Va-t-on au théâtre pour « se faire des songes » ou pour « retrouver, sous sa forme prosaïque, la morne réalité » ?
Publié le 01/09/2012
Extrait du document
« Si à l'heure actuelle, le théâtre a de moins en moins de succès, si le public le boude, s'il se désintéresse du genre de « dramatisme « qu'on veut lui entonner, c'est que le grand public, le seul qui compte, est indifférent, dans son goût du spectacle, dans son rêve vespéral ou dominical, à toutes les questions dont on s'obstine à l'entretenir. Au théâtre, il vient se faire des songes, non retrouver, sous sa forme prosaïque, la morne réalité «. Marcel Pagnol, entretien avec J.J. Gautier, Le Figaro littéraire, 3 novembre 1973.
Quelles réflexions vous suggère cette opinion de Marcel Pagnol? Va-t-on au théâtre pour « se faire des songes « ou pour « retrouver, sous sa forme prosaïque, la morne réalité « ?
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«
A partir de ce jugement, nous nous demanderons si l'on va au
théâtre pour
« retrouver, sous sa forme prosaïque, la morne
réalité
» ou pour « se faire des songes », si tout théâtre n'est pas à
la fois songe et réalité.
Développement
1 - Une certaine forme de théâtre privilégie la réalité.
Parmi les formes de théâtre qui privilégient la réalité et restituent la
vie quotidienne, le « boulevard » obtient depuis un siècle les 1
faveurs du public.
Les thèmes en sont la fidélité conjugale, les
conflits de générations
à propos de l'éducation des enfants, les
rapports des patrons avec les domestiques.
Le texte est écrit dans
un langage qui
fait penser à la conversation : les enfants n' em- r •
ploient pas le même vocabulaire et les mêmes tournures que leurs
parents, la bonne manie souvent malle
français.
L'action est située
dans un salon, dont
le mobilier et la décoration ne surprennent pas
le spectateur, qui possède les mêmes objets chez lui ou les voit
exposés aux vitrines des magasins.
La mise en scène cherche à
provoquer le rire, un rire de bon ton qui ne dérange pas l'ordre du
monde : le spectateur choisit
le répertoire du boulevard pour se
reconnaître dans sa
vie quotidienne et rire de lui-même de manière
inoffensive.
Donc, Pagnol a tort d'écrire que
« le grand public »
(qu'il sacralise avec démagogie, puisque, selon lui, il est.
»
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- ----- Si à l'heure actuelle le théâtre à des moins en moins de succès, si le public le boude, c'est que le grand public, le seul qui compte, est indifférent dans son goût du spectacle […], à toutes les questions dont on s'obstine à entretenir. Au théâtre, il vient se faire des songes, non retrouver, sous sa forme prosaïque, la morne réalité. -----
- A propos de la notion de réalisme, un critique contemporain, Albert Béguin, nous livre cette réflexion : « Le liseur de romans applaudit : "C'est comme dans la vie. " Il prouve par là qu'il est étranger à toute forme d'art. Les personnages d'une œuvre ne ressemblent pas davantage à ceux de la réalité que les habitants des songes. La Clytemnestre d'Eschyle, don Quichotte, les frères Karamazov, Mme Bovary, le Grand Méaulnes sont "vrais" justement parce qu'ils ne sont pas comme nous autre
- A propos de la notion du réalisme, un critique contemporain, Albert Béguin, nous livre cette réflexion : «Le liseur de romans applaudit: «C'est comme dans la vie. » Il prouve par là qu'il est étranger à toute forme d'art. Les personnages d'une œuvre ne ressemblent pas davantage à ceux de la réalité que les habitants des songes. La Clytemnestre d'Eschyle, don Quichotte, les frères Karamazov, Mme Bovary, le Grand Meaulnes sont « vrais » justement parce qu'ils ne sont pas comme nous autre
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