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VAN LERBERGHE (Charles)

Publié le 20/05/2019

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VAN LERBERGHE (Charles), écrivain belge de langue française (Gand 1861 -Bruxelles 1907). Quoique le moins connu des grands symbolistes belges auxquels il se rattache, il est l'auteur d'une des œuvres les plus accomplies de l'époque 1900, grâce à la fluidité de son écriture qui lui valut le surnom de « poète au crayon d'or ». Ayant débuté par un drame symboliste (les Flaireurs, 1889), qui marqua, avec l'intruse de Maeterlinck, le début du « théâtre de l'angoisse », il cherche dans un premier recueil (Entrevisions, 1897) à rendre compte de la présence simultanée dans l'univers de l'être et du paraître, de la chose en soi et de la chose pour soi, puis célèbre ce qui, dans l'être, est directement participable pour l'homme, la pulsation du sensible, le frémissement de la vie (la Chanson d'Ève, 1904). Avant tout forme nomade destinée à faire corps avec le monde, Ève s'identifie au sensible en une succession de métamorphoses (fleur-fruit-fontaine-souffle-son-sirène-pommier) qu'accompagne le texte qui n'est plus que mouvement, ligne qui tremble, oscille, monte, descend, revient sur elle-même selon l'esthétique décora-
 
tive de l'Art nouveau. Expression d'un panthéisme radical pour lequel « tout est Dieu et Dieu est tout », sa dernière tentative théâtrale, Pan (édité en 1906 et porté à la scène par Lugné-Poe avec Colette dans le rôle principal), est une déclaration de foi dans les forces créatrices de l'univers.


« VAN LERBERGHE Charles (1861-1907).

Né à Gand, orphelin de bonne heure et recueilli par l'oncle de Mae­ terlinck, il fut le condisciple de ce dernier avant d'entre­ prendre des études littéraires à l'université de Bruxelles.

Outre beaucoup de vers brûlés, sa production de jeunesse comporte les Flaireurs, «petit drame pour fantoches» publié en 1889 et créé à Paris en 1892.

La critique a cru à un plagiat d•: /'lnft·u.se de Maeterlinck.

Pour avoir été créée un an plus tôt, la pièce de ce dernier date cependant de 1890: même si l'hypothèse d'une inspiration com­ mune ne doit pas être exclue, c'est, historiquement, Van Lerberghe qui a inauguré le théâtre symboliste et qui a engagé son compatriote dans cette voie.

Le sujet est simple, la donnée intemporelle : les émis­ saires de la mort frappent à la porte d'une moribonde veillée par sa fille; celle-ci tente vainement de leur défendre l'accès cependant que la vieille, hagarde, délire.

L'approche angoissante des trois « flaireurs » est soulignée par des effets macabres d'un goût assez puéril, qui finissent par prendre le pas sur le texte.

La pièce n'en fut pas moins jouée dans plusieurs pays à cause de son allure de manifeste.

Très « maeterlinckienne >>, elle rompt délibérément avec les canons naturalistes pour atteindre « l'idée à travers le réel >> : le drame, essentiel­ lement statique, se joue surtout dans l'esprit des person­ nages; la psychologie reste élémentaire.

Au cours de longs pèlerinages artistique en Angle­ terre, en Allemagne, en Italie surtout, Yan Lerberghe apprend à aimer les primitifs italiens; leur œuvre lui paraît incarner une idée en même temps qu'elle exprime le mystère.

Dès lors se prépare le recueil d' Entrevisions (1898); le titre néologique évoque déjà un univers éva­ nescent, hanté par des apparitions vaporeuses, suggéré par des images embuées et des descriptions en demi­ teintes.

La poésie de Van Lerberghe voile tout autant qu'elle révèle; sans pouvoir la saisir, on y soupçonne une présence.

Tout est attente d'un sens lui-même suspendu.

Annoncée par le fragment Solyane, aux accents par­ fois mallarméens, l'œuvre maîtresse sera elle aussi « autant peinte que chantée ».

Parue en 1904, aprè� avoir été réécrite en partie en vers libres, la Chanson d'Eve est un long poème, ou plutôt une série de poèmes, sur un seul sujet -tentative rare dans les lettres symbolistes.

L'ensemble est conçu comme un drame wagnérien, avec des proportions architecturales et des leitmotive.

L'idéal féminin de Van Lerberghe s'incarne cette fois dans une seule figure, où se rejoignent la femme-enfant, la fille-fleur et la fée; douée d'une âme très pure et très rêveuse, Ève aura la sensualité séraphigue et la grâce un peu languide des figures de Botticelli.

A travers elle, une nature elle aussi idéalisée se découvre, restituée à a pureté initiale.

La version authentique imaginée par Van Lerberghe ressemble au jardin édénique des peintres admirés; annonce ou écho de l'Après-midi d'un faune et de la Jeune Parque tout ensemble, c'est la nature que devait apercevoir en ouvrant les yeux la créature encore virginale, « au premier matin du monde ».

Conformé­ ment à la nouvelle poétique, cette médiatisation s'opère par une identification du sujet et de l'objet.

qui fait cor­ respondre les choses à des états d'âme.

L'univers ne peut être situé que dans un «brouillard lumineux », parce que non perçu encore par l'homme et formé par son verbe.,C'est alors que, chargée de donner un nom aux choses, Eve compose avec les mots qu'elle vient d'inventer le premier chant de l'humani.té (en un langage lui aussi rendu à sa plénitude, « sans une image, sans une ne ur >> ).

Seui 1 de la création et orée de la poésie, cette parole crée effectivement le monde innomé, cepen­ dant qu'en celle qui la prononce vient se mirer Je vérita­ ble auteur de la>.

Le récit de la Genèse ne sert que de prétexte à cette œuvre devenue hymne païel).

animée d'un panthéisme diffus :. »

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