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Verlaine-L'enterrement

Publié le 09/10/2014

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Commentaire de texte de Paul Verlaine « L'enterrement » : Figure emblématique du poète maudit, Paul Verlaine fut reconnu par ses contemporains comme un véritable génie dont le talent et l'originalité lui valurent le surnom de « prince des poètes ». A 22 ans, sous l'impulsion de son admiration pour Baudelaire, il publie son premier recueil intitulé « Poèmes saturniens ». Le poème « Enterrement » que nous allons étudier fait partie des « Poèmes saturniens ». Nous nous pencherons ainsi dans un premier temps sur le traitement particulier que fait Verlaine de la mort dans ce poème où la cérémonie de l'enterrement baigne dans une atmosphère d'enthousiasme général. Dans un second temps, nous tenterons d'analyser le caractère paradoxal de cette célébration dont l'apparente gaieté dissimule une critique acerbe de la société ainsi qu'une profonde révolte à l'égard de la condition humaine. Verlaine signe ici un poème dont le thème mortuaire prête à un traitement surprenant A la manière d'un peintre, le poète semble ici composer le tableau d'un enterrement en y accumulant les détails réalistes. En effet le contexte mortuaire est retranscrit avec précision à travers l'évocation des personnages typiques tels que «&n...
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« modification volontaire du vers noble répond à la volonté de l’auteur qui désire surprendre son lecteur en prenant ses distances avec la forme traditionnelle de la poésie. Derrière l’éloge apparent de l’enterrement se manifeste en réalité une profonde révolte à l’égard de la condition humaine que Verlaine traite avec une ironie grinçante. Comme nous l’avons précédemment évoqué, le texte est émaillé par le champ lexical de la gaité et de l’enthousiasme, provoquant des associations de mots surprenantes ou il est difficile de ne pas percer une pointe d’ironie.

La « pioche qui brille » du fossoyeur accompagnée de l’étrange enthousiasme du prêtre « qui prie allégrement » sont autant de décalages qui manifestent une amertume teintée d’humour noir.

L’utilisation fréquente de la ponctuation exclamative témoigne également de l’emphase ironique de l’auteur qui a recours au procédé de l’antiphrase : « tout cela me parait charmant, en vérité ! ».

Cette gaité exagérée ne peut être authentique et se donne pour vocation de choquer pour mieux rappeler le lecteur à la tristesse de la scène. Verlaine reprend ici certains clichés afin de dresser un portrait caricatural et incisif de ses personnages.

L’engouement heureux du prêtre dans sa prière, la voix féminine de l’enfant de chœur mais aussi l’évocation du nez rouge du croque mort qui a trop bu permettent à l’auteur de dénoncer la révoltante indifférence des personnages en présence bis a vis du tragique de la mort.

La référence faite à la gourmandise des croque-morts dont l’embonpoint rend les vêtements trop étroits choque également par sa trivialité dans une atmosphère qui se voudrait teintée d’un humble respect face à la mort.

La dénonciation la plus virulente est cependant réservée à l’égard de la famille du défunt qui semble se gargariser de « beaux discours concis, mais pleins de sens » tandis que les cours « élargies » et les « fonts ou flottes une gloire » semblent davantage tournés vers la perspective d’un héritage que celle de l’hommage rendu au disparu. La douloureuse fatalité de notre sort commun est insupportable à l’auteur qui a recours à la métaphore pour mettre à distance l’horreur de la situation.

Le cercueil est ainsi comparé à l’ « édredon du défunt » qui rejoint « bien chaud, douillettement » le fond du trou.

L’euphémisme fréquent qui consiste à aborder la mort à travers l’image du sommeil permet à Verlaine d’adoucir la violence du destin de chaque homme.

Le mol impact de la terre qui ensevelit le cercueil emporte avec lui le souvenir d’un homme dont personne ne semble prêt a réellement célébrer l’existence.

On décèle ainsi une véritable angoisse d’un poète qui tente à travers sa plume d’apprivoiser l’idée de la mort et de dompter sa peur de l’oubli. Dans « Enterrement », Verlaine traite ainsi le thème de la mort à travers une tonalité faussement heureuse qui lui permet de mieux dénoncer la désinvolture et la cupidité des vivants à l’égard du défunt.

La gaieté apparente de ce texte qi semble dépouiller la mort de tout caractère morbide renvoie néanmoins avec violence à l’inévitable fin de notre existence.. »

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