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VERCEL Roger, pseudonyme de Roger Crétin : sa vie et son oeuvre

Publié le 11/11/2018

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VERCEL Roger, pseudonyme de Roger Crétin (1894-1957). Né au Mans, Roger Crétin fait des études de lettres à la faculté de Caen lorsqu’il est mobilisé en 1914; il se bat en France, puis en Orient, en qualité d’officier. Après la guerre, il enseigne au collège de Dinan. En 1930, avec la publication de Notre père Trajan, le jeune professeur entame, sous le nom de Roger Vercel, une carrière littéraire qui, pendant plus de vingt ans, sera jalonnée de succès. Un ouvrage que lui inspire son expérience militaire, Capitaine Conan, lui vaut en 1934 le prix Goncourt. A partir de 1935, avec la parution de Remorques, dont Jean Grémillon tirera un film remarqué en 1940, Roger Vercel va chercher son inspiration dans les récits d’aventures maritimes : il tenait, paraît-il, sa documentation des marins terre-neuviens qui hivernaient à Saint-Malo. De ses voyages aux États-Unis en 1955 et aux Antilles en 1956, il rapporte une documentation qui lui permettra d’écrire l’Été indien (1955) et l'île des Revenants (1956) avant de mourir à Dinan à soixante-trois ans.
 
Outre ces romans, Vercel avait publié Au large de l'Éden (1932), le Maître du rêve (1933), Rencontrées sur l'épave (1936), Jean Villemeur (1939), /’Aurore boréale (1947), Ceux de la « Galatée » (1949, premier volume d’une trilogie, la Fosse aux vents, comportant aussi la Peau du Diable [1950] et PAtalante [1951]).
 
A la lecture, les ouvrages de Roger Vercel apparaissent d’une étonnante cohérence, la source d’inspiration étant, de fait, presque toujours constante : des navires parcourant les mers, grands voiliers ou chalutiers de pêche. Il semble que le « roman maritime » ait été un genre fort à la mode entre les deux guerres, et les romanciers d’aventure ont alors tous plus ou moins des réminiscences de Pêcheur d’Islande de Pierre Loti. Les œuvres de Vercel obéissent aux critères du genre : une intrigue relativement simple, dont la base est presque toujours psychologique (dans Jean Villemeur par exemple, le héros s’embarque aux côtés de son père, capitaine d’un chalutier, car il ne peut supporter davantage le spectacle des infidélités de sa mère); ensuite, un réalisme du « vécu », que des descriptions du travail effectué sur les navires et l’usage d’un vocabulaire technique approprié se chargent de fournir; enfin, des moments de suspens destinés à tenir l’attention du lecteur en éveil

« Roger Vercel ne recèleraient donc rien de particulière­ ment original; seule, l'idée qu'il se fait du héros (qu'il s'agisse d'un marin ou, plus rarement, d'un soldat) paraît lui appartenir en propre.

Le héros a beaucoup de traits de l'aventurier-type, qui relève plus ou moins d'un mythe de la virilité : autorité, courage, présence physi­ que, confiance en soi et modestie; le portrait du capitaine Conan illustre bien cette perspective: «C'est un petit breton, un Malouin râblé, à épaules larges, avec de gros bras durs et une tête ronde [ ..

.

].

Il a ga1·dé le béret, l'uniforme bleu marine, la fourragère rouge des chas­ seurs à pied, son corps d'origine.

Cinq étoiles et trois palmes se touchent sur le ruban trop court de sa croix de guerre.

Légion d'honneur » (Capitaine Conan).

Pourtant, ces êtres d'élit�! ont quelque chose d'ambigu; en fait, ils n'existent, la plupart du temps, que par leur fonction et ne se révèlent capables d'actes héroïques que poussés par leur instinct, dans des circonstances précises qui leur permettent de s'illustrer.

Une fois qu'ils sont sortis de leur monde de héros par 1' effet des circonstances ou d'un choc psychologique, leur personnalité s'effrite, surtout lorsqu'ils ont .� a g né la tranquille sécurité d'une vie de famille bourgeoise : la guerre terminée, le capitaine Conan devien : une sorte «d'énorme maquignon, un visage de graisse tombante, jauni par la cirrhose, une paupière bouffie et pesante, les plis des mentons dans le col».

Le CC•mmandant de chalutier Yillemeur, après 1 'annonce de la mort de sa femme, se transforme en une sorte d'épave alcoolique, incapable de diriger son bateau.

Cette pbilo�ophie de la grâce d'état, assez banale et dans le goût d'une époque, semble assigner à Vercel une place précise et qu'il ne saurait transcender.

J.-P.

DAMOUR. »

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