• « Victoire de Prométhée, notre victoire : il est naturel que la foule admire, applaudisse et chante. Et il est juste que l'esprit de l'homme, comme celui de Dieu après la création, se réjouisse de ce qu'il a fait. Mais précisément, l'homme n 'est pas Dieu, et il lui est plus facile de prendre à Jupiter son feu que sa sagesse»... Explication et discussion. • « Prométhée dans sa plus haute victoire n 'est pas délivré de son vautour»... Explication. Discussion.
Publié le 12/02/2011
Extrait du document
• Qui est Prométhée? Voir la note (a) de l'analyse. • Derrière cette légende s'inscrit tout l'homo faber, celui qui sait avec son intelligence et l'habileté de ses mains utiliser les forces naturelles (jeu) à son profit. • Il représente le progrès, la technique, et à notre époque son développement intensif. • Progrès incontestables, déjà Voltaire les prônait dans Le Mondain, mais la rapidité du développement et des découvertes technologiques aux XIXe et XXe s. est sans rapport avec ce qui précède. • Mais dans quels domaines? Quelles restrictions y sont-elles apportées?
«
• Après l'enthousiasme soulevé d'abord par de telles réalisations, et le désir, l'assurance même de parvenir à laconnaissance totale...
• ...
prises de conscience et doutes ont apparu, dès la première moitié du XXe s.
:
«L'homme moderne est l'esclave de la modernité», écrit Paul Valéry en 1939, «il n'est point de progrès qui ne tourneà sa plus complète servitude»...
; et se multiplient en cette fin de siècle.
• Au niveau même de la satisfaction des besoins matériels de subsistance, des restrictions se font jour : — face aubloc des nantis (l'Occident et les privilégiés de tous hémisphères), se lève un nombre, qui croît depuis 30 ans, demal nourris et même de malheureux mourant de faim (tiers et quart monde);
— en général d'ailleurs, l'agriculture ne se développe pas assez vite ; le cycle des saisons et l'aire cultivable lalimitent obligatoirement;
— quant à la répartition des biens, ce n'est pas seulement au niveau international (pays sous-développés) qu'ellen'est pas bonne, mais même à propos de la distribution à l'intérieur d'un pays;
— ainsi Sahel, Ouganda..., affamés, regardent de loin, sans être vraiment secourus, le tiers (petit tiers!) du monde,pays industrialisés, produits de la montée du capitalisme;
— ceux-ci ne sont d'ailleurs plus à l'abri : crises, chômage, inquiétudes se multiplient.
• Mais les besoins dits supérieurs sont encore bien moins contentés et là restrictions se doublent de désillusions oumême de défaites.
• Les besoins artistiques et intellectuels — mise à part la diffusion de la musique qui atteint le plus hautperfectionnement — subsistent, insuffisamment assouvis par les progrès techniques (ainsi au niveau de la peintureoù la reproduction typographique est toujours incomplète); la diffusion des œuvres picturales à la T.V.
se borne àde froids catalogues, trop souvent, et à des heures de petite écoute; celle de la culture, soit pontifiante, soitaffadie démagogiquement, laisse beaucoup à désirer.
Bref l'art ne suit pas le rythme des techniques.
• Mais surtout certains progrès laissent entrevoir des conséquences inquiétantes :
— utilisation sans discernement ou à des fins dangereuses des grandes découvertes scientifiques comme bombeatomique, nucléaire, à neutrons; techniques de plus en plus perfectionnées pour tuer l'homme, exterminer ce quil'entoure, détruire l'équilibre naturel, empiétement et zèle intempestifs de certains savants ou de ceux qui lesutilisent ; — au niveau politique, c'est sans doute pire.
Des formations totalitaires d'idéologies opposées mais auxrésultats similaires (écrasement des libertés, mépris et tortures des personnes humaines...) se sont développées aunom...
du progrès, des servitudes nouvelles se sont instaurées; une partie du monde est déstabilisée, les guerresponctuelles se sont multipliées, aux méthodes et moyens de plus en plus cruels et exterminateurs.
• Mais le plus pénible échec est au niveau de la personnalité humaine.
Loin de satisfaire ses besoins, les progrès lesont multipliés chez l'homme.
— D'abord il ne peut plus se développer dans sa durée propre; il est aliéné, prisonnier des horaires de la vie moderne(radio, T.V., «boulot», moyen de transport, loisirs...).
«La rapidité même du progrès scientifique et son applicationimmédiate à tous les actes de la vie jettent le trouble dans les esprits désorientés par un univers attrayant etdéconcertant à la fois » (P.
Michel).
— Sous l'effet de l'adoucissement de la vie matérielle et extension du confort, les besoins multipliés ont provoquédes désirs inassouvis, tentations perpétuelles, d'où rancœurs, dessèchement, ennui.
— Certains gains acquis n'ont pas toujours été confirmés (condition féminine), tandis qu'on assiste même à desreculs moraux spectaculaires : magie, superstitions, fanatisme, intolérance sanglante, reprise d'habitudesmédiévales.
— enfin l'adoration de l'objet (société de consommation) est pernicieuse; elle provoque égoïsme, indifférence,servitudes.
• Ainsi le progrès soulage certains aspects du Mal, mais en provoque d'autres aussi.
• «En dépit des succès scientifiques étonnants, les vieux maux continuent et l'âge de la Raison a évolué en un âgede la terreur» (Martin Luther King).
• Par son propre pouvoir, l'homme n'est pas parvenu pour l'instant à chasser le mal du monde..
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