Devoir de Philosophie

Villula de JosÉ-MARIA DE HEREDIA. (commentaire)

Publié le 12/02/2012

Extrait du document

José-Maria de HEREDIA   (1842-1905)

 

Villula (Gallus)

 

Oui, c'est au vieux Gallus qu'appartient l'héritage 

Que tu vois au penchant du coteau cisalpin ; 

La maison tout entière est à l'abri d'un pin 

Et le chaume du toit couvre à peine un étage.

 

Il suffit pour qu'un hôte avec lui le partage. 

Il a sa vigne, un four à cuire plus d'un pain, 

Et dans son potager foisonne le lupin. 

C'est peu ? Gallus n'a pas désiré davantage.

 

Son bois donne un fagot ou deux tous les hivers, 

Et de l'ombre, l'été, sous les feuillages verts ; 

A l'automne on y prend quelque grive au passage.

 

C'est là que, satisfait de son destin borné, 

Gallus finit de vivre où jadis il est né. 

Va, tu sais à présent que Gallus est un sage.

Ce sonnet se trouve dans la deuxième partie - ou deuxième « chant«, si l'on veut - des Trophées, épopée en miniature. Après avoir célébré la Grèce et la Sicile, l'auteur évoque Rome et les Barbares. Villula est- la deuxième pièce de ce cycle; elle prend place entre Pour le Vaisseau de Virgile et la Flûte. Elle est d'inspiration virgilienne et comme dans le sillage de la nef qui porte « le chanteur de Mantoue « vers les « Cyclades d'or«. Par un effort de condensation vraiment extraordinaire, Heredia fait tenir en ces 14 vers la quintessence de la poésie champêtre où a excellé le grand Latin, et concrétise, en Gallus ...

« Aux lieux oh le Galese, en des plaines fecondes, Parmi les blonds epis roule ses noires ondes, J'ai vu, je m'en souviens, un vieillard fortune, Possesseur dun terrain longtemps abandonne... Un jardin, un verger, dociles d ses lois, Lui donnaient le bonheur, qui s'enfuit loin des rots... Ailleurs, Virgile plaint celui qui s'en va Mourir loin des lieux chers qu'habitaient ses afeux... Chez Heredia Gallus finit de vivre oh jadis it est ne!... On pourrait, dans Virgile et d'autres auteurs latins, retrouver ainsi tons les elements du sonnet.

Contentons-nous presentement de ces indications. El les suffisent a demontrer que les Trophees sont une oeuvre d'erudition. Nous n'aurons pas de peine a etablir gulls sont autre chose : qu'un art tres sur a preside au choix des details significatifs, a groupe tons ces traits en un tableau harmonieux; que Ia beaute des mots, des rythmes et des rimes acheve de muer une science solide en une poesie eminemment sug- gestive. Une idee domine ce developpement presque toujours concret : le Sage se contente de peu, ou encore : « qui borne ses desirs est toujours assez riche Des idees secondaires se greffent sur ce lieu commun Heureux l'homme : 1° qui vit sur son propre heritage; 2° qui exerce une genereuse hospitalite; 3° qui se suffit a lui-meme; 4° qui salt tirer parti de tout et utiliser - comme Virgile y conviait ses contemporains - chacune des saisons; 5° qui meurt ou ii est ne.

Ces idees sont illustrees a la maniere antique.

Cette vie simple est celle « des vieux Sabins 3.; cet ideal est celui de la sagesse romaine.

Un element, toutefois, en a ete banni.

Nous ne relevons point, dans cette reconstitution, par ailleurs si exacte, l'equivalent de l'hemistiche : « C'est la qu'on sert les dieux.

L'heritage de Gallus est « situe s'etale « au penchant du coteau ci- salpin Gallus est done le type de cette race celtique qui, de bonne heure, envahit les deux rives du PO et s'etablit dans la riche contree appelee Gaule cisalpine - en deca des Alpes, par rapport a Rome.

- La region est assez clairement indiquee pour que l'on songe aux premiers contreforts des Alpes, oit prospere encore la vigne.

Le pin suffit a abriter la maison du sage, parce que celle-ci est petite et parce que le pin parasol, dont it s'agit certainement, etend au loin son ombre.

On serait tente de lui appliquer les vers que Virgile consacre au chene Tranquille, it voit passer les hommes et les temps; Et loin de tons cotes tendant ses rameaux sombres, Seul it jette alentour une immensite d'ombres. Le chaume est souvent mentionne par le poete latin.

C'est lui qui recouvre la maison, centre de la villula, petit domaine champetre.

En un autre endroit, Virgile represente - en idealiste - le sort heureux de Phomme des champs.

Tranquille sous le chaume, a l'abri des tempetes, L'heureux cultivateur donne ou refoit des fetes. L'hospitalite fait partie integrante des conceptions morales de l'anti- quite greco-latine.

L'hote est un etre sacre, un porte-bonheur; on le recoil avec empressement, on le traite avec honneur, meme quand on est pauvre. Les dieux n'ont-ils pas coutume de prendre ainsi la forme humaine pour eprouver le ceeur des mortels? (Philemon et Baucis.) La vigne fait l'objet de nombreux vers dans les Georgiques; Virgile lui prodigue ses eloges et donne les conseils les plus circonstancies sur Ia maniere de la cultiver... Enfin, a ton vignoble, as-tu choisi sa terre? ...I1 faut entrecouper le penchant des coteaux, Et retourner la glebe elevee en monceaux... Ces periphrases decrivent la culture en terrasses.

Du yin, du pain, voila le fond de l'alimentation rustique de Gallus.

En Aux lieux où le Galèse, en des plaines fécondes, Parmi les blonds épis roule ses noires ondes, J'ai vu, je m'en souvièns, un vieillard fortuné, Possesseur d'un terrain longtemps abandonné ...

...

Un jardin, un verger, dociles à ses lois, Lui donnaient le bonheur, qui s'enfuit loin des rois ...

Ailleurs, Virgile plaint celui qui s'en va Mourir loin des lieux chers qu'habitaient ses aïeux ...

Chez Heredia Gallus finit de vivre où jadis il est né! ...

.

On pourrait, dans Virgile et d'autres auteurs latins, retrouver ainsi tous les éléments du sonnet.

Contentons-nous présentement de ces indications.

Elles suffisent à démontrer que les Trophées sont une œuvre d'érudition.

Nous n'aurons pas de peine à établir qu'ils sont autre chose : qu'un art très sûr a présidé au choix des détails significatifs, a groupé tous ces traits en un tableau harmonieux; q;ue la beauté des mots, des rythmes et des rimes achève de muer une science solide en une poésie éminemment sug­ gestive.

* ** Une idée domine ce développement presque toujours concret : le Sage se contente de peu, ou encore : « qui borne ses désirs est toujours assez riche».

Des idées secondaires se greffent sur ce lieu commun : Heureux l'homme : 1 o qui vit sur son propre héritage; 2° qui exerce une généreuse hospitalité; 3o qui se suffit à lui-même; 4o qui sait tirer parti de tout et utiliser - comme Virgile y conviait ses contemporains - chacune des saisons; 5o qui meurt où il est né.

Ces idées sont illustrées à la manière antique.

Cette vie simple est celle «des vieux Sabins»; cet idéal est celui de la sagesse romaine.

Un élément, toutefois, en a été banni.

Nous ne relevons· point, dans cette reconstitution, par ailleurs si exacte, l'équivalent de l'hémistiche : « C'est là qu'on sert les dieux.

» ' L'héritage de Gallus est « situé ».

Il s'étale « au penchant du coteau ci­ salpin ».

Gallus est donc le type de cette race celtique qui, de bonne heure, envahit les deux rives du Pô et s'établit dans la riche contrée appelée Gaule cisalpine - en deçà des Alpes, par rapport à Rome.

- La région est assez clairement indiquée pour que l'on songe aux premiers contreforts des Alpes, où prospère encore la vi~ne.

Le pin suffit à abriter la mmson du sage, parce que celle-ci est petite et parce que le pin parasol, dont il s'agit certainement, étend au loin son ombre.

On serait tenté de lui appliquer les vers que Virgile consacre au chêne Tranquille, il voit passer les hommes et les temps; Et lozn de tous côtés tendant ses rameaux sombres, Seul il jette alentour une immensité d'ombres.

Le chaume est souvent mentionné par le poète latin.

C'est lui qui recouvre la maison, centre de la villula, petit domaine champêtre.

En un autre endroit, Virgile représente - en idéaliste -le sort heureux de l'homme des champs.

Tranquille sous le.

chaume, à l'abri des tempêtes, L'heureux cultivateur donne ou reçoit des fêles.

L'hospitalité fait partie intégrante des conceptions morales de l'anti­ quité gréco~latine.

L'hôte est un être sacré, un porte-bonheur; on le reçoit avec empressement, on le traite avec honneur, même quand on est pauvre.

Les dieux n'ont-ils pas coutume de prendre ainsi la forme humaine pour éprouver le cœur des mortels? (Philémon et Baucis.) · La vigne fait l'objet de nombreux vers dans les Géorgiques; Virgile lui prodigue ses éloges et donne les conseils les plus circonstanciés sur la manière de la cultiver ...

Enfin, à ton vignoble, as-tu choisi sa terre? ...

Il faut entrecOUJ?er le penchant des coteaux, Et retourner la glebe élevée en monceaux ...

Ces périphrases décrivent la culture en terrasses.

Du vin, du pain, voilà le fond de l'alimentation rustique de Gallus.

En. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles