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« Une Passion dans le Désert » de Balzac (commentaire)

Publié le 08/09/2012

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Qu’est-ce qu’une grotte humide aux lambris rouges, en plein milieu du désert ? Il s’agit d’une métaphore, et ce n’est pas maladroit de l’interpréter comme ça. C’est le nouvel espace de l’imaginaire de l’homme, une grotte vaginale, une représentation de la féminité. Mais est-il anodin que le soldat dorme dans cette grotte ? Non, et c’est parce qu’ici commence la tonalité du récit. Une métaphore filée commence avec la rentrée de la panthère, « une respiration sauvage « et inhumaine, un énorme animal qui respire énergiquement à ses côtés, une présence pénétrante. C’est une prémonition fine et discrète du jeu de séduction qui aura lieu plus tard dans le texte. A partir de ce moment tout va pointer vers l’érotisme qui enveloppe les deux personnages, accompagné de la présence de la mort. En effet, le provençal aurait pu tuer la panthère mais il se retient, elle est trop près, trop puissante, et surtout, elle est déjà rentrée. Il faut aussi comprendre que cette puissance de la panthère fait son attirance, mis à part la difficulté que le soldat éprouverait à la tuer, il est aussi attiré par cette puissance qu’il respecte. Il est déjà l’esclave de sa panthère. Pourquoi ne peut-il pas la tuer ? 

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« b) La grotte, entrée érotique Qu'est-ce qu'une grotte humide aux lambris rouges, en plein milieu du désert ? Il s'agit d'une métaphore, et ce n'est pas maladroit de l'interpréter comme ça.

C'est lenouvel espace de l'imaginaire de l'homme, une grotte vaginale, une représentation de la féminité.

Mais est-il anodin que le soldat dorme dans cette grotte ? Non, etc'est parce qu'ici commence la tonalité du récit.

Une métaphore filée commence avec la rentrée de la panthère, « une respiration sauvage » et inhumaine, un énormeanimal qui respire énergiquement à ses côtés, une présence pénétrante.

C'est une prémonition fine et discrète du jeu de séduction qui aura lieu plus tard dans le texte.A partir de ce moment tout va pointer vers l'érotisme qui enveloppe les deux personnages, accompagné de la présence de la mort.

En effet, le provençal aurait pu tuerla panthère mais il se retient, elle est trop près, trop puissante, et surtout, elle est déjà rentrée.

Il faut aussi comprendre que cette puissance de la panthère fait sonattirance, mis à part la difficulté que le soldat éprouverait à la tuer, il est aussi attiré par cette puissance qu'il respecte.

Il est déjà l'esclave de sa panthère.

Pourquoi nepeut-il pas la tuer ? c) Une puissance surnaturelle Il s'agit peut être de la problématique centrale de ce passage, la caractérisation de cette panthère.

On retrouvera des descriptions de son caractère plus loin, mais ceque l'on voit ici c'est son essence, ce qu'elle est à la base : « deux lueurs faibles et jaunes », une existence envahissante qui fait naître la peur.

Les descriptions de cettepanthère sont hyperboliques.

Elle est comparée à un lion, un crocodile, un tigre, qu'est-elle ? Un énorme animal, tous les malheurs ensemble, une respirationcapricieuse (peut être une caractéristique féminine), une odeur imposante, un terrible compagnon, le lion d'Egypte.

De plus, il n'y a rien autour, rien que le soldat et lapanthère, la balance de pouvoir penche d'un seul côté, l'homme n'y peut rien contre cette force qui cause la terreur tout en dormant.Du côté du soldat, les sensations sont époustouflantes : une peur qui augmente ; un supplice cruel est subi ; il ne peut pas se permettre le moindre mouvement ; laterreur qui arrive au comble ; les doutes et la confusion s'emparent de lui ; un cœur qui bat comme la marche d'une armée.La raison apparente pour laquelle il ne tue pas la panthère c'est parce que les circonstances sont inappropriées, elle est trop près pour utiliser le fusil et sa peau esttrop résistante pour essayer d'enfoncer le cimeterre.

Mais au-delà de ces circonstances il a une vision d'elle qui est trop puissante, peut être plus puissante que lapanthère n'est en réalité et il ne peut pas se permettre de tenter ce meurtre, ce serait se tuer soi-même si elle ne meurt pas.

Et ce serait une révolte contre un pouvoirécrasant qui ne s'attarderait pas à agir contre lui.

Mais il est tout de même capable d'attendre le jour, alors que la panthère pourrait le tuer en se réveillant.

Cela paraîtparadoxal, mais il s'agit, à nouveau, du caractère érotique du texte, il y a une séduction.

La puissance de la panthère est attirante et il attend le lever du soleil pourregarder son ennemi, celui sur lequel il voudrait avoir le dessus, l'ennemi ingouvernable et mystérieux.Ce qui est remarquable c'est le caractère surnaturel du rapport entre le soldat et la panthère.

Il est naturel qu'un homme désire le pouvoir sur une femme, mais peuprobable qu'il le désire de la même façon sur une panthère.

Or la panthère est un symbole de la femme coquette et fatale.

Il y a une présence surnaturelle dans lerapport homme animal, mais aussi dans le symbolisme de l'homme et la femme fatale.

La puissance surnaturelle vient d'Eros, de la possibilité du plaisir infini quienivre le soldat mêlé au danger de mort, l'expérience extrême.

Cette puissance est surnaturelle puisqu'elle est insaisissable, elle est impossible. III.

La respiration de la mort a) La présence du danger On a parlé de la présence d'Eros dans cette rencontre entre l'homme et la panthère, mais que dire de Thanatos, la pulsion de mort ? Le soldat se réveille avec un bruitextraordinaire, une respiration sauvage.

Il entend cette respiration mais il ne la voit pas, pourtant il sait que cela représente le danger : « (…) dont la sauvage énergie ne pouvait appartenir à une créature humaine.

Une profonde peur (…) lui glaça le cœur.

» Il s'agit de la respiration de la mort, la respiration de la mort parce que dans ces circonstances c'est cette respiration qui fonctionne comme message de danger,l'approche de Thanatos est communiqué par un groupe d'évènements, les actions de la panthère, mais le premier c'est ce bruit indétectable, insupportable, terrifiant.De plus, l'inhumanité de cette bête ne renvoi pas seulement à son animalité, mais aussi au symbole de la fatalité.

La panthère devient le vaisseau dans lequel la morts'incarne, elle s'approche de lui, se couche à son côté.

La peur écrasante envahie le soldat, cette peur est la conscience de la mort, et aussi la possibilité de la saisir, dela maîtriser avant qu'elle ne le maîtrise.

Ici la mécanique de cette communication n'a pas de langage, elle n'a pas de parole, c'est une communication purementsymbolique.

Mais que devient la panthère face à cette communication ? b) Le premier pas vers l'âme Si la panthère est un outil, un vaisseau vide où s'incarne la mort, pourquoi a-t-elle un effet puissant sur le soldat jusqu'à la fin ? Il faut remarquer que dans ce passageelle est avant tout une présence, mais la question se pose pour la première fois : a-t-elle une âme ? On pourrait être menés à penser le contraire, puisqu'elle arrive endiffusant la peur symbolique de la fatalité, mais au même temps il y a un élément essentiel à ne pas négliger.

C'est le regard de la panthère.

D'abord « une lueur faibleet jaune », qui devient une respiration de plus en plus forte, qui devient une odeur enivrante.

Ce regard peut tout dire, puisque, faible qu'il est, il démontre néanmoinsune présence d'altérité.

C'est un autre qui est face au soldat, semblable ? Peut être oui, peut être non, mais c'est le doute qui s'emparera de lui.

Pourquoi il ne tue pas lapanthère ? C'est aussi qu'il reconnaît l'altérité, la vie, peut être l'âme de la panthère.

Au même temps qu'il y a reconnaissance de l'autre, il y a reconnaissance de « soi »face à cet autre.

Dans le regard de la panthère il se voit lui-même, dans le regard se trouve le reflet de celui qui regard au même temps, c'est la base de lareconnaissance.

Une fois que cette reconnaissance se manifeste, « l'autre » peut-il être tué à sang froid ? c) Donner la vie, donner la mort (réflexion sur l'altérité) Quelles sont la vie et l'identité de la panthère ? Où est-ce qu'elles se manifestent ? Sur ce passage et cette nouvelle la panthère n'a pas de parole, elle ne jouit pas dulangage.

Elle communique une seule chose, la peur.

Mais est-il possible d'avoir une identité sans avoir une parole ? Si le langage fait l'identité et que la panthère n'ena pas, peut-on dire qu'elle est identité ? A-t-elle une âme ?Dans un récit les personnages sont normalement analysés à travers ce que le narrateur en dit et ce qu'ils peuvent dire dans un dialogue.

Si les personnages ne disentrien, que sont-ils ? J'ose répondre à cette question en disant que la panthère n'a pas seulement une identité, mais elle est identité pure, d'ailleurs, elle est identitéhumaine.

Au même temps qu'elle est l'incarnation de la mort dans ce passage elle est pureté humaine, elle est « l'autre absolu », le seul « autre » que le provençalconfronte.

Dans le passage en question l'humanité se perd, non pas dans la panthère, mais dans l'homme lui-même.

Il songe à la tuer, il essaye de trouver la façon d'yparvenir, mais il arrête encore.

Cependant, le doute, savoir s'il va la tuer ou pas, si elle va le tuer ou pas trouve son germe ici, dans les pensées du soldat, pas dans lapanthère qui n'y songe pas.

La véritable bête humaine est celui qui finira par tuer son amant fidèle, parce qu'il interdit son accès à l'humanité.

Il attarde la fin, il attendle jour, mais le mal est en lui, le doute, le « malentendu ».

Fusil ou cimeterre ? Conclusion Bien plus qu'une simple rencontre de l'homme et la panthère, il s'agit d'une encontre de l'altérité.

Les implications de ce passage sont importantes parce que dans unpremier temps on peut penser que la panthère est un monstre, mais la véritable problématique se trouve dans la question : est-elle véritablement ce monstre ? La suitedu texte pourra donner quelques réponses, mais la problématique s'étend.

Peut-on parler d'altérité ? La reconnaissance de l'autre existe-elle ? Ou est-ce que les autressont des animaux sauvages dont il faut se défendre ? Bien que le fusil et le cimeterre ne soient pas toujours présents dans l'homme moderne, est-ce que le doute reste? Va-t-elle me tuer ? Faut-il attendre le jour ?. »

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