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Une étrange partie de pêche: Guy de MAUPASSANT, Une vie

Publié le 05/06/2011

Extrait du document

maupassant

Après le dîner, comme Jeanne et Julien se disposaient à partir, M. de Fourville les retint encore pour leur montrer une pêche au flambeau. Il les posta, ainsi que la comtesse, sur le perron qui descendait à l'étang; et il monta dans sa barque avec un valet portant un épervier (1) et une torche allumée. La nuit était claire et piquante sous un ciel semé d'or. La torche faisait ramper sur l'eau des traînées de feu étranges et mouvantes, jetait des lueurs dansantes sur les roseaux, illuminait le rideau de sapins. Et soudain, la barque ayant tourné, une ombre colossale, fantastique, une ombre d'homme se dressa sur cette lisière éclairée du bois. La tête dépassait les arbres, se perdait dans le ciel, et les pieds plongeaient dans l'étang. Puis l'être démesuré éleva les bras comme pour prendre les étoiles. Ils se dressèrent brusquement, ces bras immenses, puis retombèrent; et on entendit aussitôt un petit bruit d'eau fouettée. La barque alors ayant encore viré doucement, le prodigieux fantôme sembla courir le long du bois, qu'éclairait, en tournant, la lumière; puis il s'enfonça dans l'invisible horizon, puis soudain il reparut, moins grand mais plus net, avec ses mouvements singuliers, sur la façade du château. Et la grosse voix du comte cria : « Gilberte, j'en ai huit! « Les avirons battirent l'onde. L'ombre énorme restait maintenant debout immobile sur la muraille, mais diminuant peu à peu de taille et d'ampleur; sa tête paraissait descendre, son corps maigrir; et quand M. de Fourville remonta les marches du perron, toujours suivi de son valet portant le feu, elle était réduite aux proportions de sa personne, et répétait tous ses gestes. Il avait dans un filet huit gros poissons qui frétillaient.

Guy de MAUPASSANT, Une vie

(1) épervier : filet de pêche.

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« C — COMPRÉHENSION (7 points)1.

Montrez en quoi l'évocation des formes et des mouvements, dans le troisième paragraphe, contribue à donner à lascène un caractère fantastique.2.

Dans les lignes 19 à 23, quels mots et expressions montrent le retour à la réalité ?Quelle est leur signification commune? RÉAGIR— Faites un relevé précis des termes employés qui vont vous servir à expliquer le caractère de la scène.

Mais nevous contentez pas de les recopier, vous devez les utiliser pour montrer votre compréhension globale du texte.— Montrez pour chaque terme que vous aurez repéré en quoi il fait sortir le texte du cadre fantastique antérieur. RÉPONDRE1.

Les formes révélées par l'éclairage de la torche sont imprécises, donnent la vision de mouvements furtifs (ramper,des traînées de feu étranges et mouvantes).

Les contours des choses et des êtres sont flous (rideau de sapin,ombre colossale, ombre d'homme).

La brusquerie du mouvement de la barque dévoile l'apparition fantastique(soudain, la barque ayant tourné, se dressa).

L'énormité de l'ombre est l'élément qui souligne le plus le caractèrefantastique de la scène (la tête dépassait les arbres, les pieds plongeaient dans l'étang, éleva les bras comme pourprendre les étoiles).2.

L'ombre retrouve une taille plus banale (diminuant de taille et d'ampleur).

On a l'impression d'assister à sondégonflement (sa tête paraissait descendre, son corps maigrir).

Les gens sont nommés (M.

de Fourville, son valet).Les actes redeviennent ceux du quotidien (remonta les marches, suivi, portant le feu).

Le retour définitif à lanormale est marqué par « elle était réduite aux proportions de sa personne ». C — RÉDACTION (15 points)I.

Il vous est arrivé de donner une explication surnaturelle à une scène ou à un phénomène qui s'est, après coup,révélé(e) parfaitement banal(e).Racontez et décrivez cette scène, en faisant part des impressions que vous avez alors ressenties.2.

Aimez-vous, ou non, les récits fantastiques (livres, films) ? Pourquoi ? Vous justifierez votre choix en exposantvos raisons d'une manière rigoureuse, et en vous aidant de quelques exemples précis. RÉAGIR- Personne ne vérifiera que vous avez réellement vécu une scène que vous devez narrer.

N'ayez pas peur de laisseraller votre imagination, mais restez dans des limites acceptables !— Vous devez donner un avis sur un type de récit.

Essayez de comprendre les deux points de vue : celui desadmirateurs du genre et celui de ses détracteurs.

Ensuite expliquez votre point de vue. RÉDIGERPremier sujetNous avions décidé, un ami et moi, de camper quelques jours dans un terrain proche de la mer.

L'installation s'étaiteffectuée sans problème, le temps était beau, les voisins charmants, en un mot les vacances s'annonçaient belles.Le seul inconvénient que je notai était la proximité d'un petit bois.

Le soir il me paraissait agité de mouvementscurieux.

Mon ami se moquait de moi, disant que j'étais bien un garçon de la ville qui s'affolait parce qu'il necomprenait rien à la nature et à sa vie nocturne.

Je me tus donc sur ce sujet, mais le soir je trouvais difficilement lesommeil.

Sous la mince toile de tente, dont je me disais qu'elle était une protection bien illusoire, je tendais l'oreille,épiant tous les petits bruits que la nuit révèle.

Je ne pouvais m'empêcher de temps à autre d'allumer la lampe torcheque je gardais près de mon sac de couchage.

J'espérais décourager ainsi d'éventuels bêtes ou rôdeurs.

Je dormaismal inutile de le dire.

Un soir pourtant je m'endormis rapidement et je profitais d'un sommeil réparateur quand je fusbrusquement éveillé par un frôlement le long de notre tente.

Je me hâtai pour trouver la lampe, mais dans maprécipitation je fus incapable de la trouver.

Toutefois la pleine lune éclairait assez pour que je puisse apercevoir uneombre.

Mon coeur me sembla subir une accélération inconnue jusqu'alors.

Dehors se tenait un être gigantesque quitentait d'arracher nos piquets.

Il tenait au bout de l'un de ses bras un instrument dont je ne comprenais pas l'utilitéet qu'il agitait, menaçant.

Le son de son souffle me parvenait.

Pour moi tout était clair : nous étions attaqués parun monstre ! L'agitation du monstre n'avait pas de sens pour moi, mais j'entendais des raclements, un remue-ménage qui indiquaient que l'attaquant s'activait pour faire choir notre « protection ».

Après un temps de paralysie,qui me parut horriblement long, je commençai à me ressaisir.

La sueur coulait entre mes omoplates, mes mainstremblaient.

Que pouvais-je faire? Je décidai de réveiller mon ami qui émit un grognement digne du monstre quicherchait toujours à nous assaillir.

Quand j'eus exposé la situation à mon ami il me regarda d'un air ébahi et meconseilla de le suivre.

Cet insensé sortit ! Je ne pus retenir un cri qui s'arrêta net quand un rire éclata.

Je sortisprudemment la tête et vis « le monstre » qui s'éloignait.

C'était un chien qui, bien loin de nous attaquer, s'enfuyait.Il avait cherché vainement de la nourriture dans les ustensiles de cuisine que nous avions laissés négligemment àl'extérieur.

L'origine des bruits s'expliquait.

Mon ami eut du mal à calmer son rire, mais finalement nous nousrendormîmes.

Je lui fis promettre de ne pas parler de cet incident stupide dont je n'étais vraiment pas fier !. »

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