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Victor HUGO 1802 - 1885 Bon conseil aux amants. Commentaire.

Publié le 07/09/2018

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hugo

Victor HUGO

1802 - 1885

Bon conseil aux amants

L'amour fut de tout temps un bien rude Ananké. 

Si l'on ne veut pas être à la porte flanqué, 

Dès qu'on aime une belle, on s'observe, on se scrute ; 

On met le naturel de côté ; bête brute, 

On se fait ange ; on est le nain Micromégas ; 

Surtout on ne fait point chez elle de dégâts ; 

On se tait, on attend, jamais on ne s'ennuie, 

On trouve bon le givre et la bise et la pluie, 

On n'a ni faim, ni soif, on est de droit transi ; 

Un coup de dent de trop vous perd. Oyez ceci :

 

Un brave ogre des bois, natif de Moscovie,

Etait fort amoureux d'une fée, et l'envie

Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut

Au point de rendre fou ce pauvre coeur tout brut :

L'ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue,

Se présente au palais de la fée, et salue,

Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrousky.

La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.

Elle était ce jour-là sortie, et quant au mioche,

Bel enfant blond nourri de crème et de brioche,

Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso,

Il était sous la porte et jouait au cerceau.

On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.

Comment passer le temps quand il neige en décembre.

Et quand on n'a personne avec qui dire un mot ?

L'ogre se mit alors à croquer le marmot.

C'est très simple. Pourtant c'est aller un peu vite,

Même lorsqu'on est ogre et qu'on est moscovite,

Que de gober ainsi les mioches du prochain.

Le bâillement d'un ogre est frère de la faim.

Quand la dame rentra, plus d'enfant. On s'informe.

La fée avise l'ogre avec sa bouche énorme.

As-tu vu, cria-t-elle, un bel enfant que j'ai ?

Le bon ogre naïf lui dit : Je l'ai mangé.

 

Or, c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,

Jugez ce que devint l'ogre devant la mère

Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.

Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;

Adorez votre belle, et soyez plein d'astuce ;

N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,

Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien.

Dans sa fable intitulée Bon conseil aux amants, Victor Hugo entend désacraliser un genre sérieux : à le texte a toutes les apparences de la leçon morale, il prétend essentiellement faire rire et divertir le public. Ainsi, l'art d’aimer ne propose que des conseils d’une évidente simplicité ; loin d’instruire le lecteur, il renforce ses certitudes. De plus, l'accent est mis sur le plaire : par des procédés comiques et musicaux, le poète par vient à séduire le lecteur qui se laisse charmer par l'harmonie riante du poème et non assommer par la voix du moraliste. Hugo est ici loin de l'esprit souvent grave des fables de La Fontaine : alors que le poète classique entendait dénoncer les vices de la cour. Hugo n’a qu'un but, amuser.

hugo

« Si vous supplie qu'à ce jeune rimeur Fassiez avoir un jour par sa rime heur7, Afin qu'on die, en prose ou en rimant : " Ce rimailleur, qui s'allait enrimant, 25 Ta nt rimassa, rima er rimonna, Qu'il a connu quel bien par rime on a.

>> 1.

Poème à fiume fixe très apprécié à la fin du Moyen Age.

2.

Je m'enrhume.

3.

Malheureux.

4.

Je ne soutiens maille : je ne tire pas un sou.

S.

Greffe.

6.

Rimais.

7.

Bonheur.

• Texte 2: Victor HUGO (1802-1885), " Bon conseil aux amants », Toute la lyre (1873) Bon conseil aux amants I.:amour fut de tout temps un bien rude Ananké1 ; Si l'on ne veut pas être à la porte flanqué, Dès qu'on aime une belle, on s'observe, on se scrute ; On met le naturel de côté ; bête brute, 5 On se fait ange ; on est le nain Micromégas2 ; Surtout on ne fait point chez elle de déglts, On se tait, on attend, jamais on ne s'ennuie, On trouve bon le givre, et la bise et la pluie, On doit dire: J'ai chaud ! quand même on est transi 10 Un coup de dent de trop vous perd.

Oyez3 ceci : Un brave ogre des bois, natif de Moscovie, É tait fort amoureux d'une fée, et l'envie Qu'il avait d'épouser cette dame s'accrut Au point de rendre fou ce pauvre cœur tout brut.

15 I.:ogre, un beau jour d'hiver, peigne sa peau velue, Se présente au palais de la fée, et salue, Et s'annonce à l'huissier comme prince Ogrouski.

La fée avait un fils, on ne sait pas de qui.

Elle était ce jour-là sortie, et, quant au mioche, 20 Bel enfant blond nourri de crème et de brioche, Don fait par quelque Ulysse à cette Calypso4, Il était sous la porte et jouait au cerceau.

On laissa l'ogre et lui tout seuls dans l'antichambre.

Comment passer le temps quand il neige en décembre,. »

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