Valéry : le sens vrai d un texte
Publié le 12/09/2015
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La nécessité poétique et inséparable de la forme sensible, et les pensées énoncées ou suggérées par un texte de poème ne sont pas du tout l’objet unique et capital du discours, — mais des moyens qui concourent également avec les sons, les cadences, le nombre et les ornements, à provoquer, à soutenir une certaine tension ou exaltation, à engendrer en nous un monde — ou un mode d’existence — tout harmonique.
En somme, plus un poème est conforme à la Poésie, moins il peut se penser en prose sans périr.
Résumer, mettre en prose un poème, c’est tout simplement méconnaître l’essence d’un art.
«
l'ambiguïté, l'élimine; il commande que l'on procède
par le plus court chemin, et il étouffe au plus tôt les
harmoniques de chaque événement qui s'y produit à
l'esprit.))
Les choses se compliquent quand l'écrivain fait appel
à la fonction poétique du langage.
Le propre du texte
poétique est justement
qu'il ne peut pas être d'une
façon exhaustive et définitive expliqué.
Ce texte est,
selon l'expression même de Valéry, riche d'harmoni
ques.
Il met en jeu les multiples possibilités
du langage,
dont l'action convergente va produire un effet sur le
lecteur.
Il permettra ainsi d'exprimer ce que ne peut pas
dire le langage dans son mode de fonctionnement cou
rant.
Vouloir réduire le poème
à ce langage courant, à
la prose du quotidien ou de l'essai théorique, ne peut
déboucher que dans une
impasse.« Si un oiseau savait
dire précisément ce qu'il chante, pourquoi
il chante, et
quoi en lui chante, il ne chanterait pas» dit Valéry.
En
d'autres termes, si ce que le poète exprime était suffi
samment clair et susceptible de
se réduire à un exposé
en Sorbonne, ce poète pourrait
se contenter d'un
exposé de ce type et n'éprouverait pas le besoin d'écrire
un poème.
Alain pense
à peu près de même quand il
écrit
(Propos, 3 juin 1921): «Si je pouvais faire com
prendre, en une page ou deux de prose,
ce que dit la
Neuvième Symphonie, il n y aurait plus de Neuvième
Symphonie.
»
Paul Valéry a été très marqué, et ille reconnaît volon
tiers,
par les symbolistes et tout spécialement par Mal
larmé.
A leur contact,
il a pris conscience de la
distinction
qu'il fallait faire entre l'emploi utilitaire du
langage et son emploi poétique.
Le premier ressemble
à la marche, au cours de laquelle l'individu utilise son
corps comme
un ustensile pour aller d'un point à un
autre.
Le second est semblable à la danse où le corps
n'est plus
le moyen d'atteindre un but, mais sert seule
ment
à manifester la beauté..
»
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