Victor HUGO (1802-1885) Recueil : Les contemplations - Les Roches, juin 1831. Commentaire
Publié le 07/02/2016
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Victor HUGO (1802-1885)
Recueil : Les contemplations
Victor HUGO (1802-1885)
Le poète s'en va dans les champs
Le poète s'en va dans les champs ; il admire,
Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs,
Celles qui des rubis font pâlir les couleurs,
Celles qui des paons même éclipseraient les queues,
Les petites fleurs d'or, les petites fleurs bleues,
Prennent, pour l'accueillir agitant leurs bouquets,
De petits airs penchés ou de grands airs coquets,
Et, familièrement, car cela sied aux belles :
- Tiens ! c'est notre amoureux qui passe ! disent-elles.
Et, pleins de jour et d'ombre et de confuses voix,
Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois,
Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables,
Les saules tout ridés, les chênes vénérables,
L'orme au branchage noir, de mousse appesanti,
Comme les ulémas quand paraît le muphti,
Lui font de grands saluts et courbent jusqu'à terre
Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre,
Contemplent de son front la sereine lueur,
Et murmurent tout bas : C'est lui ! c'est le rêveur !
I. Le poète s'en va dans les champs..,.
Il admire : sentiment instinctif qui n’était pas nouveau, bien que les romantiques l’aient particulièrement exploite. Cf. La Fontaine, Fénelon. Noter qu’il ne s’agit pas ici de la nature sauvage et pittoresque, mais de la campagne.
Il adore : cette nuance ne se trouve guèreavant J.-J. Rousseau et Lamartine. La nature n’est pas seulement belle, elle est mystérieuse et divine.
Il écoute : La nature parle et éveille des résonances dans l’âme du poète qui porte une lyre en lui. Elle le fait spontanément vibrer et chanter, car elle s’accorde avec ses sentiments intimes. Nous sommes maintenant en plein romantisme.
«
202
TEXTES COMMENTI:S ET COMPARPS
Victor Hugo s publié les
Contemplations
en l8é.
Mais ce
recueil renferme des pièces de différentes époques.
Ce sont les
mémoires de son âme.
Tous les souvenirs, les sentiments de
sa vie déjà longue y ont leur place.
Le poète nous dit dans cette
pièce, datée de 1831, son attitude en face de la nature'.
L Le poète s'en va dans les champs...
Il
admire : sentiment nstlnctlf qui n'était pas nouveau,
bien que les romantiques l'aient particulièrement exploite.
Cf.
La Fontaine, Fénelon.
Noter qu'il ne s'agit pas ici de la
nature sauvage et pittoresque, mais de la campagne.
Il
adore
: cette nuance ne se trouve guèreavant J.- J.
Rousseau
et Lamartine.
La nature n'est pas seulement belle, elle est
mystérieuse et divine.
Il écoute : La nature parle et éveille des résonances dans
l'âme du poète qui porte
une lyre
en lui.
Elle le fait sponta-
nément vibrer et chanter, car elle s'accorde avec ses sentiments
intimes.
Nous sommes maintenant en plein romantisme.
H.
Suivent 16 vers de description.
Hugo est un grand
peintre.
Il ne s'attache pas d'ordinaire à des objets particuliers,
comme La Fontaine, mais à des ensembles.
Il procède souvent
par énumération et accumule les détails précis ou pittoresques.
Nous ne sommes pas d'ailleurs ici devant un paysage bien
individualisé.
La nature est représentée par les fleurs et les
plantes.
D'où deux parties qui se répondent.
1.
Les
fleurs, dont l'éclat et les couleurs sont comparés aux
rubis,
ce qui est banal, et à
la queue des paons,
ce qui est plus
nouveau; Hugo s'amuse aux jeux de la rime
(queues, bleues).
1.
La date indiquée
sur
le
nianuscrit est
18 3.
Un chiffre a été
effacé.
M.
Vianey lit
1843.
la
rime aurait donc été, éerte
un mois
seulement aprèsla mort de Léopoldine.
Le poète n'aurait pas attendu
un an pour pouvoir « regard -r
les
fleurs
qui
sont dans le
gazon.
(Les Contmrnpl.tions,.
Collection
des
Grands Écrivains, Ilacls(,tte,).
»
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