Un instituteur peut-il tout à la fois se faire aimer et se faire obéir dans son école ? Comment comptez-vous faire, lorsque vous aurez une classe à diriger, pour inspirer de l'affection à vos élèves, sans compromettre votre autorité ?
Publié le 27/02/2012
Extrait du document
Oui, un instituteur peut tout à la fois être aimé et obéi dans son école : il lui est même plus facile d'obtenir ces deux résultats simultanément que séparément. Les enfants, en effet, n'aiment pas longtemps un maître qui ne se fait pas obéir, parce qu'ils ne tardent pas à comprendre, que son indulgence vient beaucoup moins de L'affection qu'il leur porte, que de sa faiblesse...
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DE COMPOSITIONS FRANÇAISES 77
estime et leur amitié.
D'un autre côté, le maître qui veut
se faire obéir sans se faire aimer, n'obtient qu'une sou
mission apparente.
Les enfants cèdent à la force, à la
crainte, mais ni leur esprit ni leur cœur ne se soumet
tent: à la première occasion, ils se révolteront ouverte
ment contre une autorité qui n'a pas su gagner leur
sympathie.
Si j'avais une classe à diriger, il me semble que je
saurais inspirer de l'affection à mes élèves sans compro
mettre mon autorité.
J'aime les enfants, et je crois que
rien n'est plus propre à m'en faire aimer.
Je me rappelle que l'excellent maître qui dirigeait
la classe où j'ai passé mon enfance avait toute notre
tendresse.
Ce digne instituteur nous disait rarement
combien était grand son amour pour nous.
Mais quand
nous nous conduisions bien, ou quand nous faisions un
devoir meilleur qu'à l'ordinaire, il paraissait si heureux
de notre succès ou de notre bonne conduite! Quand,
au contraire, il lui fallait nous punir, nous sentions si
bien que ce n'était ni par vengeance ni par colère qu'il
agissait, mais pour nous corriger de quelque vilain
défaut, qu'après un moment de dépit, nous l'aimions
encore davantage.
Nous le voyions
se dévouer pour nous, et ne se préoc
cuper que de sa classe et des moyens de rendre ses
leçons plus attrayantes et plus profitables : aussi nous
plaisions-nous
à l'école, et avait-il rarement besoin de
recourir à
la sévérité, mais une punition une fois infli
gée devait être exécutée ponctuellement.
Une chose qui m'a surtout frappé, c'est le soin qu'il
prenait de
ne jamais nous décourager, quand il se
voyait dans la nécessité de nous faire toucher du doigt
quelqu'un de nos défauts; il nous indiquait le moyen.
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