Verhaeren – Les Horloges
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
A.
La fuite du temps.1.
Le temps qui s'écoule.— « Montant et descendant les escaliers des heures » : image originale qui montre le chemin du temps ;— « le babil des secondes », qui passent vite ;— « qui grignote le temps » ;— « boitant de leurs sabots ou glissant sur leurs bas » : marche heurtée ou souple du temps.2.
Le temps passé.— Regret du vieux temps, ou considération de ce qui n'est plus, ou de ce qui s'est abîmé.— « Fleurs d'antan », « sons morts », « vieilles servantes », « béquilles ».
B.
La peur.1.
Une atmosphère sombre.Qui favorise la peur inexpliquée, « la nuit », « le silence en noir » qui évoque le deuil, « la lune » à travers « les lunesdesCommentaires composéscorridors vides et blêmes », la couleur blême précisant l'impression de peur, et « bouche d'ombre ».
2.
Une idée de mort qui plane.— Le noir suggère la mort et le deuil (« en noir ») ;— Les « cercueils scellés » précisent l'idée de mort, et les « murs froids » font penser aux « corps froids » ;— Les « vieux os du temps que grignote le nombre » : une image horrible qui fait penser aux corps rongés par lesvers ;— La « lune » « blême » suggère aussi une atmosphère de mort.
3.
Une peur dite.a) Montée progressive de la peur, enfin exprimée à la fin de la 4e strophe :« Les horloges et leur effroi.
» Le changement de la forme du refrain qui passe de « avec » à « et » alerte le lecteurpour lui suggérer quelque chose d'important.b) Le poète apparaît lui-même à la fin du poème.
« Ma peur » souligne l'angoisse du poète, qui a le cœur « serré »quand il pose une question aux horloges sur la fuite du temps : il a l'impression d'être dans un étau, d'être broyé pardes bourreaux qui le plongent dans une épouvante atroce.c) Cette apparition tardive du poète avec toute sa peur permet une seconde lecture du poème, un peu différente,où tout devient hallucinant.
Conclusion.
Le poète a pour sujet un thème apparemment calme, la description des horloges dans une vieille demeure.
Mais toutdevient vite étrange, de plus en plus fantastique, puis effrayant.
L'homme apparaît peu à peu, en rendant leshorloges de plus en plus vivantes, et c'est lui qui transforme le cadre.Le thème est éternel.
Depuis « vulnerant Omnes ultima necat » (« Toutes blessent, la dernière tue ») qui était déjàl'inscription gravée sur les cadrans solaires des Romains,jusqu'au Pont Mirabeau d'Apollinaire (« Vienne la nuit, sonne l'heure »).
Mais il est repris ici avec une émotionpersonnelle sincère, semble-t-il, sous une forme qui annonce le Surréalisme..
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