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VICTOR HUGO (oeuvre)

Publié le 04/05/2022

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L'œuvre de Victor Hugo (i) : i0 LES POÉSIES LYRIQUES. - Comme Lamartine, c'est par Je lyrisme que Victor Hugo débuta, cl l'on a pu dire qu'il demeura toujours poète lyrique, même dans le drame, même dans l'épopée.
Son premier recueil fut les Odes et Ballades, publié en i822 et qui s'enrichit à chaque édition de pages nou­ velles jusqu'en 1828. Victor Hugo est alors royaliste et il subit l'influence de Chateaubriand. En rythmes sou­ vent bizarres il évoque les sylphes et les fées, les lu lins et les géants, la ronde du sabbat, c'est-à-dire toutes les légendes gracieuses ou terribles du moyen âge. En stances renouvelées de Ronsard et de Malherbe, il chante ses amours ou célèbre les g-rands événements de son temps. Et il y a beaucoup de grandeur et de souffle
dans l'ode A la Colonne de la place Vendôme, beaucoup
(1) Voici les œuvres en prose dont nous n'avons piîinl à nr�us occuper; lloma.n!I
IJug J<Irgal,/lan d'lslande(l823),leiJerni,rJour ,Cun condamne(IS:9), Noir<• Dame de l'aris (1831), Claude Gueux (1834), L,s Alisérablts (1862),Les Travail, lwrs de la mer (1866), L' 1/ommequi rit (1869), Quatre-vingt-lreüe (1�74); é,·rils politiques: Etude sur Mirabeau (1834), Napoleon le Petit (1852), llistoire d'un crime (1852-1877), At·ant l'exil, Depuis l'exil, Pendant l'exil, Choses vues;cri­
lique et livre• do voyages: Le Rhin "(1842), IVilliam Shak<1peare (1864), ale.
d'imagination dans le Chant de flte de Néron ou dans la Fée et la Péri, beaucoup de g-râce et d'émotion dans la pièce sur son enfance ou les vers à Mme Hugo.
En 1829, parurent les Orientales dont le coloris écla­ tant nuisit à la teinle plus douce des Odes et Ballades.
Les esprits étaienl alors tournés vers la Grèce, vers la Turquie, vers le� pays du soleil. L'ltinérafre de Cha­ teaubriand n'avait pas été étranger à ce mouvement littéraire, et la guerre de l'indépendance hellénique ,le favorisait. Sans avoir jamais vu les pays dont il parle, Victor Hugo réussit à donner la sensation des choses d'Orient. 11 éblouit par la magnificence des images et la virtuosité du rythme dans le Feu du ciel, les Djins, Navarin et Grenade. Et, après les œuvres de l'âge mûr, on aime à relire ce livre de jeunesse où pièces descriptives, rêveries, ballades, chansons même, se trouvent mêlées à des morceaux dont l'allure est épique ou à des odes d'up mag·oifique mouvement.
Deux ans plus tard, un nouveau recueil montrait sous un autre jour le talent du poète. C'étaient les Feuilles d'automne, que Victor Hugo définit ainsi dans la pré­ face: « Des feuilles tombées, des feuilles mortes, comme toutes les feuilles d'automne! Ce n'est point là de la poésie de tumulte et de bruit; ce sont des vers sereins et paisibles, des vers comme tout le monde en fait ou en rêve, des vers· de la famille, du foyer domestique, des vers de l'intérieur de l'âme. C'est un regard mélanco­ lique et résigné, jeté çà et là sur ce qui est, surtout sur ce qui a été. n On ne saurait mieux résumer l'impression produite par ce livre. Après la fantaisie des Odes et Ballades et le coloris exubérn.nt des Orientales, nous trouvons une poésie intime, toute de sentiments et de rêves. Le poète se raconte lui-même et pleure la jeu­ nesse qui s'envole (1). Il parle de ses parents et de ses enfants avec une émolion touchante (2). Il ·s'absorbe dans des rêveries philosophiques et dans la contempla-
(ij Lirt5: l'e str?cle avait deux ans; 0 mes lettres/ Dédain, etc.
(2) A Monsieur Louis JJ. ; A u11 voyagwr; Lorsque /'wfa11t para ; La issu 1010 ce• enfants sont bieri Id.
tion de la nature, qu'il préfère à l'humanité (i). El il affirme sa foi en l'existence de Dieu, en l'immortalité de l'âme, en la nécessité de la prière consolatrice (2). 1:oul cela est très noble et très touchant.
Dirns les trois recueils qui suivirent, Chants du cré­ puscule (i835), Voix intérieures (i837), Rayons et Ombres (i840), on rencontre des pièces analogues et le même genre de poésie intime. Toutefois la philosophie tend à dominer avec Pensar, dudar, ou Sagesse, ou Cœruleum mare; et la politique s'y étale dans de nom­
breuses pièces: Napoléon II,_1Dicté après juillet 1830, Le Sept août 1829 el Sunt laérymœ rerum, dernier
hommage rendu au roi Charles :X mort en exil.
Enfin, toutes ces tendances et toutes ces qualités ont leur complet épanouissement dans les Contemplations, publiées en i856. C'est un des trois g-rands ouvrages de Victor Hug·o : les Châtiments sont le livre satirique; la
Légende des siècles, le livre épique; les Conterhplations,
le livre lyrique. Il est divisé en deux parties, l'une plus insouciante et plus gaie, l'autre plus grave et plus dou­ loureuse. La première se nomme Au•rREFOIS (i838 à i843) avec ses chapitres distincts : Aurore; l'Ame en
fleur; les Luttes et les R§ves ; la seconde porte ce titre:
AUJOURD'HUI (i843 à i855) avec les subdivisions corres­
pondantes: Pauca meœ; En marche; Au bord de l'in­
fini. « Un abîme les sépare, a écrit l'auteur : le tom­ beau! » En effet, le 4 septembre i843, Léopoldine Hugo avait péri, pendant une promenade en bateau, avec son époux Charles Vacquerie; et la douleur do père avait été immense. Quand il eut bien crié sa souffrance, il la chanta. Ce sont ces vers, ces roses embaumées jetées à pleines mains sur le cercueil de sa fille, qu'il réunit dans la seconde partie des Contemplations, sous le titre de Pauca tneœ; et l'on comprend qu'un pareil malheur ait modifié le ton du recueil. Dans sa préface, Victor Hugo explique ce qu'il a voulu mettre en ces « Mémoires d'une âme », comme il appelle les Contemplations.
(!)Pan; lij.èvre; Soleils couchants; Ce qu'o11 mtend sur la mo1tla!J1&0. (%) La priére pour tou•.
« C'est, dit-il, un esprit qui marche de lueur en lueur, en laissant derrière lui la jeunesse, l'illusion, le combat, l'amour, le désespoir, et qui s'arrête éperdu au bord de l'infini. f.:ela commence par un sourire, continue par un sanglot ·et finit par un bruit de clairon de l'abîme. » En style moins brillant, c'est l'histoire du cœur et de l'esprit de Victor Hugo, jusqu'à cette date. Souvenirs d'enfance et souvenirs d'amour, idylles et églogues, chansons et dissertations, hymnes de bonheur et sanglots déses­ pérés, il y a tous les sentiments humains dans ce livre où la poésie lyrique épanouit toutes ses fleurs.
Depuis, nombre de recueils lyriques ont paru sous le nom de Victor Hugo. Mais, sauf dans les Chansons des rues et des boif:, qui furent une tentative malheu­ reuse pour rivaliser avec les poètes légers et badins, il n'y a rien de plus dans les autres livres, pas même
dans Toute la lyre ou les Quatre Vents de l'Esprit.
Lors de:; Contemplations, Hug·o est déjù, en matière de poésie lyrique, un maître qu'il semble impossible de surpasser (1). 2° LE THÉA1'RE (2). - De même que J. du Bellay, en
sa Défense et illustration de la langue française, faisait
la guerre aux mystères, aux moralités, aux sotties, c'est-à-dire au théâtre du moyen âge, de même Victor Hugo, dans sa préface de Cromwell en 1827, signifia son arrêt de mort ù la tragédie classique. li réclama la suppression des unil6s de temps et de lieu; il préconisa le rlrame historique, où l'on doit mettre, d'après les mémoires et les archives, le plus pos,;ible de couleur locale; il demanda égalemeGt qu'on uuallît la haute muraille qui séparait le trenre comique du genre tra­ gique; et sa fameuse théorie du grotesque n'a pour but que de réintégrer dans le drame le rire à côté des larmes, le ridicule lt côté du terrible, car ils ne sont point séparés dans la vie et ne sauraient l'être sur le th6âtre.
(t) -Les Chansons des\ ues et des bois, f865; l'.A1111ée terriole, i872; l'Ar
,tëtre grand-père (1877); .'os Quatre Vent, de /'Esprit, 1881, etc. (l?) Sw- lo théô.tr. do V. Hugo, vo,,. u ,l,·o brochu.c.: Urume-' 1'ragédi<.
Celle préface de Cromwell suscita beaucoup d 'enlhou­
siasnie et beaucoup de colère. C'était le manifeste de la
jeune école: les nclcs suivirent bientôt les déclarations. 'fandis qu'Alexandre Dumas donnait Ilem·i Ill et sa cour, C!tristine, Antony, tandis qu'Alfred :6.e Vigny
lançait dans_ le public Othello, la Afaréchale d'Ancre et
Chatterton, 'le chef du romantisme livrait de rudes batailles et les gagnait. Sans corn pler Cromwell, qui est injouable, et Marion Delorme, qui fut interdite par la censure, il lit représenter de l82ü à 18113, Hernani, Le Roi :,'amuse, Lucrèce Borgia, Marie Tudor, Angelo, Ruy Blas et les Burgraves (i). Hernani avait été, non sans une acharnée résislance des classiques, le plus légitime des triompheis; les Burgraves, mal soutenus par la jeunesse, tombèrent d'une façon exagérée.
Viclor Hugo fut très affecté de cet échec; et, à partir de i843, il ne travailla plus pour le théâtre. Il ne l1t pas jouer Torquemada et n'acheva point les Jumeaux, dont il nous resle une ébauche pleine de promesses.
Absolument découragé par les cabales, il se tourna vers l'épopée.
Faut-il le dire? On fut longtemps injuste pour le théâtre de Victor Ilugo. La vogue de la comédie de mœurs et la victoire éphémère du réalisme amenèrent bien des gens à dédaig·ner les /Jernani et les Ruy Blas.
On reprocha avec assez de justesse au dramaturge l'emploi de certains moyens matériels et l'abus de la mise en scène; mais d'autres critiqu

« VICTOR HUGO (i802-i885) Notice biographique (i).

- « Ce siècle avait deux ans», lorsque dans Besançon,« vieille ville espagnole », naquit Vic• tor-Marie Hugo.

Ses ancêtres étaient-ils nobles, comme l'a prétendu le poète? Étaient-ils, au contraire, de pauvres arti­ sans, ainsi que le soutiennent des biographes envieux?...

Que nous imporle!.

..

Le père de celui qui devait écl'ire la Lé!]ende des siècles fut un soldat de la Révolution et un général de l'Empire.

Les tlélractcurs de Victor Hugo n'ont peut-être point une origine aussi brillante que celle-là ! Après de longs voyages pendant sa Loule première enfance et quelques années de bonheur tranquille dans le fameuxjar• din des Feuillantines, Victor Hugo est mis au collège pour se préparer à !'École pplylechnique.

Mais, comme Lamartine qui avait l'horreur des sciences exactes, l'adolescent néglige les mathématiques et rime des pièces de vers pour les concours de l'Acatlém:e française el des Jeux floraux.

Bientôt même, il s'élève au-dessus de cette poésie de circonstance, et, en 1822, le recueil des Odes et Ballades signale son nom à l'admiration des lettrés.

Fontanes, quoique classique, protège ce novateur, et Chateaubriand encourage celui qu'il appelait« l'enfant su­ blime», sans se douter peut-être que sa vieille gloire allait être éclipsée par la réputation éclatante de cet enfant.

Depuis !822, en elîet, il ne se passe point d'année où Victor Hugo ne donne quelque livre nouveau, toujours applaudi par le public. li devient chef d"lcole; il fait triompher sur la scène française une nouvelle formule dramatique, et il n'a point quarante ans que déjà il est salué comme le maître incontesté de la poésie lyrique, comme le plus puissant génie de notre race. ' (1) i.ire sur Victor Hugo: Victor lfogo raconté par un témoin de sa vie ( 1863), Emile Faguet, XIX• siècle; Renouvier, Victor Hugo; Ernest Dupuy, Vir/or Jlugo, l'homme et le {lfJJle; Jla,liilleau, Victor Flu,qo; Uruneli�n:, l't.'volu.li.on delapoésit l 11 rique au u,• siècle; René Doumic, llutoirede la litlératurt frq,a. ,aise.. »

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