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VIVRE AU TEMPS DE MONTAIGNE

Publié le 09/06/2015

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pays souverain, comtés de Bigorre, de Foix, d'Armagnac, duché d'Albret et quelques autres pays de moindre importance ; au nord du même fleuve, on trouvait les comtés de Périgord et de Rodez (tout proches de la terre de M.) et la vicomté de Limoges ; enfin, répartis dans le reste de la France, les duchés de Vendôme et de Beaumont-sur-Sarthe et quelques terres picardes. Les Habs­bourg, de leur côté, détenaient le comté du Charolais ; les Gonzague, le duché de Nevers.

Pour administrer ce territoire, la puissance publique était déléguée à deux types d'agent : le commissaire, extraordinaire et révocable, et l'officier, ordinaire et permanent. Ce principe n'était pas exactement respecté dans la pratique car l'habitude avait rendu permanentes certaines charges de commissaires comme celles de la Maison du roi (grand maître, grand veneur, etc.) et les hauts postes militaires. Au milieu du xvij siècle, les plus considérables des commissaires étaient les douze gouverneurs que comptait alors le royaume de France. Recrutés dans la grande noblesse, ils étaient les représentants du souverain dans leur circonscription (appelée « gouvernement «) et disposaient de pouvoirs très éten­dus, assez mal définis, tendant à s'élargir aux époques troublées. Ces pouvoirs étaient d'ordre militaire : commandement des troupes, maintien de l'ordre, autorité sur les places fortes, et administratif : transmission et exécution des ordres du prince, surveillance des officiers. La haute naissance des gouverneurs, leur clientèle nombreuse d'obligés, l'hérédité de fait de leur charge, les ren­daient dangereux pour l'autorité royale. M. a bien connu M. de Matignon qui était lieutenant-gouverneur de la Guyenne pendant sa mairie de Bordeaux. Il a connu également Blaise de Monluc qui avait exercé le même gouvernement vers 1565.

D'autres commissaires, recrutés parmi les officiers, se voyaient confier de véri­tables commissions à proprement parler, missions itinérantes d'enquête et d'inspection : c'étaient les maîtres des requêtes «départis pour l'exécution des

ordres du roi «, ancêtres des intendants des xviie et                  siècles. Officiers de justice aux requêtes de l'Hôtel (tribunal jugeant les procès des membres de la Maison du roi) et au Conseil du roi (où ils rapportaient les affaires judiciaires), ils recevaient de temps à autre commission de surveiller les officiers d'une pro­vince, d'assurer la discipline des troupes qui y séjournaient, de faire rapport au prince sur ce qui s'y passait. En 1583, par exemple, Henri III en envoya dans les provinces pour enquêter sur l'esprit public et, à leur retour, il les convoqua à l'Assemblée des notables de Saint-Germain.

Quant aux officiers (dont les maîtres des requêtes, dans leurs fonctions ordi­naires, faisaient partie), ils constituaient le «quatrième État« que dénonce M. Depuis Charles VII, la vénalité des offices était l'un des traits originaux de la société française, et elle créait des liens de solidarité entre la monarchie et les officiers. La charge était devenue héréditaire depuis François I'. Au milieu du xvi' siècle, on dénombrait douze mille officiers de justice et de finances, les rois n'ayant pas cessé d'en créer de nouveaux pour se procurer de l'argent. À la même époque, la population française était de dix-huit à vingt millions d'âmes. M., comme son ami La Boétie naguère dans le pamphlet De la servitude volontaire (écrit en 1548, mais publié de manière posthume par les protestants en 1576 à des fins subversives), se révolta de la collusion entre le trône et ses officiers : «Qu'est-il plus farouche que de voir une nation où par légitime coutume la charge de juger se vende?«, s'écriait-d dans De la coutume et de ne changer aisément une loi

La tradition médiévale continuait alors à placer le roi, suzerain suprême, au sommet de la pyramide des relations vassaliques malgré l'affaiblissement des structures féodales. Personnage sacré, monarque de droit divin, oint du Seigneur comme les rois hébreux de l'Antiquité, son sacre lui conférait un prestige moral exceptionnel et le pouvoir thaumaturgique de guérir les écrouelles. Son premier devoir était de rendre et faire rendre bonne justice au peuple. En outre, les humanistes, tel Guillaume Budé dans L'Institution du prince (1547), reprenant le célèbre adage « rexfranciae est imperator in suo regno «', et s'appuyant sur le droit romain' et les précédents antiques, soulignaient la pleine puissance législative du souverain, son droit de faire la paix et la guerre, d'imposer à ses sujets des contributions sans leur consentement. Cependant, la coutume mettait des bornes au pouvoir royal. Le prince, soumis à la loi divine, devait protéger les bâtiments ecclésiastiques, appliquer les « lois fondamentales « du royaume (loi salique, par exemple), respecter les « bonnes coutumes « que constituaient les franchises et privilèges des territoires (provinces, villes) et des corps (noblesse, clergé, compagnies d'officiers, métiers, etc.). En 1549, la déclaration faite en lit de justice' à Henri II par le chancelier Olivier, résume les choses : «La vraie et solide gloire du roi est de soumettre sa hauteur et majesté à justice, à rectitude et à observation de ses ordonnances. «

 

Il n'y avait pas alors de gouvernement central à proprement parler, puisque la Cour était nomade et que le gouvernement suivait le roi, que ce fût à Paris, Saint-Germain-en-Laye, Fontainebleau ou dans un château de la Loire. La théo­rie du corps mystique de la monarchie voulait en principe que le pouvoir fût strictement personnel, en affirmant que le roi recevait d'En Haut les grâces nécessaires à sa mission pour être, mieux que quiconque, à même de sentir et de comprendre les aspirations de son peuple. Toutefois, traditionnellement, le roi devait demander conseil. Il le faisait en s'adressant à ses parents (on connaît l'influence sur les derniers Valois de leur mère Catherine de Médicis), éven­tuellement à sa maîtresse (rôle politique de Diane de Poitiers auprès d'Henri II) et accessoirement aux membres de la Maison du roi, qui étaient quotidienne­ment à ses côtés. Cette instance regroupait, en effet, l'ensemble des services

LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DANS LES TROUBLES CIVILS'

La France de 1560 était un royaume rural à 80 %, qui avait connu de beaux jours sous François I" et Henri II, mais que menaçait une distorsion croissante entre une démographie en plein essor et une production agricole limitée par l'état des techniques. Provoquées par les mauvaises récoltes, elles-mêmes liées aux aléas climatiques, les crises de subsistance scandèrent la période des guerres de Reli­gion. Le «petit âge glaciaire„ que connut le pays à cette époque, selon l'expres­sion d'Emmanuel Le Roy Ladurie, entraîna des hivers froids et des étés pluvieux avec gel précoce des semences ou tardif des jeunes tiges, provoquant des pertes de récoltes : tel fut le cas en 1562-1563, 1573-1574, 1585-1588.

L'inflation et l'anarchie monétaire ajoutèrent leurs effets néfastes à ceux du climat. L'argent des mines du Potosi et tous les métaux précieux d'Amérique contribuaient à ce phénomène par leur afflux. Les premiers historiens écono­miques, qui, au xvi` siècle, étudièrent la chose avec passion, établirent un rapport proportionnel entre l'inflation et la masse monétaire en circulation : c'est la théorie quantitative de la monnaie'. Le poids de la guerre se faisait sentir sur cette toile de fond. Dans les trente-six années (1562-1598) de « troubles civils «, on compta certes treize années de paix, et les opérations militaires touchèrent inégalement les régions de France. Ainsi, de 1567 à 1587, les environs de Paris ne connurent aucun passage d'armée, alors que la région de

M., elle, fut durement touchée. Mais le calme et la sécurité ne régnaient pas forcément dans les provinces épargnées par les opérations militaires. Un peu partout, des bandes opérant souvent pour leur propre compte battaient la campagne, rançonnant les marchands, pillant les villages. La décomposition de l'État entraîna l'essor du brigandage et les garnisons de places fortes n'étaient pas les dernières à se livrer à la picorée.

 

Au total, le royaume perdit de deux à quatre millions de personnes entre 1560 et 1600. La France, à cette dernière date, comptait environ seize à dix-huit millions 'habitants, ce qui représente une chute de deux à quatre millions. Ce fut surtout dans les vingt dernières années du siècle que la population s'effondra, en particulier dans les villes (trente mille morts à Paris lors de la peste de 1580, treize mille autres durant le siège mené par Henri III en 1590)... Mais, compte tenu des disparités régionales, il reste difficile d'avancer une vue d'ensemble.

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« ESSAIS de cette région au siècle précédent lors des rivalités entre Louis Xl et Charles le Téméraire) que Charles-Quint prenait à cœur 1 Par ailleurs, les grandes Découvertes et l'afflux de métaux précieux qu'elles entraînèrent avaient donné une nouvelle impulsion à l'économie européenne, déjà en pleine expansion.

Mais, en France, ils favorisèrent aussi l'inflation et le besoin d'argent, surtout compte tenu du luxe de la Cour qui donnait le ton.

M., au chapitre Des lois somptuaires (1, 43).

écrit ·«La façon de quoi nos lois essayent à régler les folles et vaines dépenses des tables et vêtements semble être contraire à sa fin.

Le vrai moyen ce serait engendrer aux hommes le mépris de l'or et de la soie, comme de choses vaines et inutiles, et nous leur augmentons l'honneur ct le prix, qui est une bien inepte façon pour en dégoûter les hommes.

» Le crédit se déwloppa donc, ainsi que la lettre de change, tandis que naissait une activité véritablement industrielle et non plus artisanale.

Avant 1560, le soutien que lui apportait la bourgeoisie par l'achat d' :Jffices, affaiblissant la noblesse, avait contribué au renforcement du pouvoir royal.

François!" (1515-1547) et Henri li, son fils (1547-1559), eurent des règnes respectés· c'était le beau X\"1' siècle.

Le concordat de Bologne (1516) avait érigé le roi en chef temporel de l'Église de france.

La Bretagne, déjà rattachée sous Louis Xl!, fut définitivement intégrée au royaume en 1532.

Les derniers grands fiefs disparaissaient peu à peu, et la notion de lïnaliénabilité du domaine royal prenait naissance, en venu de laquelle le Parlement cassa le traité de Madrid (1526) qui donnait la Bourgogne à Charles-Quint après la défaite de Pavie, l'année précédente.

Par la paix de Cateau-Cambrésis en 1559.

Henri li renonça définitivement aux ambitions italiennes de ses prédécesseurs (Charles Vlll, Louis XII er Fran­ çois l'} pour acquérir, dans le nord-est de la France, les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun, et pouvoir se concentrer sur les affaires internes du pays.

Contrairement à son père François!'"', plutôt sceptique, Henri Il avait en effet de très fermes com·ictions catholiques et n'entendait pas tolérer la montée du calvinisme.

Mais cette paix avec l'Espagne fut très mal perçue dans l'opinion de l'époque.

C'était un compromis trouvé en raison de l'usure financière des deux adversaires et il ne satisfaisait pas la noblesse française.

La mort prématurée du roi, le 10 juillet 1559, d'une blessure faite au cours d'un tournoi, allait, en mettant uri tout jeune homme, François !!, son fils aîné, sur le trône, entamer une longue période de troubles en France.

LES INSTITUTIONS DU ROYAUME DE FRANCE À L'ÉPOQUE DE MONTAIGNE M.

était un juriste de formation.

Il fut aussi un négociateur de nécessité.

ll était donc non seulement alerté, mais directement concerné et intéressé par les l.

fils de Philippe le Beau er de jeanne la folle, Charles-Qumt (1500-1558) é18ll, par sa grand-mère paternelle Marie ùe Bourgogne, le descendant dm:ct de Charles le Téméraire.

Empe­ reur J'Allemagne, pnnce des Pays-Bas.

roi d'Espagne et, à ce mre, des terres espagnoles du Nouveau Monde.

ro1 de Sicile en fm.

il dom man un Emp1re ((sur lequel le solnl ne .-c couchait )Qn1CI!S» 30. »

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