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Un personnage médiocre peut-il être un héros de roman?

Publié le 01/09/2012

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« Un(e) tel(le) est médiocre « : porter ce jugement sur une personne c'est la déclarer dépourvue d'intérêt. D'ailleurs, le mot « médiocre « est devenu plus péjoratif que son étymologie ne l'indique : par celle-ci, il signifiait « moyen «; il a pris le sens de « plus que moyen «. « Un(e) tel(le) est romanesque « : porter ce jugement sur une personne peut relever de la critique ; c'est vouloir dire que cette personne n'a pas le sens de la réalité, qu'elle vit comme dans un roman, mais c'est la déclarer intéressante, sortant de la moyenne. « Médiocre « et « romanesque « étant deux mots relativement contradictoires, on se demandera si un personnage médiocre peut être héros de roman. Si le roman nous présente généralement des personnages exceptionnels, certains romans ne nous présentent-ils pas des personnages médiocres? Mais a-t-on raison de parler de médiocrité dans le roman ?

« plupart du temps un être exceptionnel grâce aux aventures qu'il affronte.

Pendant longtemps, une vision aristocratique de la société, selon laquelle la valeur découlait de la naissance, a fait puiser les héros de roman dans les échelons les plus élevés de la société : les romans du Moyen-Age sont consacrés à des rois, des reines, à des chevaliers et à leurs dames; La Princesse de Clèves se passe à la cour royale, Les Liaisons dangereuses décrivent les mœurs amoureuses et cyniques d'une partie de l'aristocratie.

Même quand les romanciers se sont intéressés à la bourgeoisie, leurs personnages sont restés exceptionnels par leur attitude morale, leur grandeur dans le bien ou le mal, l'héroïsme ou le crime.

Le Père Goriot est un Christ de la paternité, Vautrin un criminel diabolique.

Enfin, le héros romanesque sort des normes par son caractère : une folie héréditaire et momentanée fait de Jacques Lantier un criminel, Thérèse Desqueyroux est poussée au crime par son dégoût de la médiocrité.

Pourquoi l'amateur de romans recherche-t-il des personnages hors du commun plongés dans des aventures marginales ? Par besoin d'évasion.

Vivant une existence monotone, rythmée par l'alter­ nance régulière du travail et des loisirs, soumis aux impératifs de la vie en société qui briment sa personnalité, ne disposant pas du temps nécessaire pour s'analyser et déployer ses passions, il oublie, l'espace d'une lecture, ce qui le mutile, l'oblige à la médiocrité; il s'abstrait de la réalité et vit par procuration, par compensation.

Il s'imagine plongé dans l'aventure : révolution chinoise de La Condition humaine, vols périlleux de Pilote de guerre.

Il acquiert une dimension éthique originale en se projetant dans la sainteté du prêtre de Journal d'un curé de campagne ou dans la volonté criminelle de Raskolnikov.

Il acquiert un caractère marquant en partageant l'ambition de Julien Sorel ou la manie introspective du narrateur d'A la recherche du temps perdu.

II -Le roman présente parfois des personnages médiocres.

Si de nombreux romans proposent l'évasion hors de la médiocrité, il en est d'autres qui nous y plongent.

Certains décrivent une vie quotidienne, où les événements sont mineurs ou inexistants.

Les premières pages du Planétarium de Nathalie Sarraute restituent le monologue intérieur d'une femme bouleversée parce que des artisans ont installé une plaque de propreté fonctionnelle et de l_ i L_i. »

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