Victor Hugo, L'Année terrible, « Sur une barricade, au milieu des pavés ».
Publié le 10/01/2020
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XI
Sur une barricade, au milieu des pavés
Souillés d'un sang coupable et d'un sang pur lavés,
Un enfant de douze ans est pris avec des hommes.
- Es-tu de ceux-là, toi ! - L'enfant dit : Nous en sommes.
- C'est bon, dit l'officier, on va te fusiller.
Attends ton tour. - L'enfant voit des éclairs briller,
Et tous ses compagnons tomber sous la muraille.
Il dit à l'officier: Permettez-vous que j'aille Rapporter cette montre à ma mère chez nous ?
- Tu veux t'enfuir ? - Je vais revenir. - Ces voyous
Ont peur ! Où loges-tu ? - Là, près de la fontaine.
Et je vais revenir, monsieur le capitaine.
- Va-t'en, drôle ! - L'enfant s'en va. - Piège grossier !
Et les soldats riaient avec leur officier,
Et les mourants mêlaient à ce rire leur râle
Mais le rire cessa, car soudain l'enfant pâle,
Brusquement reparu, fier comme Viala,
Vint s'adosser au mur et leur dit: Me voilà.
La mort stupide eut honte, et l'officier fit grâce.
(commentaire composé de français)
• v. 16-17-18
« Mais » : le décor change
d'atmosphère. Rythme
rendu grave dans cet hémistiche . par la présence des e
suivis de consonnes donc
prononcés:
«Mais le rire cessa 1 \"• =
surprise.
- multiplication des termes
qui traduisent stupéfaction,
véritable effet de coup de
théâtre : \" soudain , \" brusquement\"·
15) ce qui provoque ampleur
de chaque alexandrin.
- Particulièrement· v. 15,
construit comme le précédent ( « et \" répété : stylistique gréco-romaine - vers
épique - rebondissement de
phrase).
Véritable tableau de champ
de bataille.
- Antithèse du \"rire\" (des
attaquants de la barricade)
et du \" râle \" des \" mourants\"
- Décor sombre, en contraste, tout à fait propre à l'épopée cf Racine.Andromaque :
récit du sac de Troie.
- Noter que l'épopée est
traduite auditivement :
rire 11 râle
des termes allitératifs placés
côte à côte, tandis què
voyelles se différencient :
bref, aigu / â long, sourd.
Très spectaculaire.
v. 16-17-18.
\"Car soudain l'enfant
pâle » : pâle place rejetée
volontairement en fin de
vers. De plus cet adj. donne
impression de fragilité chez
enfant qui pourtant revient,
donc opposition qui rend
plus fort son héroïsme.
- << soudain-brusquement \"
= rebondissement qui met
lui aussi le jeune héros en
valeur. '
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«
Poème écrit en alexandrins (le vers hugolien par excellence).
Nombreux enjambements.
Les rimes sont suivies, du type AA, BB.
Ex : « nous / voyous » ; « fontaine / capitaine »…
Alternance des rimes féminines (qui se terminent par –e, -es, -ent) et des rimes masculines.
Ex : «
pâle » / « Viala ».
Récit d’une barricade (monde violent, d’hommes, révolutionnaire) mais avec au milieu un enfant
(douceur, naïveté…).
Cf.
aussi la mort de Gavroche dans Les Misérables .
NB : comme souvent chez Hugo, le poème raconte une histoire, avec des mots simples…
I- Un monde violent
A- Un monde en révolution
• Montrez que la ville est en pleine agitation.
Cf.
« Sur une barricade » ; « au milieu des pavés » ; « la muraille »…
+ Présence des forces de l’ordre : « l'officier » ; « les soldats »…
• Monde violent.
Cf.
le champ lexical de la mort et de la blessure présent dans ce poème.
Ex :
« Souillés d'un sang » ; « d'un sang » ; « fusiller » ; « s'adosser au mur » > peloton d’exécution ; « La
mort »…
« les mourants » ; « leur râle » > agonie.
« tomber sous la muraille » > sont fusillés.
B- L’enfant
• Dans ce monde d’adultes, présence d’un enfant.
Cf.
« Un enfant de douze ans est pris avec des
hommes » > premier hémistiche consacré à l’enfant + son âge.
Jeunesse.
« Un enfant » VS « des
hommes ».
• Mais l’enfant rappelle qu’il fait corps avec les adultes.
Cf.
l’utilisation de la première personne du
pluriel « Nous en sommes ».
• L’enfant est brutalement placé dans la réalité des adultes.
Cf.
« - C'est bon, dit l'officier, on va te
fusiller » > l’officier ne semble pas ému ni embêté.
Décalage entre la légèreté du ton « c’est bon » et le
fait « te fusiller ».
• Enfant spectateur.
Cf.
« L'enfant voit ».
II- Le courage récompensé
A- Un brave enfant
• L’enfant n’est pas un lâche : n’oublie pas ses compagnons.
Cf.
« Nous en sommes ».
Discipliné.
Cf.
« Attends ton tour »..
»
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