Mesguish comique certainement dépendant de leur époque (1965 et 1996).
Mais alors qu’est-ce réellement que de voir deux mises en scène différente d’une même œuvre ? On
pourrait d’abord penser que c’est inutile, que l’on irait voir deux fois la même pièce tellement les
similitudes sont probantes ! Mais si l’on s’attarde un peu sur ces représentations on se rendra compte que
ces pièces posent également beaucoup de différences, comédiens costumes et autres accessoires.
En réalité derrière tout cela se troue un seul homme le metteur en scène, c’est essentiellement de lui que
viennent toutes ces différences, c’est lui qui décide des décors et de la visée qu’il veut donner à son.
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