Victor HUGO: Demain, dès l'aube... (Commentaire)

Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au-dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et, quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur. Nous sommes à la veille du quatrième anniversaire de la mort de Léopoldine, la fille aînée de Victor Hugo dont nous avons déjà parlé plus haut. C'est autour de ce deuil que se construit le recueil des Contemplations, duquel est extrait ce poème composé de trois quatrains en alexandrins à rimes croisées.