Victor HuGo, Les Misérables, 5° partie, III, 1. Commentaire
Publié le 05/12/2013
Extrait du document
SUJET
Au cours d'une émeute à Paris en juin 1832, le jeune
Marius est gravement blessé. Jean Va/jean le sauve en
l'emportant sur son dos dans les égouts de Paris.
Quand il eut tourné l'angle de la galerie, la lointaine lueur
du soupirail disparut, Je rideau d'obscurité retomba sur lui
et il redevint aveugle. Il n'en avança pas moins, et aussi
rapidement qu'il put. Les deux bras de Marius étaient passés
autour de son cou et les pieds pendaient derrière lui. Il
tenait les deux bras d'une main et tâtait Je mur de l'autre.
La joue de Marius touchait la sienne et s'y collait, étant
sanglante. Il sentait couler sur lui et pénétrer sous ses
vêtements un ruisseau tiède qui venait de Marius. Cependant
une chaleur humide à son oreille que touchait la bouche
du blessé indiquait de la respiration, et par conséquent de
la vie. Le couloir où Jean Valjean cheminait maintenant
était moins étroit que Je premier. Jean Valjean y marchait
assez péniblement. Les pluies de la veille n'étaient pas
encore écoulées et faisaient un petit torrent au centre du
radier (1). et il était forcé de se serrer contre le mur pour
ne pas avoir les pieds dans l'eau. Il allait ainsi ténébreusement.
JI ressemblait aux êtres de nuit tâtonnant dans
l'invisible et souterrainement perdus dans les veines de
J'ombre.
Pourtant. peu à peu, soit que les soupiraux lointains
envoyassent un peu de lueur flottante dans cette brume
opaque, soit que ses yeux s'accoutumassent à l'obscurité,
il lui revint quelque vision vague, et il recommença à se
rendre confusément compte, tantôt de la muraille à laquelle
il touchait, tantôt de la voûte sous laquelle il passait. La
pupille se dilate dans la nuit et finit par y trouver du jour.
de même que l'âme se dilate dans le malheur et finit par y
trouver Dieu.
Victor HuGo, Les Misérables, 5° partie, III, 1.
Deuxième partie : la lutte épique de Jean Valjean
Jean Valjean doit lutter contre différents obstacles.
• Le cadre, précisément décrit (la galerie, le mur, la muraille, le couloir étroit, le radier, l'eau) est évoqué métaphoriquement par les veines de l'ombre. Son étroitesse, il marchait péniblement, s'oppose à la progression de Jean Valjean et donne une dimension plus héroïque à son sauvetage.
«
CORRIGÉ
Nous avons choisi pour ce corrigé de ne donner qu'un plan succinct de façon à ce que vous puissiez vous entraîner à rédiger.
• Remarques préalables
•
L'œuvre.
les Misérables publiée en 1862 a occupé une
grande partie de la vie de Victor Hugo (il l'a commencée
dès 1845 pour la terminer en 1861).
C'est la« grande épopée du peuple »dans laquelle l'auteur s'était fixé une mission : «Tant qu'il existera, par le fait des lois et des mœurs, une damnation sociale créant artificiel
lement, en pleine civilisation, des enfers, et compliquant d'une fatalité humaine la destinée qui est divine; ( ...
) tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.
»
•
L'auteur : chez Hugo, la vision du monde est mani chéenne; le Bien s'allie toujours au Mal, l'ombre à la lumière.
Ainsi son œuvre est-elle organisée autour de
contrastes où le visible et l'invisible, le réel et le symbolique se rejoignent pour faire apparaître une même réalité.
•
Situation du passage : Jean Valjean, un ancien forçat
devenu un honorable industriel tente d'échapper à son passé et consacre le reste de sa vie à l'expiation.
Il s'occupera
de Cosette, comme il l'avait promis à sa mère sur son lit de mort et lui donnera une bonne éducation.
Mais sans cesse poursuivi par Javert, un policier très scrupuleux, il devra se cacher.
Au cours de l'émeute parisienne du 5 juin 1832, à laquelle participe Marius, un jeune insurgé et
Gavroche,
« le gamin de Paris » Jean Valjean épargnera
Javert qu'il pouvait tuer et sauvera Marius en l'entraînant sur ses épaules à travers les égouts de Paris.
• Le libellé du sujet indique un plan : la réalité du combat
de Jean Valjean contre la mort et sa dimension symbolique.
Il conviendra donc de commencer le commentaire par la présentation du récit du sauvetage, en analyser le caractère
épique pour aboutir à la signification symbolique du passage
étudié.
55.
»
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