Verlaine, Sagesse: Sous forme de commentaire composé, vous essaierez de montrer comment l'extrême simplicité des images est valorisée par la recherche des effets de rythme et le jeu des sonorités.

« Les rejets, les enjambements, compliquent encore ce rythme irrégulier.

Si l'on étudie les trois premiers vers ondécouvre en effet la structure suivante :« L'échelonnement des haies7Moutonne à l'infini // , mer 6 +1Claire / dans le brouillard clair » 1 6L'effet est plus étrange, car, pour le sens, le vers commence à « mer ».

Mais il en est autrement de la sonorité :l'adjectif « clair » encadre en effet ce troisième vers et lui donne son unité.

Il y a donc ici une discordance entre lesens et la sonorité.

Il est évident que l'effet produit par ce rejet traduit de façon poétique le mouvement desvagues.Une même impression de fluidité, de vagues, est sensible dans le deuxième quatrain où figurent le groupe sujet aupremier vers, le groupe verbal au second, puis la même séquence, mais inversée aux troisième et quatrième vers.

Le rythme semble se briser davantage dans le troisième quatrain :« Voici se jouer aussi De grandes brebis aussi Douces que leur laine blanche ».La répétition de «aussi», employé d'ailleurs avec un sens différent, relance la phrase de façon inattendue et rapide.Enfin le sujet inversé «l'onde», rejeté en tête de vers, prend une force nouvelle, mais il sert surtout à mettre envaleur le deuxième rejet (« de cloches »).

L'effet produit une sorte d'irrégularité que vient apaiser la symétrie desdeux derniers vers.

Ainsi le rythme des vers suggère-t-il la fluidité, la monotonie des vagues et leurs brisures.

Les sonorités.Les répétitions contribuent souvent chez Verlaine à créer une musicalité très particulière.

On peut relever en outreles assonances en e du premier quatrain qui unissent les rimes en e et er.

Elles sont renforcées par l'utilisation de«claire» à l'intérieur du vers.

A cette harmonie s'ajoute encore la reprise de «on ne» dans des mots assez longs(«moutonne» et surtout « échelonnement »).Etudiez aussi le son «i» dans le troisième quatrain ou les allitérations en « 1 » dans le dernier. 3) L'organisation des idées.Il est certain que ces remarques doivent être rattachées à des idées forces qui structurent le développement.Le plan pourrait être le suivant :Première partie : un paysage paradisiaque.m Étude des images évoquant le blanc, la pureté (voir plus haut).

La jeunesse du monde.

A ce sujet la deuxième strophe est particulièrement riche : le vert tendre, l'agilité despoulains et aussi :« Voici se jouer aussi De grandes brebis...

» Les remarques faites sur la simplicité des images et du style peuvent être utilisées : l'auteur donne ainsi l'illusiond'une inspiration naïve, primitive.

Le climat est à l'innocence.Deuxième partie : Un paysage harmonieux.

La complémentarité des sens a déjà été évoquée : le visuel et l'olfactif, le visuel et le sonore sans oublier letoucher («aussi douces que »).

La fusion des éléments : on traitera essentiellement celle de l'eau et de la terre.

Ce qui a été étudié plus haut àpropos des images et du rythme est à ce titre tout à fait utilisable.

Enfin cette harmonie résout l'opposition du trouble et du précis («brouillard clair» ou encore l'expression «vaguedimanche»), du fini et de l'infini (le paysage terrestre se perd dans l'étendue de la mer, se transfigure dans les«volutes» qui s'élèvent dans le ciel.

On retrouve probablement ici, de façon discrète, une persistance de l'aspirationmystique qui préside à Sagesse). CITATIONS « De la musique avant toute chose,Et pour cela préfère l'Impair,Plus vague et plus soluble dans l'air,Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

»Verlaine, Jadis et Naguère.. »