VAUBAN - PRECURSEUR DES ECONOMISTES MODERNES ET SA « DIME ROYALE »
Publié le 28/03/2012
Extrait du document
Dès la fin du XVIIe siècle, l'état désastreux du royaume, la faillite généralisée de l'absolutisme gouvernemental, conduisent les esprits sérieux et dévoués à la cause de l'Etat, à envisager la conception d'une politique rationnelle et d'une science des rouages, alors si complexes et si enchevêtrés, de l'administration. Des personnalités, occupant pour la plupart de hautes fonctions et attentives aux problèmes économiques et financiers, s'inquiètent de plus en plus de la situation dangereuse de la France...
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422 MANUEL D'HISTOIRE LITTERAIRE DE LA FRANCE .
Les guerres incessantes et sans profit, les impôts inhumains
qui atteignent surtout les couches les plus démunies de la population, la misère, la famine qui en découle - dans un pays particulièrement favorisé au point de vue climatique et
agricole -, tout cela ne peut être que le produit d'une
politique insoucieuse de l'intérêt général et d'une anarchie
administrative entretenue comme à plaisir.· « Nùl gouvernement ne peut être longtemps heureux s'il est mené sans règle et sans théorie, au hasard des événements», écrit Boulainvilliers.
Avec lui, beaucoup d'autres, guidés· autant par un principe de raison que par-souci de justice et d'esprit réaliste, commen ce'nt à se demander pourquoi ces· guerres, pourquoi ces misères,
pourquoi cette disparité économique effarante entre les diffé~ rentes classes de la société.
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Et, peu à peU, sous la pression des faits, se forment cet
état d'esprit ct:où va sortir un mouvement philosophiqUe ou rationaliste qui, dans le domaine de l'économie et de.
la fisca
lité,- se donne d'abord pour but de che'rcher.
des remèdes susceptibles de guérir les maux dont souffre surtout Je • men'u peuple •• c'est-à-dire la population qui travaille et qui produit:
Il n'est question ni de changement de régime, n(de bou leversement des structures sociales.
du pays: la raison, la justice, l'esprit pratique, la critique de procédés administratifs
et fiscaux aussi ruineux qu'injustifiables, voilà les armes qu'on entend seulement utiliser en vue de réformes de bon sens, i'ndispensables au relèvement et à la prospérité de la monar chie, dont il ne viendrait à personne l'idée de mettre en doute
le- principe.
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Des projets, des programmes de réformes courent sous le manteau.
On s'enhardit à en· pàrler ouvertëmeht, à les imprimer
secrètement.
Ainsi fait Boisguillebert (1646-1714)' qui,' par les hautes fonctions qu'il a remplies, sait à quoi s'en tenir sur· l'état du royaume; ainsi Boulainvilliers (1658-1722) qui doit à ·ses rapports avec les intendants une connaissance 'aussi-exacte que pessimiste de la situation; ainsi Fénelon ou l'abbé de Saint-Pierre {1658-1743) 1 qui disposent de renseignements non moins sûrs.
1.
A ces noms il convient d'ajouter celui du marquis d'Argenson et surtout celui de Quesnay, médecin de Louis XV, qui tonda l'école écol)omique du Club de l'Entres!)!, plus généralement connu sous le nom .de Mouvement des Physiocrates, auquel se· rat~ tachent Mirabeau et Turgot.
Tous se· don nent pourbut d'améliorer l'état matériel du royaume.
Sans plus.
(Voir le tome Ill du Manuel d'Histoire littéraire de la France,
consacré au XVIII• siècle.).
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