Victor HUGO : Demain, dès l'aube... (Commentaire)
Publié le 17/01/2022
Extrait du document


«
On ferait donc une erreur d'interprétation en « projetant » dans le texte ce que l'on en sait déjà par ailleurs et envoulant, par exemple, reconnaître Léopoldine dans le « toi» général et indéterminé auquel s'adresse le poète.
Il faut rester fidèle à l'oeuvre et ne pas vouloir en tirer davantage de détails ou de précision qu'elle n'en donne.
MOUVEMENT DU TEXTE
Cette courte pièce en alexandrins se compose de trois quatrains.
Elle nous décrit le projet d'un voyage dont chaquequatrain marque une étape précise : «Je partirai » (vers 2), «Je marcherai » (vers 5) et enfin « j 'arriverai » (vers 11).
Mais ce trajet spatial se double en fait d'une progression psychologique.
Le lecteur passe en effet de l'impatience àla tristesse puis à une forme de résignation douce-amère.
Une première partie évoque la perspective d'un voyage vers une personne à laquelle le poète s'adresse sur un tonfamilier, dans un état d'esprit fait d'ardeur impatiente et exclusive.
Une seconde partie nous révèle graduellement lebut funèbre de ce voyage, après que l'impatience a laissé place à une forme de renoncement.
Ces deux parties s'articulent autour du huitième vers, dans lequel le poète nous confesse sa tristesse, nousamenant ainsi à interpréter différemment l'attitude décrite aux vers 5-7.
Ce basculement produit par le vers 8 est manifesté par l'opposition « jour/nuit ».
On passe véritablement, explicitement, du monde de la lumière («aube », « blanchit») à celui de la tristesse, de l'obscurité («Je ne regarderai ni...
»).
Enfin le dernier vers, par ses évocations de couleur et de vie (« houx vert », «bruyère en fleur »), réintroduit une connotation d'espoir ou, en tout cas, d'apaisement.
LECTURE SUIVIE
Ce court poème est composé en alexandrins.
Mais il faut souligner que Victor Hugo, capable en d'autres oeuvresd'un extraordinaire souffle emphatique, a su trouver ici un rythme fait de douceur et de simplicité.
« Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai.»
Deux points sont à souligner dans ce début : la progression du premier vers et surtout l'emploi, remarquablementefficace, du rejet.
Le premier vers est bâti sur un rythme 2-2-8.
Il commence par deux groupes verbaux brefs dont la successionrapide annonce volonté et détermination ; suivis d'une proposition plus longue qui apporte au vers une certainesérénité.
Par contraste avec cette longue proposition, les mots «Je partirai » prennent un relief tout particulier.
Rejetés en début de vers 2, ils accentuent fortement l'impression de décision irrévocable déjà créée par l'attaque «Demain, dès l'aube ».
Le poète semble ainsi nous faire part, non pas d'un constat, mais d'une volonté que rien ne pourrait infléchir.
Il partira dès que possible, «à la première heure ».
L'emploi du futur simple renforce encore cetteimpression de détermination.
On pourra souligner la formule «à l'heure où blanchit la campagne ».
Le texte étant écrit en septembre, on peut supposer que Hugo fait allusion au moment du matin où l'herbe blanchit sous la gelée.
La précision horaire se doubleainsi de la connotation d'une température froide, ce qui accentue l'idée que rien n'arrêtera la marche déterminée dupoète.
Cette notation visuelle, juste et précise, introduit aussi une idée de couleur renforçant la signification de «aube » qui vient du latin « alba » : «blanche ».
«...
Vois-tu, je sais que tu m'attends.»
Le second vers fait intervenir un « tu », et révèle ainsi le texte comme s'adressant à une personne indéterminée. Cette personne, le poète la connaît bien, au point de la tutoyer et, surtout, de deviner ses pensées sans risqued'erreur : «je sais que tu m'attends», lui dit-il.
La connivence entre le narrateur et cette personne nous est suggérée de façon très habile par la succession des«je» et des « tu » :
«Je partirai.
Vois-tu, je sais que tu m'attends.»
Le recours au tutoiement, l'imbrication des deux pronoms, la certitude qu'affiche le narrateur d'être effectivementattendu, la simplicité du langage employé, tout concourt à nous faire sentir entre le poète et son interlocuteur unefamiliarité affectueuse.
«J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.»
Plus que la description d'un itinéraire, ce vers 3 est l'affirmation réitérée d'une volonté.
Le narrateur ira vers son but.
»
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